Le Roi de Bohême

31 => Cogitations hospitalières...

Le 21/09/2025 0

Un temps pour décider de la route à arpenter avant la venue de l'hiver.... et vu la destination choisie, le Monsieur fait bien de prier pour moi ;-)

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Quelques réflexions qui m'ont permis d'orienter mon choix.

Inadapté à l'ordinaire !

Je suis peut-être un inadapté au monde (voire aux hommes) qui m’entoure, mais comme je suis un contemplatif, que je peux rester des heures à regarder sans rien faire, je me dis que le commun des mortels ne dispose ni de cette capacité à cause des smartphones, ni ce ce loisir d’observation sans aucune contrainte de temps.

Depuis l’auvent de ma caravane, parois abaissées, je vois non seulement toute la vallée, mais aussi les montagnes en face, pareil que sur mon poste d’observation au Brésil, mais en format réduit par rapport à ici.

Et je vois ce monde comme une espèce de grande mécanique, prospère en Suisse, moins ailleurs. C’est comme la loi des royaumes de la savane, mais en plus élaboré et un peu moins raide. Il y a une mécanique à produire de la richesse, indéfiniment, jour après jour, pareil que dans la savane, il faut tuer des proies jour après jour, parce que si on n’en trouve pas, eh bien on meurt de faim. En Suisse, la mécanique est d’un degré de perfection que je pense aucun autre pays ne peux avoir, et on a les richesses qui vont avec. Mais les richesses le font payer cher, car chaque matin, dès 04h30, eh bien on commence à voir des phares de voitures qui descendent vers la ville accomplir leur ouvrage utile à la mécanique d’ensemble. Cette dernière est une fantastique machine à produire de la richesse quasiment à partir de rien (on ne peut pas dire que la Suisse soit riche en minerais ou en quoique ce soit d’autres que des cailloux).

Il me semble que j’ai un peu mieux compris la valeur des choses au Brésil qui lui, pourrait se reposer sur ses richesses propres pour prospérer. Mais ici le monde est condamné à créer sans cesse de nouvelles richesses s’il ne veut pas s’écrouler complètement. Et tous ces phares qui descendent vers la vallée sont chacun un rouage qui va faire fonctionner le pays le mieux organisé du monde, et qui créer de l’excellence dans tous les domaines. On n’a pas d’or dans nos terres mais on a 6 des 7 plus grandes raffineries d’or du monde en Suisse. Pourquoi ? Eh bien parce qu’on est les seuls au monde à savoir raffiner l’or jusqu’à un degré de pureté de 999,9/1000 au lieu des 999/1000 chez les autres. Donc tout le monde fait raffiner son or chez nous, et on se sert au passage. Pareil pour les pièces les plus difficiles qu'ils mettent dans les satellites en orbite (donc difficile d'aller réparer), eh bien la plupart sont fabriquées en Suisse. Mais le type dans la voiture à 04h30 du matin qui descend en ville pour livrer du courrier, commencer sa garde aux urgences, ou prendre le relais de l’équipe de nuit chez ETA, qu’est-ce qu’il en retire, de tous ses efforts ?

Bon, déjà il en retire la voiture dans laquelle il est entrain de rouler pour aller bosser. En Suisse ça a l’air normal d’avoir une voiture, mais au fond du Brésil, avoir une voiture signifie que tu vas probablement te faire inviter chez les maçons. Ils appellent ça comme ça, les maçons, mais en réalité c’est une loge maçonnique qui regroupe à peu près tous les notables du coin pour s’arranger entre eux dans les affaires, et ça ne les empêche pas d’aller à la messe. Donc à NS do Ouro, une voiture vaut des contacts et des facilités, tandis qu’ici, il suffit de faire son œuvre, son labeur, et on l’a quasi automatiquement, la voiture. Ça en dit déjà long sur notre capacité à créer de la richesse…

Le système est si bien organisé que là où au Brésil il faut se fier à ses proches, ici on a inventé le système social. Ça veut dire que le système est tout à fait conscient qu’il y aurait des gens trop vieux pour participer à la création de nouvelles richesses, ou trop accidentés, malades ou handicapés, alors on a inventé non seulement le mécanisme qui permettra de subvenir aux besoin de ces personnes (c’est là que le système brésilien s’arrête), mais en plus, le système va introduire dans les tuyaux de cette organisation déjà complexe, des personnes parfaitement saines et capables pour s’occuper justement des trop vieux, accidentés, malades ou handicapés, et au lieu de créer de la richesse ils vont être payés pour ça ! C’est donc une machinerie qui demande soumission au plus grand nombre (tant qu’ils créent de la richesses ils auront des lots de consolation (resto, cinéma, vacances, et autres distractions)), et qui va jusqu’à utiliser des forces vives non pas pour créer encore plus de richesse, mais pour s’occuper de ceux qui ne peuvent plus être intégrés. Et ce genre de truc, dans la savane, ça n’existe pas !

Si j’avais vécu avant le système social, je pense que j’aurai vécu un peu comme Van Gogh, itinérant, échangeant ses toiles contre le gîte et le couvert, j’aurai pu faire écrivain public dans mes bons jours, et un sacré isolement dans les mauvais.

Depuis mon poste d’observation à la caravane, je vois les avions se poser, des gros jets jusqu’à 150 personnes, toute la journée, sur notre petit aéroport régionnal. Je les vois depuis le dessus parce que je stationne en altitude, et les hélicos, du mouvement, de l’activité, c’est très impressionnant par rapport à ma terrasse au Brésil où il ne se passe strictement rien à part le monde animal. Le soir, lorsque l’ombre gagne, les oiseaux s’en vont par groupes de plus d’une cinquantaine d’individus. La journée c’est encore plus calme, mais avec 3 pieds de papaye dans mon jardin, je vais avoir droit à la visite de colibris.

En terme d’organisation, c’est la nuit et le jour entre ici et le Brésil, et je pense qu’en Afrique ont s’approchera encore plus de la loi de la savane…

Il me semble, ou je ne sais pas si j’ai compris, mais tout ça, même si c’est formidable, oblige quand-même chacun à jouer plusieurs rôles, et parfois, même à la maison, un instituteur continuera à être didactique, ou d’autres choses comme ça, on est formaté ici comme ci, avec nos amis comme ça, et on fini par oublier qui on est vraiment. Je comprends tout cela, mais c’est comme si je n’arrive plus à faire semblant. Par chance, j’ai un caractère positif, donc même au milieu de mon carrefour j’arrivais encore à donner le change. Même pas en me forçant, mais je pense que c’est en ayant traversé tellement d’états qu’on pourrait qualifier de désespérés, et à chaque fois, je me rends bien compte que Dieu était avec moi et qu'il m’a sauvé la mise. Alors lorsque j’arrive à l’hôpital au milieu de mon carrefour sans plus rien savoir de l’avenir, il y a quand-même quelque chose tout au fond de moi qui me dit que quoiqu’il se passe et quelque soit la décision, ça va y’aller… Et ainsi, même désorienté, il reste une espèce de boussole intérieure qui me dit que ça va aller, et si ça ne semble pas aller tant fort, je pense à Saint Joseph à Bethléem par exemple, à 120 kilomètres de chez lui avec sa femme qui va accoucher et qui ne sais rien, ne connaît pas le Plan, mais accepte qu’il se déroule tel que Dieu le veut. Et ensuite pareil durant toute sa vie, Hérode fait chier, un rêve lui indique de prendre femme et enfant et d’aller en Égypte où il ne connaît personne, 4 ans !, et ainsi de suite, c’est la providence divine qui s’exprime. A mon arrivée, je me sentais totalement perdu, sans avoir pu faire les démarches nécessaires pour déménager en Amérique du Sud, et pourtant, certains patients croient que je suis une sorte de docteur ou d’espion… A un jeune Kurde qui ne doit pas avoir la conscience tranquille, je lui ai dit que j'étais un inspecteur des hôpitaux romands en me faisant passer pour un patient, et que je dois noter le personnel et les patients. Pour lui, comme il est musulman je lui ai direct mis la gomette rouge à côté de son nom parce qu'il faut partir du principe que tous les musulmans sont des terroristes, et ensuite, dépend son comportement, s'il se montre modéré, voire critique avec l'Islam, eh bien il pourra accéder à la gomette orange, tandis que je ne lui mettrai la verte qui signifie qu'il pourra sortir de cet hôpital seulement quand il aura mangé du porc ! Et il se fait du soucis parce qu'il croit tout, et donc je dois rectifier, et ça m'emmerde parce que tout le monde rigole des petites conneries que je raconte, sauf moi qui commence à trouver tout ça insupportable. Mais les gens racontent aussi des conneries, alors pour supporter, je suis obligé de montrer que j'arrive à en dire de plus grosses. Ici je ne me force à rien, je reste nature, donc même dans le brouillard et le submergement, j’essaie de rester positif, et de voir ce carrefour pour ce qu’il est - 4 routes :

1) Rester ici dans un appartement de mon père, remettre sur pied des traitements psychiatriques qui n’ont pas fonctionné par le passé (c’est ce qu’il font ici à l’hôpital)

2) Aller me planquer au Brésil soit pour écrire, soit pour chercher de l’or, soit pour élaborer un projet plus social.

3) Me laisser choir, comme Julien, rester planté dans ma chambre et dire : J’en ai trop marre, occupez-vous de moi, assistante sociale, curateur, je rends les armes, faites au mieux !

4) Profiter de la caravane pour aller en Afrique, mais c’est un voyage quasi impossible, trop de solitude trop de gens à gérer, et donc un voyage à envisager avec une compagne.

Au milieu de ce carrefour, je voyais bien la décision raisonnable (rester un hiver en Suisse en appartement), la décision audacieuse (je repars au Brésil vaille que vaille et je trouverai bien un truc à faire), la décision psychiatrique (j’ai tout perdu, ma famille, ma maison, les poursuites, au secours, occupez-vous de moi !), et la décision aventureuse (je pars réaliser mon rêve de gosse), … et si je me fais bouffer je me fais bouffer, mais si je reviens et que je termine comme Julien, plate sur le lit nuit et jour à ressasser le passé, eh bien je ressasserai de beaux souvenirs et pas des regrets.

Mais pour arriver à sortir de ce carrefour, il fallait vraiment que je retombe cette année dans la même chambre que Julien dans cet hôpital, parce que de le voir comme ça, plate, lui qui a la même maladie que moi et seulement 8 ans de plus (et qui me semblait en bien meilleure forme que moi lorsqu'il avait mon âge), eh bien j’ai procédé par ordre d’élimination :

1) Rester dans un «trou» comme a appelé mon père cet appartement (avec deux fenêtres qui donnent au nord), mais chauffé et avec une chambre, et me fier à la médecine dans une vie de très basse intensité, … et attendre que quelque chose se produise, ... et je sais déjà que rien ne va se produire avant la saint Glin-glin.

2) Allez au Brésil, oui, mon promontoire est le contraire d’un trou, mais la vie y est aussi de très basse intensité, et si je veux en augmenter l’intensité, il faut réaliser un projet, et pour réaliser le projet il faut vendre voiture et caravane, ce qui veut dire que l’Afrique passe définitivement à la trappe.

3) Me laisser choir comme Julien, à qui ils ont installé hier un matelas anti-escares, parce qu’à force de rester immobile ça commençait à venir, donc à partir de cette nuit, on entend le matelas qui bouge à la place de Julien… ça c’est une tentation lorsque le moral est très très bas : - "Toute cette vie, ces factures, ces choses, j’en peux plus, allez tous vous faire foutre ou alors occupez-vous de moi et donnez-moi des pampers, comme Julien !"

4) Aller en Afrique. Oui, mais après mon expérience brésilienne et même marocaine où j’ai vu que l’intégration sociale est un réel problème pour moi, je ne peux pas forcer ma propre nature à jouer un rôle que je ne suis pas. Donc exit tous ces campements, toutes ces discussions, tout ce grand projet avec statues et tremblement, et qu’est-ce qu’il reste ? Concrètement ? La réponse est assez simple : 9’000 kilomètres de routes goudronnées à parcourir.

J’ai tout l’équipement, il me manque deux vaccins, et je suis prêt à les attaquer en bien meilleure forme que l’année passée où j’étais tout de même encore bien désespéré en partant au Brésil.

Il y a des types qui font 9000 kilomètres à pied, à vélo, en peaux de phoques à travers l’arctique, ils sont fous. Je vais les faire en voiture climatisée en tirant lit, salon, salle de bain et cuisine derrière moi pour me reposer tranquillement au lieu de devoir monter une tente quand on est déjà crevé.

Avec mon machin satellite qui me donne le plan sur une tablette sur le siège passager, je sais exactement où je suis n’importe quand, joignable par n’importe qui, avec bouton de secours, transfert de données illimitées et 150 minutes de voix par mois (je ne téléphone même pas autant avec mon forfait actuel en Suisse). Par contre, l’abonnement n’est pas donné : 200 francs par mois. Et pour les téléchargements, 3kb/sec., ça veut dire ok pour du texte et des messages, mais pour une photo de 300 kilobits, il faudra compter un peu plus d’une minute et demi pour que ça envoie. Le principal est que je sache où je suis et que je reste joignable, même au milieu de la jungle.

Et l’objectif ? Il en faut quand-même un : Eh bien je vais aller sympathiser avec les lions par là-bas, et en fin de compte, je vais pouvoir laisser ma voiture et caravane en lieu sûr si je reviens ou que je pars au Brésil, ainsi rien n’est définitif. Si j’ai tout le matériel le 6 novembre, … peut-être que je partirai déjà à ce moment. Ben oui, si j’ai tout le matériel qui est prêt, pour quelle raison attendre un mois de plus ? Dans un cas pareil, eh bien on se retrouverait déjà début janvier à Kigali.

Je parle souvent de Kigali parce qu’il y a une sorte de frontière naturelle, c’est le bassin du Congo et la jungle primaire. Dans le cas d’un départ au 6 novembre, c’est là-dedans que je passerai décembre. Ce sera très intéressant, peut-être difficile à cause des nuisibles (insectes), et certainement difficile à cause de la route (c’est pour ça que je compte 3 semaines pour faire ces 2600 kilomètres), mais si je parle du Rwanda ou de Kigali, ça veut dire que si j’arrive là-bas c’est gagné, j’y suis, et la route sera bonne jusqu’au sud de l’Afrique.

Alors pas ordre d’élimination j’ai éliminé avant même de voir l’appartement le fait de rester en Suisse, ça deviendrait une vie de si basse intensité que Dieu seul sait quelles conneries je vais pouvoir inventer pour meubler, et du coup re-devenir un patient psychiatrique intéressant.

Ensuite j’ai éliminé la solution de me laisser tomber comme Julien parce que je l’avais promis à Vera, et puis, plus je le regarde plus ça me motive à ne pas me laisser tomber.

La solution du Brésil était la plus évidente, j’ai droit à un permis de résidence, je fais acheminer 2 palettes de matériel personnel et c’est bon, je suis réellement chez moi, mais… il me faut un projet. Et j’ai vu au moment de devoir faire ces démarches que ce soit au niveau du transporteur ou de l’ambassade que quelque chose me tordait les boyaux et je ne pouvais pas le faire. Devenir résident brésilien et touriste dans le reste du monde ? Oui, peut-être, mais plus tard...

Et donc logiquement il reste l’Afrique et une grande aventure. Mais pour la réaliser, il me fallait cet entraînement à la solitude, 2 ans en caravane ou perché sur un promontoire au milieu des sierras. Jusqu’à il y a peu de temps en arrière, je pense juin, j’imaginais que je ne pourrais jamais me lancer dans pareille aventure sans compagne, pour partager ces moments qui s’annoncent exceptionnels si je suis le programme. Mais depuis qu’on est rentré d’Italie, je pense l’inverse, ce sera plus facile seul. Plus facile parce que je n'aurai pas à me préoccuper de quelqu'un d'autre, de ses problèmes, de ses bobos, de ses théories, et si je tombe amoureux, elle va me mener exactement où elle veut me mener. Ceci dit, il y a ici une Natalia intéressante, c'est une pololaise qui bosse et qui n'a pas de maladie psychique, elle est ici suite à un traumatisme, et elle rêve d'aventures et de voyages. A mon avis, je n'ai qu'une invitation à lancer et elle sera partante. Ce qui me rassure avec elle, c'est qu'elle ne me mènera jamais où je ne veux pas parce qu'elle n'est pas à mon goût esthétiquement. Un jeune du pavillon m'a dit qu'elle était jolie, mais je lui ai répondu que non, parce que je suis très difficile au niveau de l'esthétique. Donc une femme de 44 ans qui aime l'aventure, qui n'empiète pas sur ma couche, qui donne des coups de mains, et qui est une personne avec une discussion agréable, pourquoi pas ?

Il y a du pour et du contre, le pour c'est le fait d'avoir un visage familier à proximité, qui voit et qui vit la même chose que moi, et ça c'est appréciable lorsqu'on voyage. Le contre c'est que même si elle n'empiète pas sur ma couche, elle empiètera automatiquement sur mon espace vital, et puis même si elle me semble assez nature, une femme c'est et ça restera toujours relativement compliqué. Donc pour l'instant je n'invite pas et ne dis rien.

Et donc on va oublier aussi la jolie copine à Natalie parce que celle-là semble encore bien plus dangereuse que Natalia, même en photo.

Il me semble que pour accepter une vie de basse intensité, il me faudrait des enfants, des petits qui s’éveillent à la vie, j’ai été un papa poule. Mais pour cela il me manque l’essentiel : une femme. Une femme, des enfants, mon promontoire au Brésil, oui, je peux encore l’envisager, même si je pense qu'après la vie que j'ai eu, ça ne me suffirait plus du tout, il faudrait encore un projet à côté.

Sans cela, pour mener une vie de basse intensité sans but ni objectif à part celui de tenter une illusoire nouvelle thérapie médicamenteuse, ...pour dire où on en est exactement actuellement à l’instant T : ils me remettent les médics que j’ai dû arrêter à Pacque 2024, ça n’a pas été du tout, c’est d’ailleurs pour ça que j’avais envoyé chier mon médecin. Je sais qu'un jour je vais devoir, par la force des choses, basculer vers une vie de basse intensité, et je sais qu'elle est possible mais pour cela il faudra changer de level spirituel, se laisser absorber en Dieu au point où l'intnsité de la vie extérieure n'aura plus aucune importance. On n'en est pas là.

Donc rester, tourner en rond pour accepter une vie de très basse intensité ne mènera qu’à un seul point, celui de Julien, à qui on vient de saisir son chalet parce qu’il n’a plus ouvert son courrier depuis une année, et qui loge pour ainsi dire dans sa chambre (et encore, sur 2 mètres carrés, j’occupe tout l’espace pendant que j’écris ceci par exemple).

Une vie de si basse intensité, que ce soit en Suisse ou au Brésil, ne pourra qu’être propice à m’inventer des délires grandioses et mégalos. Et si une famille peut être un remède contre ça, sans elle, maintenant que je suis libre de toutes attaches et que j’ai tout le matériel pour réaliser ce rêve de gosse, eh bien je me dis : «Vas-y, fais-le, si tu réussis ce sera magnifique, si tu loupes tu loupes, dans le pire des cas, je n’ai que ma caravane et voiture à perdre». Je ne vais pas les perdre car je resterais accroché avec durant à peu prêt tout le trajet du Sahara et du Sahel, et la route… c’est pas compliqué la route. Le soir lorsqu’il faudra négocier pour un repas et le droit de stationner sur le terrain d’une case, eh bien ce sera mon petit exercice de sociabilisation du jour. Les marocains sont très accueillants, ça ne devrait pas en être différemment de Dakar à N’Djamena. En Amérique du sud j’ai appris un truc important : Si tu es sur le terrain de quelqu’un, que tu stationnes chez…, eh bien tu es chez quelqu’un tandis qu'un type qui stationne au bord de la route comme je l’ai fait au Maroc est plutôt un type à dépouiller.

Alors voilà le programme sur 9’000 kilomètres, 1’400 litres d’essence : avancer, se ravitailler, et trouver chaque soir un nouvel endroit pour manger un repas chaud et stationner, sans aucune installation d'auvent ni rien, juste sortir la chaise longue pliable du coffre pour me mettre à l’aise, et repartir le lendemain matin.

Il y aura des choses à voir, comme les dunes majestueuses du Sahara et le ciel nocturne, mais ensuite je veux me laisser surprendre par les paysages du Sahel. Il y aura bien sûr des problèmes à régler, mais ça va se faire l'un après l'autre, sans inquiétude de temps.

Et je pense surtout qu’il me fallait une année de plus pour accepter la solitude comme une alliée que comme quelque chose à combattre. Inconsciemment, que ce soit au Brésil, à mon campement ou même ici à l’hôpital, j’apprécie la solitude, je crois que c’est ce qu’il me fallait acquérir : l’acceptation d'être comme je suis au lieu de chercher sans cesse le contact social ou même l’approbation sociale, parce que je ne suis tout simplement pas sociable, je ne suis qu'un loup des steppes qui erre à la recherche de sa patrie.

Ainsi, cette alternative de l’Afrique est la seule des 4 de mon carrefour qui me promet une vie de haute intensité, même sans famille, même sans petits enfants, et ensuite, … et ensuite ? Durant la grande traversée de 9000 kilomètres, bizarrement c’est le truc qui m’inquiète le moins. La voiture sera ma bulle, la route mon amie, il fera suffisamment frais pour faire la sieste, et chaque soir, je garde ce contact social avec un indigène pour stationner.

En étant sérieux et sans pépins, ça représente 10 ou 12 jours de routes sur des grands axes. Il faut rajouter les pépins éventuels, mais quoiqu’il arrive, ça reste une vie de haute intensité. Mon premier essai au Maroc m’a surtout appri qu’à partir du moment où t’as passé la méditerranée, quelque soit le pays, tu oublies le rapatriement (en tout cas des véhicules). Et que si tu causes pas la langue, eh bien tu ne peux même pas être le porte parole d’une seule famille, donc revoir les ambitions un peu à la baisse... Du coup, tant que je peux rouler il faudra rouler, et après, disons que de N’Djamena à Bangui, eh bien ce sera une sorte de plongée dans l’Afrique comme on l’imagine, et après Bangui, je pense que je vais m’arrêter plus souvent à l'abord des villages, dans la jungle primaire du Congo. Là oui, s’il faut décrocher la voiture pour aller voir le gorille, je pense que je décrocherai. Mais on en est pas là.

On en est à : J’ai tout le matériel pour le faire, tout le monde doute de moi, est-ce que je vais laisser leurs doutes dicter ma vie ou oser réaliser ce que très peu de personnes peuvent envisager réaliser : leur rêve de gosse ?

- Parce que contrairement à tout le monde, j'ai 30 ans d'espérance de vie à revendre, donc je me fous complètement du temps que ça prendra.

- J’ai les moyens matériels, j'ai acheté cette caravane en me disant que sa destination serait l'Afrique, j'ai préparé mon voyage en y allant une première fois et je sais maintenant ce qu'il faut éviter ou ce qu'il faut rechercher ou avoir pour réussir. J'ai aussi un stock d'autocollants et de stickers à coller sur la caravane, des trucs que j'avais commandé l'année passée à Lourdes, ... 1000 balles d'autocolants pour faire sympa, attirer la sympathie des Africains, donc plus prêt que ça c'est difficile à être, jusqu'à la décoration...

- J'ai les moyens financiers. Tous ceux qui veulent entreprendre un exploit qui demande du temps ou des moyens doivent chercher des sponsors, et pour les trouver, il faut qu'ils prouvent par leur parcours de vie qu'il sont capables de réaliser un tel exploit et que ça fera de la pub au sponsor. Ici, j'ai même un triple avantage sur l'aventurier lambda : 1) J'ai un sponsor naturel qui n'est autre que la Confédération Helvétique, 2) Mon sponsor ne me demande aucune preuve de mes capacités puisque c'est lui qui a décidé que j'étais inapte..., et 3) La Confédération Helvétique se contrefout complètement de la publicité, ce qui veut dire que même en cas de réussite, je peux demeurer anonyme, contrairement à tous ceux qui seront sponsorisé par des fonds privés.

- Je n’ai plus peur, ...de rien ! Et ça, c'est un sacré avantage sur tout le monde car tout le monde appréhende et fabrique des scénarios de peurs. Mais pour ne plus avoir peur de rien, ni de la solitude, ni du trajet, ni même de la mort, je pense qu'il m'a fallut vivre ces 6 mois et demi au Brésil, sortir de l'assurance maladie en acceptant très consciemment une fin tragique, et terminer chaque soir ma prière prosterné, pour ma plus sérieuse demande à Dieu : "Seigneur, apporte moi la mort, le plus vite possible, s'il te plaît" ! ça ne lui a pas plu alors me voilà toujours en vie, mais après cette intense prière jour après jour, eh bien disons que je ne sais plus exactement de quoi avoir peur ?

C'est pour ça que je peux faire ce que personne ne peux faire ni même n'envisage de faire, déjà à cause du temps : si tu veux voir des animaux, tu prends un avion, tu fais une semaine de safari et une semaine de plage et tu retounes bosser et c'est tout. Si tu veux plus que ça, faudra un sponsor, du temps, des moyens, et avoir mené une vie qui donne confiance au type qui va parier sur ton affaire. Et même si on te donne tout ça, eh bien tu ne le fera pas, soit parce que tu as une femme ou une famille, soit parce que la peur va t'empêcher de le faire. Alors mon problème est en même temps mon allié, grâce aux souffrances que provoque cette maladie, je n'ai absolument aucune crainte, mais c'est précisément ce trouble qui peut devenir mon principal ennemi en me rendant dangereux pour moi-même... Donc ça reste un peu ambivalent. 

Si je laisse passer cette occasion, il n’y en aura pas d’autres, et finalement, si j’arrive à acheminer mon véhicule avec ma caravane au Zimbabwe, ce sera chouette, parce que pour le futur, eh bien il y aura du choix : Avec une maison en Suisse, une autre au Brésil, et une voiture et caravane en Afrique judicieusement positionnées, eh bien je vais vraiment le devenir, ce roi de Bohême… Manquerai un pied à terre au Sri Lanka et un en Antarcticque (non, pas en Australie, ça ne me dit rien).

Alors voilà, il suffit d’embarquer dans le Ferry et ce sera réglé.

Il va quand-même survenir un dilemme. Afficher l’adresse du site sur la caravane ou pas ? Je ne suis pas présent sur les réseaux sociaux, mais si l’adresse de ce site se retrouve sur le fronton d’une caravane qui traverse l’Afrique, avec les photos qui vont bien, eh bien ça risque de devenir connu. Et franchement, … dans les royaumes des lions, on n’a pas trop envie d’être dérangé par la chaîne de TV locale qui veut en faire un reportage. La quiétude sera sans aucun doute mon alliée, mais la discrétion est mon contraire, donc il faudra un juste équilibre pour préserver cette quiétude. Le fait de savoir que je repose toujours dans la main et le souffle de Dieu lui-même est un sacré allié aussi. Ici, il y a un banc où j’aime bien à rester, c’est celui à la droite de la chapelle, tout en haut (voir section 7 des actualités). Rester en hauteur, à la droite de Dieu, observer ce qui se passe, tranquillement…

Alors oui, rester anonyme et me contenter de mes 35 à 50 visiteurs journaliers me suffirai, ce serai comme utiliser ce site pour donner de mes nouvelles à ceux que ça intéresse... Oui, je peux le faire comme ça. Si le site devient connu, ça peut être une source de motivation dans les moments les plus difficiles, parce que lorsque je l’ai fais, c’était aussi pour donner de l’espoir à ceux qui souffrent d’un problème ou d’un autre, juste pour dire : La fin comme Julien n’est pas une fatalité, tant que je peux, je fais, et si moi je peux, vous pouvez aussi.

Alors c’est aussi un peu ambivalent : d’un côté je peux me dire que si c’est connu je pourrai être un peu porté par des followers, voire ouvrir le forum de discussion sur le site, et en même temps donner de l’espoir à d’autres, tandis que si ce n’est pas connu, ça reste un moyen de transmettre des nouvelles à ceux susceptibles de prier pour moi, et finalement, personne ne m'a instauré "porteur de lumière ou d'espoir à ceux qui sont désespérés", donc que mes proches prient pour moi sera suffisant.

On verra pour cette histoire de popularité ou d’anonymat, je ne recherche pas une médaille, mais m’immerger dans l’authenticité du monde sauvage, c’est mon trip c’est mon délire. J’avais posé la question à mon ancien toubib : «Un délire qu’on arrive à faire entrer dans la réalité, ça s’appelle comment ?» Le toubib : «- Eh bien c’est la réalité !» Donc en fin de compte, peu importe si l’Afrique est un délire ou pas, à partir du moment où j’ai les moyens de le faire advenir dans la réalité, eh bien ça devient la réalité. Et pour ce délire-là, Dieu m’a laissé les moyens de le réaliser.

Monthey, Malévoz, le 21 de septembre qui suit la naissance de NSJC

Le prix à payer... ?

Il y a quand-même un prix à payer, ce sera le rejet de ceux qui veulent encadrer ma vie bien en sécurité, ceux pour qui je compte encore, et ils seront tous contre moi dès ma sortie de cet hôpital jusqu'au départ du Ferry. Donc en gros, tous ceux qui veulent mon bien seront déçus, sauf si comme Jules ou Cortez je gagne ? Mais gagner quoi ??? En attendant, avant d'être arrivé au bout de ma route, il y aura bien des oppositions et des incompréhensions, et la peur peut s'immiscer par n'importe quelle faille. Mon père m'avait dit il y a un mois : "Si tu vas en Afrique, tu ne comptes plus sur moi pour rien !" Sur le moment ça inquiète un peu, mais hier, lorsque je lui ai fait part de ma décision, il m'a dit : "Tu te souviens de ce que je t'ai dis si tu pars en Afrique ?", et je lui répond : "Oui, texto, tu m'as dis : Si tu vas en Afrique, tu ne comptes plus sur moi pour rien,... mais ne t'inquiètes pas, je ne compte plus..."

Oui, quand on a vraiment plus peur de rien, les gens ne savent plus comment diriger. Et puis comme me l'a dit une infirmière, vous vivez pour votre femme ? Pour votre père ? Ou pour vous ? 

Alors mon objectif final reste le Zimbabwe, j'avais d'ailleurs hésité à mettre le fort juridique du site au Zimbabwe quand je l'ai créé l'année passée (comme quoi, l'idée n'est pas nouvelle). Alors voilà, sur le papier tout est ok, le seul doute qu'il me reste c'est mes capacités, car comme je l'ai dit aujourd'hui à une infirmière : "Vous savez, peut-être qu'en septembre de l'année prochaine je serai à nouveau là, dans la même chambre que Julien, mais au moins j'aurai vécu une belle aventure". C'est comme ça qu'il faut voir les choses.

On n'est jamais sûr de rien dans la vie, et si je me retrouve en difficulté dans un pays (ce qui est à envisager), il me faut le numéro d'urgence du DFAE (j'avais la carte format carte de crédit mais je l'ai perdue). Une fois que j'ai ce numéro, + l'appareil avec lequel on peut communiquer et géo-localisé par des satellites en appuyant sur un simple bouton qui est relié à un système d'appel d'urgence (au service d'urgence le plus proche), je reste aussi rassuré de ce côté. Je connais bien mon trouble, et je ne périclite pas en 3 jours ni même une semaine, ça prend du temps, suffisament de temps pour trouver une âme charitable qui voudra bien veiller sur ma voiture et caravane pendant que je reviens me faire une santé. Avec le livret ETI et l'assurance maladie Suisse, je serai pris en charge partout dans le monde. De ce point de vue, c'est presque plus sûr que d'aller au Brésil.

Mon problème, c'est qu'il n'y a rien à vaincre comme Jules ou Cortez, il y a juste un voyage à faire, ce sera vu comme une victoire si je réussi, mais uniquement de mon point de vue, parce que du côté de mes proches, je ne sais pas comment ils pourraient se dire : "Tout va bien, il suit sa légende personnelle..." 

Parce que pour que mes proches, je ne sais pas comment ils pourraient voir la chose comme réussie. J'imagine que pour cela, il faudra que j'obtienne une sorte de petite notoriété publique, que quelqu'un fasse un reportage sur moi, ou alors que le site cartonne et que je sois invité à ramener ma fraise chez Cyril Hannounah ! Sans ça, sans reconnaissance publique, mes proches ne verront jamais le fait de voyager jusqu'au Zimbabwe pour vivre dans le royaume d'un lion comme une victoire... Et comme j'ai la chance d'être sponsorisé par un sponsor qui se fout complètement de la publicité que ça pourrait lui rapporter, je pense que je vais rester anonyme. En cela, j'ai complètement changé mon fusil d'épaule par rapport à mon premier projet africain qui aurait nécessité la plus grande visibilité possible.

Est ce qu'il faut vraiment avoir ou donner une raison ?

Ce soir, j’ai allumé la télévision, et sous le guide TV, je suis remonté en arrière sur une chaîne de reportages, le titre de l’un d’eux m’a fait cliquer et visionner, ça s’intitulait : «L’homme, le loup et le lion», et c’était un documentaire sur un jeune jurassien qui s’occupe de beaucoup de choses dans le parc Krugger en Afrique du sud, un passionné, il fait aussi des photos du loup en Suisse. Ils ont un refuge pour les animaux blessés ou même des lions chassés. Un peu de la triche par rapport à la loi de la savane… Donc il avait une belle vie, bien remplie, avec mille tâches à accomplir, et malgré le fait qu’il fait les aller-retour en avion, eh bien il y avait déjà un reportage sur lui...

De mon côté, j’ai bien capté que je n’allais pas pouvoir réaliser mon rêve de gosse : Capturer un lionceau en Afrique, le ramener à la maison, prendre soin de lui, et quand il sera grand je pourrais aller me balader au magasin avec mon lion. Ce n’est pas très réaliste ni très sérieux, mais ça dénotait déjà mon attrait pour l'animal.

Bon, jusqu'ici j'ai parlé de traversée, de voyage, de route, de carrefour, de Zimbabwe qui sera sans doute la destination finale, mais pas de l'objectif du voyage, il en faut un, non ? Alors je vais le dévoiler ici en bonus pour mes 35 followers.

Si c'est irréaliste de ramener un lionceau pour le faire vivre dans une maison, ce qui est par contre réaliste est de tenter de vivre dans le royaume d’un lion. Et ça, le jeune jurassien ne peut pas le faire puisqu’il habite dans une maison en dur et que les lions n’occupent pas les mêmes territoires que les hommes. Et puis aussi, il doit gagner sa vie, ce que je n’ai pas besoin de faire, et comme mon habitation est mobile, eh bien je pourrais tenter une co-éxistence pacifique. Je sais par exemple que les chimpanzés du Congo se reconnaissent dans une glace, alors je vais prendre un grand miroir. Je ne sais pas encore comment faire pour co-exister sur le territoire d’un lion et voir ce qu’il se passe, mais je vais trouver. Si j’étais capable de communiquer avec mes enfants alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère, je trouverai bien l’astuce pour me faire comprendre par un lion.

En Europe, quand on entend «parc, ou réserve» on pense à un enclot, mais ce n’est pas le cas, il y a de grandes migrations de bêtes à herbes, et donc des lions sur le trajet, et pas de clôtures.

Voilà, ça fait 53 ans que j’observe le monde des hommes, que j’essaie de le comprendre, que je pense avoir plus ou moins compris pour tenter de m’y intégrer, mais ça n’a pas vraiment été une réussite. Alors je vais prendre un temps pour observer les créatures et la loi de la jungle.

Le jeune jurassien du reportage est condamné à l’activité et aux obligations alors que moi je peux me contenter de stationner, de contempler et d’observer comment ça se passe sans rien faire de plus. J’ai les mêmes jumelles et le même matériel photo que lui, et j’ai vu dans ce reportage la différence entre lui et les touristes. Lui c’est le passionné absolu, bien plus passionné que les touristes, il perd toutes ses soirées à développer ses photos sur le même logiciel que moi, Ligthroom. J'ai bien vu la différence entre lui et les touristes : Il vivait chaque moment avec beaucoup d’émotion et partageait volontiers son émotion avec eux, qui ne semblaient pas partager les mêmes émotions. Le plus intéressant pour les touristes c’est lorsque le groupe de lions est passé autour de la voiture, et l’image la plus intéressante pour eux c’était lorsque le lion est passé sous le rétroviseur extérieur de la jeep. Un rétroviseur dans le cadre d’une photo c’est en général le truc qu’on élimine s’il est possible de croper, mais là c’était le contraire, il fallait le rétroviseur moche dans le cadre pour bien montrer que le lion était là, tout prêt, et ensuite : partager sur Insta...

Le décallage entre le jeune jurassien et les touristes, c'est qu'on voyait que le jurassien tenait coûte que coûte à partager sa passion avec ceux qui daignaient faire le déplacement jusqu'au Krugger, tandis que les touristes tenaient coûte que coûte à poster leurs histoires sur Instagram. Donc en fin de compte, que ce soit lui ou les touristes, tout le monde attend des validations externes. On pourrait dire que les touristes vivent en espérant sur l'approbation, les félicitations, ou l'envie des autres tandis que lui vivait en espérant pouvoir communiquer sa passion à ces touristes. Mais ça ne marche pas comme ça, une fois les touristes rentrés, il leur restera leur onglet "Krugger" sur insta et fini terminé, juste un souvenir. Donc le type ne peux qu'être déçu par l'indolence des touristes, les touristes seront déçus s'ils ne reçoivent pas le nombre de like espérés (ils ont quand-même investi 3000 balles pour faire ces photos, la moindre des choses c'est de liker ou de lever un pouce, non ?) ... et donc la déception guète tous ceux qui attendent plus que ce qu'ils ont vécu eux-mêmes, en espérant quelque chose des autres, et je veux éviter de tomber dans ce piège. Eh mes 35 followers, moi aussi je veux bien un pouce ou un petit mot via l'onglet "contact" du site !

Non, je déconne je m'en fous. J’ai la chance de ne pas avoir à m’inquiéter ni des touristes, ni de gagner mon pain, et me contenter de faire ce que je sais faire le mieux : rien !, me contenter "d’être" sans chercher par l’approbation de la meute (des hommes) par le "faire".

Une jeune patiente d’ici m'a aussi dit qu’il y a un Suisse qui fait exactement ce que je veux faire, il vit avec les lions ! En réalité, c’est un type qui bosse dans un refuge où ils ont récupéré un lion chassé et un lionceau orphelin, ainsi que d’autres bêtes. Elles sont parquées dans des enclos, et bien sûr, l’animal ne mord pas la main qui le soigne et le nourri, alors ça fait de jolies vidéos instagram et tout un tas de vues. En réalité, il ne vit pas avec les lions, il soigne un vieux lion qui a perdu son trône ainsi qu'un jeune lion qui n’a pas appris à se battre pour espérer conquérir un royaume, il les utilise comme «faire valoir» pour devenir connu sur les réseaux sociaux, rien d'autre.

J’aspire tout de même à quelque chose de plus authentique. Si j’arrive jusque là-bas, ce sera vraiment le moment de mettre en pratique ce que j’ai entraîné bon ou mal gré durant 2 ans : la capacité d’être, tout simplement, dans la nature, sans plus me soucier de rien d’autre. C’est pour cela que la situation de Julien dans ma chambrée m’inquiète un peu, car si lui est capable de rester plate 23h sur 24, de mon côté, plus j’avance et plus j’ai l’impression que j’acquiers gentillement le même genre de capacité, et cela vient du fait que plus rien ne m’intéresse réellement. Ça fait des semaines que je n’ai pas la moindre idée de ce qui se passe en Ukraine, à Gaza, à Washington et partout autour d’où je suis. Un désintérêt total pour tout ce qui se situe en dehors de ma portée, y compris ce qui se passe dans ma propre région. Il pourrait y avoir une tuerie de masse dans une école à 5 kilomètres d’ici que je ne suis même pas certain d’en être informé. J’ai reçu une enveloppe pour les votations, mais je ne sais même pas sur ce qu’il faut voter parce que j’ai jeté l’enveloppe à la poubelle sans l’ouvrir. Quand on en arrive à un point pareil de désintérêt, eh bien il me semble que mon âme me guide vers le seul chemin qui puisse me faire dévier de la trajectoire de Julien.

Quoiqu’il en soit, si je me fixe cet objectif : Aller jusqu’au royaume d’un lion et me faire accepter d’une manière ou d’une autre, filmer, photographier des parties de chasse, juste rester ainsi quelques mois si j’ai du ravitaillement à proximité, parce que là je décrocherais ma caravane et aurait mon véhicule à disposition.

Est-ce qu’il y a besoin d’une autre raison ? J’aime observer les animaux, j’ai bien aimé déjà à Riacho Fundo, mais c’était des plus petits. Alors en Afrique, c’est vraiment le paradis des animaux (et un monde impitoyable aussi).

La seule question qui vaille dans tout ce périple qui pourrait bien durer 2 mois jusqu’à destination, c’est : Suis-je autosuffisant au niveau de ma psyché pour encaisser de grosses émotions sans pouvoir les partager avec un être cher ni même un moins cher ? J’ai déjà voyagé seul, et parfois c’est si beau que ça en est douloureux de n’avoir personne avec soi pour le partager. Mais maintenant que je discute avec Dieu, je le féliciterai pour sa création si elle est belle ou rouspèterait si elle est moche.

Et 50 jours de voyages environ au total, ça veut dire que 50 fois, il faudra dormir dans un nouvel endroit, sympathiser avec des gens et les quitter le lendemain. Ça aussi, il faut que la psyché puisse encaisser 50 fois de suite…

Après le rude passage du bassin du Congo, je serai à destination : Des grands espaces sauvages à perte de vue. Là, ce sera plus tranquille, goudronné, et si dans un village que je traverse on m’indique le royaume d’un lion (et il y en aura plein sur le parcours), que je peux m’approvisionner dans ledit village, là oui, il faudrait décrocher la caravane pour y aller une première fois en voiture, voir comment c’est atteignable avec la caravane, et si c’est faisable, eh bien je tente l’expérience : Une co-existence homme/lions, mais pas dans un refuge animalier, dans la nature. Il faudra trouver l'astuce pour me faire accepter ou tolérer. Sans armes à feu je ne peux pas leur offrir du gibier, mais une bassine de lait pour les lionceaux oui. Enfin, on verra bien, le but de l'exercice est au final de pouvoir contempler un royaume en compagnie du roi, sur ma chaise longue à crapoter..., ça n'a pas l'air si compliqué, non ? Et si le roi se fait détrôner pour devenir le roi des charognards, ce qui est le lot de tous les lions, eh bien je lui tiendrais encore un peu compagnie, même banni de son royaume...

Je ne sais pas ici si mes followers connaissent la destinée du lion ? Il n'a qu'un seul destin : régner ! La peur est présente auprès de tous les animaux qui peuplent le territoire d'un lion, ils ont tous mes mécanismes de défense très sophistiqués, et même le Léopard, la giraffe ou l'éléphant ont peur des lions. Dans la savane, le seul qui n'est pas aux aguets continuellement, c'est le lion, parce qu'il se situe tout au sommet et il le sait. Mais il sait aussi que l'homme lui est suppérieur, je ne sais pas comment ça se fait, mais il le sait, ça vient peut-être d'histoires multi-séculaires qu'ils se racontent sous l'arbre : A l'époque d'Auguste Cesar, les romains organisaient des expéditions de capture de centaines de lions, faites gaffe aux hommes !... Enfin bref, un lion fort et ayant acquis un territoire assez jeune peut espérer compter sur une dizaine d'années de règne avant de se faire battre et chasser de son royaume. A partir de ce moment, il est condamné à errer de part la savane et se nourrir de charognes car il ne sait pas chasser. Un lion ne sait qu'impressionner et se battre, rien d'autre. Et donc durant 10 ans, il aura eu a repousser les attaques de tous ceux convoitant son royaume, il les aura tous vaincu (les lionnes savent que si le nouveau gagne, il va tuer tous les lionceaux, mais aucune n'aidera le lion dans son combat). Comme la chasse concerne les lionnes, le combat pour le pouvoir ne concerne que le lion. Et donc automatiquement, arrive un moment où il va être détrôné, chassé, et subsister de charognes. Une telle déchéance dans la savane précède toujours de peu la mort. 

Et quand j’en aurai marre ?, eh bien soit les fistons viennent faire un safari, soit je rejoindrais le Brésil, soit je reviendrais en Suisse après avoir vendu ou mit mes véhicules en sécurité là-bas. Soit j’ai l’énergie pour voyager encore plus au sud de l’Afrique ou remonter côté Egyptien, on verra bien.

Après une séparation ou un divorce, certaines personnes en trouvent une autre pour refaire leur vie et habiter ensemble. Mais un type comme moi, qui n’a connu et aimé qu’une seule femme dans sa vie, eh bien l’implication morale et psychique que demanderai une nouvelle vie de couple fait que tout bien pesé, il m’apparaît plus simple et moins compliqué d’aller refaire ma vie et habiter avec les lions. Ils ont l'air plus tranquilles et accommodants qu’une femme. N'est-ce pas une raison suffisante ?

Quand on aime la flore, la faune, la photo, si le psychisme tient le choc des 50 changements de lieus en avançant, je me dis que ça vaut vraiment le coup d’essayer. Parce qu'il me semble que j'ai un dernier avantage de taille sur les autres pour un tel projet : le fait d'envier la mort (pour tout un tas de raisons qui me concernent), va faire que là où la peur va parraliser ceux qui tiennent à leur vie, eh bien je continuerai jusqu'au contact. S'il me bouffe se sera un mauvais quart d'heure à passer, et salut la compagnie, mais je suis sûr qu'il ne me bouffera même pas parce que je marche à la droite de l'Eternel mon Berger !

Monthey, Malévoz, le 22 de septembre qui suit la naissance de NSJC

Je suis un naïf et je n’ai pas tant envie de changer.

Je vis dans le monde que je peux accepter, un monde même pas enchanté, mais juste un monde au moins honnête.

Avec un père qui, avant de m’avoir, a étudié 9 ans pour faire curé, avant de bifurquer (sinon je ne serai pas né), eh bien on peut dire qu’il nous a inculqué les valeurs de la religion. Pour schématiser, il y avait des choses permises et d’autres interdites, quoiqu’en dise l’autorité : rendre le service à César qui nous nourri, tandis qu’en dehors de l’État (de César), il y avait l’adoration divine à rendre au seul Dieu. Et ce Dieu avait dicté une loi supérieure à celle de César. A l’époque je la voyais plutôt comme un truc fait d’interdits, mais aujourd’hui, je dirais que la loi supérieure, qui a triomphé même des César, c’est l’Amour. Dieu a voulu vaincre le monde avec pour seule arme l’Amour, et c’est ce qu’il a réussi. Mais quand j’étais jeune, la loi supérieure faisait que, si je faisais des bêtises, je n’aurai même pas de comptes à rendre à l’État, mais à Dieu lui-même.

Donc j’évitais les gros interdits divins et j’enfreignais plus facilement les interdits de l’État (le sexe interdit VS le cannabis permis), et malgré le fait que j’ai été beau gosse, eh bien j’ai fui toutes les occasions avec des filles jolies, mais juste jolies. A partir du moment où il y avait une asymétrie ou le moindre défaut esthétique, même si elle restait jolie, je pouvais engager la conversation, la jeune fille ne représentait pas une menace, je ne pouvais pas tomber amoureux. Et donc comme j’étais très sourcilleux sur l’apparence, on va compter sur les doigts d’une seule main les filles assez belles et auxquelles j’ai été assez proche entre 13 et 19 ans. Mais c’était justement ce genre de filles qui m’intimidaient, et donc il ne se passait jamais rien. Et en Inde, j’ai eu une lumineuse idée après une nouvelle déception avec Corine, faire un deal avec Dieu !

Je ne m’occupe plus de ces histoires et je laisse Dieu à la manœuvre en ce qui concerne ma femme. Lui qui voit de la création d’Adam jusqu’à l’Apocalypse d’un seul regard, il devrait savoir laquelle est pour moi, alors on convient d’un signal : La première fille qui m’embrassera sera ma femme !

Et étonnement, plus aucune fille ne m’intéresse durant deux ans, ou plutôt, je ne vois que leurs défauts physique. Mais deux ans après le mouroir et mon séjour brésilien, une slovaque m’embrasse !

Tout semble formidable, sauf qu’elle est super-catho, donc je dois quand-même remercier les actrices porno pour avoir un peu fait mon éducation sexuelle, parce que de notre temps, il n’y avait rien en terme d’éducation, et au sein du couple, la sexualité n’était pas tout à fait comme je l’imaginais, toute cette mécanique semblait dépourvue de romantisme et de tendresse. Et comme je n’avais ni le droit de regarder ni de toucher, eh bien je remercie les actrices qui m’ont fait découvrir l’antonymie intime féminine.

Cette affaire entre moi et la femme semble avoir capoté après 30 ans de mariage et 4 enfants, mais je me refuse à refermer ce livre. Tout le monde me dit : Tourne la page et trouve toi quelqu’un, aujourd’hui c’est si facile…

Eh bien non c’est tout sauf facile pour un type qui se ballade avec la marque de Caïn sur le front, et un type comme moi ne tourne pas la page : soit il ferme le bouquin et il en ouvre un nouveau pour ré-écrire une grande histoire de famille. Au Brésil, ce pourrait être le cas. J’abaisse un peu mes critères de sélection esthétique, je trouve une jeune qui me fait 6 gamins, je joue le rôle du papi gâteau, et je ré-écris toute l’histoire depuis le début en laissant Dieu hors du coup cette fois-ci, tout en m’assurant qu’on prenne soin de moi le temps venu.

Ça fait plus de deux ans que je n’ai plus eu aucune relation intime, et là où juste après ma séparation, je croyais que ça allait être un sacré problème, eh bien plus ça avance et plus je me dis que cette histoire sexuelle n’est quand-même pas très sérieuse. Eh les gars, je suis le seul mec en 2025 qui n’a pas d’ex !? – Rien, nada, on n’est même pas divorcé avec ma femme.

Mais comme je pensais sérieusement que j’en avais besoin, au Brésil j’étais à l’affût, mais là c’est vraiment comme si l’œil de Caïn était sur moi, pas une accroche, rien, le néant, et c’est pas faute d’avoir demandé en mariage, 2 fois à 2 bonnes femmes différentes et 2 râteaux. Mes frères m’ont dit : «… mais au Brésil c’est le pays du monde où c’est le plus facile, il n’y a qu’à se baisser».

Eh bien non, il n’y a pas qu’à ! Quand on se ballade avec une marque divine sur le front qui dit : «Pas touche, propriété privée, signé : Yahvé Sabahoth !».

Enfin bref, l’homme d’une seule femme parce que je vois bien que Dieu ne permet pas autrement. Et il me semble que j’ai l’âge pour avoir vu et compris les turpitudes des femmes, et des hommes aussi, et des familles aussi, et ré-écrire un livre et une nouvelle vie impliquerait automatiquement un tas de nouvelles turpitudes, complications et finalement déceptions. Il y a aussi cet attrait pour la pureté, la naïveté, l’émerveillement, et je vois bien que les actrices pornos, toutes sympas qu’elles sont, … en réalité, il n’y a pas d’interdit, mais Dieu étant pureté, eh bien rester dans ce système signifie qu’on se coupe de l’Amour de Dieu en croyant compenser avec de la satisfaction éphémère qui au final, ne comble rien, c’est plutôt l’esclavage des sens qui commence..

Mais aujourd’hui j’ai vécu une telle journée que je me suis dis : «Mais qu’est-ce qui se passe ? Bordel de merde, ces humeurs n’arrêtent pas de me jouer des tours.» Vraiment très lent, mal foutu, renfrogné, et je me suis imaginé au milieu de l’Afrique dans cette situation-là ou pire, la situation de l’Inde (voyager trop vite, trop d’images, trop d’aventures, alors le cerveau digère tout ça pendant la nuit et on ne dort plus jusqu’au pétage de plombs). Alors je savais qu’un tel périple allait être très compliqué seul, mais vu la situation, je vois bien que de le faire en solitaire, c’est risquer de ne pas arriver à destination.

Je me suis imaginé dans toutes les situations dans un état d’humeur pareil, et sur route goudronnée, bon, j’suis pas en forme mais j’avance…, par contre, les arrêts seront déjà problématiques. Et il faudra ravitailler en essence, en eau et en nourriture. Donc 9000 kilomètres ainsi, difficile mais faisable si j’arrive à rouler assez vite pour faire abstraction des curieux. Ensuite, depuis N’Djamena jusqu’à Bangui, c’est 1600 km de plongée dans l’Afrique profonde que j’espère pouvoir avancer au même rythme que dans le Sahel, donc faire la route en 3 ou 4 jours.

Et ensuite c’est 2’800 kilomètres d’enfer vert, et là, c’est salut la route goudronnée, faudra s’arrêter quasiment à chaque village traversé pour discuter un peu, ou au moins saluer, parce que dans ce genre d’endroits et vu la route, une caravane attirera tout le village.

En ayant passé cette journée ainsi, je pense qu’il serait grandement utile d’avoir un renfort, et ici je pense à Natalia, la polonaise à qui j’ai raconté l’idée il y a une dizaine de jours et qui m’a dit : Vas-y, fais-le ! Elle n’est pas assez belle pour me mener par le bout de mon nez, elle va sortir d’ici et va devoir habiter un foyer de femmes battues parce qu’elle ne peut plus loger chez son ancien copain agresseur, elle est sympa, positive, aime voyager, prévoit d’ailleurs en voyage en Indonésie en novembre, et va recommencer son job à 75 %. Si elle a le permis de conduire, elle peut être une aide précieuse, quelqu’un avec qui discuter, et qui pourra prendre le relais les jours où mon humeur me joue de tels tours.

Alors quand je dis naïf, je veux exprimer quelque chose de l’innocence. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, tout le monde se jette l’un sur l’autre pour un oui ou pour un non, esclave de leurs parties génitales. Et ici j’ai l’impression que je pourrai proposer une sorte de deal : «Je t’invite à voyager avec moi à travers toute l’Afrique, en simples amis». Mon lit dans la caravane me convient et il n’est que pour moi, mais si elle accepte le salon transformable, eh bien je m’en ferai une alliée dont je ne risque pas de tomber amoureux, je garde mes quartiers, et surtout je dirai que je garde l’innocence ! J’ai horreur de faire ce que tous les autres font, et si mon trip est de n’avoir eu qu’une seule femme dans toute ma vie comme Gastby, eh bien je crois que Natalia la polonaise est une bonne candidate au voyage. Il me suffirai qu’on roule ensemble jusqu’aux lions, et ensuite elle peut rentrer, il s’agira de territoires quasiment dépeuplés d’humains, les grands espaces, je la déposerai à l’aéroport et elle pourra venir retrouver un job et un appartement en mars. Ça ne me change pas le prix de l’essence, et pour la bouffe sur le trajet, justement, elle va m’être d’une aide précieuse lors de mes mauvais jours.

Mais la tentation suprême est tout de même de ne rester qu’avec Dieu et de ne compter que sur sa divine Providence. Eh puis cette histoire de femmes battues c’est aussi un peu de la branlette j’ai l’impression, elle n’a rien de cassé, tout à l’air en ordre. J’ai essayé d’en savoir plus, mais : «agression,... traumatisme, police...», je connais un peu la chanson. Il faut rester flou tout en utilisant des mots forts pour faire croire qu’on s’est fait séquestrer et torturer dans une cave pendant 14 ans (d’où le traumatisme et l’hospitalisation). Bon, admettons quand-même que le type lui a peut-être foutu un ou deux gnons, rien de grave même si ça ne se fait pas. Que va-t-il se passer si elle se fait un bobo dans la jungle, une plaie qui s’infecte, une piqûre de bestiole qui pond des larves sous la peau ou un truc dans le genre ? … ??? Agression !, … traumatisme… ?

Merde, les femmes semblent trop fragiles pour la jungle et je ne me vois pas faire le trajet avec un homme, on sera en Afrique, pas à Amsterdam pendant la gay pride ! Donc même en simple amitié ça semble très compromis si elle se retrouve à l’hôpital pour quelques tortures de courtes durées.

Ainsi donc, je vais m’avancer vers cette aventure en solitaire, et il faudra prier pour moi parce que Dieu m’aide et me soutient. Ce sera une «épopée» qui demandera un sacré mental, il ne faut pas que je doute du mien. Je dois savoir que ce trouble induit comme le dit le psaume de David, de cheminer dans la vallée de l’ombre de la mort. … mais Sa houlette et Son bâton me rassure.

Quoique, … j’ai croisé aujourd’hui ici à la cafétéria un vieux congolais, il m’a confirmé que les routes ne sont pas bonnes et que la grande ville à l’est que je dois traverser, Goma, est tenue par les rebelles du M23… Bon, donc que ce soit le Sahara Occidental, le haut Niger, le Sud Soudan ou Goma, il faudra appliquer la politique de la savane pour frayer entre ces groupes d’hommes. Pour la Caravane de l’Espoir (comme je vais l’afficher sur le fronton), la politique sera que quiconque gouverne tel ou tel endroit par la force, eh bien l’endroit est à lui. Donc le Sahara Occidental devient le Sud Maroc parce que c’est le roi qui fait régner la loi, et si Boko Haram tient une région au nord du Nigéria, pas de problèmes, si ils surpassent l’armée régulière du pays, eh ben c’est à eux. Pareil à Goma, c’est des sbires du président du Rwanda qu’il a envoyé à l’est du Congo pour terroriser la population et faire extraire l’or du Congo par le Rwanda plutôt que par l’Atlantique, donc il tient Goma, et si c’est des sbires de Kagamé, ils devraient être civilisés.

Mais je me suis aussi imaginé seul au milieu de la jungle du Congo, avant Goma et les bonnes routes… 2800 kilomètres sur des routes en terre, au milieu de la jungle. En voyant les hameaux depuis google satellite, on voit bien que le type qui habite l’un de ces hameaux est vraiment perdu au bout du monde, environnée d’arbres à perte de vue. Les hameaux suivent la route, au-delà il n’y a que des arbres. Enfin bref, perdu là au milieu avec ma caravane embourbée parce qu’il pleut à verse, … les bestioles dehors, il faudra apprendre à se planquer dans la caravane le temps que ça passe pour pouvoir désembourber… Oui, ce sera très dur pour le mental. C’est con qu’ils n’aient pas fait une transcongolienne comme en Amérique du Sud à travers l’Amazonie. L’autre option, c’est des routes à peine meilleures, mais qui longent plus ou moins l’Atlantique, donc traversée du Gabon. Ce sera néanmoins un axe plus fréquenté, mieux entretenu, et où, en cas de casse, on peut espérer sur le coup de main d’un camionneur qui passera par là, parce que de l’autre côté, … ça n’a pas vraiment l’air de circuler. Dans le cas de cet itinéraire depuis D’Djamena, jusqu’aux chutes Victoria, il y a 6200 km, dont une bonne partie avec des routes correctes, il faut traverser le Gabon, Congo, mais sur un axe principal, puis Angola et déjà là, les routes devaient être meilleures, puis Namibie et chutes Victoria, j’y suis.

Il y a encore l’option de passer par le Sud Soudan, ce serait la voie directe pour le Kenya, puis Tanzanie, mais il me semble avoir entendu que le Sud Soudan était plus ou moins en rébellion, faudra demander à des routiers sur place.

Malévoz, Monthey, le 23 de l’an de grâce 2025 après la naissance de NSJC

Aujourd’hui, donc le lendemain d’hier, journée aussi assez difficile, j’ai vu la docteure qui ne sait plus top quoi me donner et donc il va falloir que je fasse abstraction des progrès de la pharmacopée de ces 50 dernières années en molécules psychiatrique pour gérer seul ce décimètre cube de matière grise qui se joue de moi.

Alors bien sûr, tout le monde est au courant de mon projet de traverser l’Afrique jusqu’au Zimbabwe, y compris les docteurs, et comme elle me l’a demandé, quelle est ma plus grande peur ?

Eh bien je n’ai pas peur de me faire tuer par des rebelles, si ça arrive ça arrive, mais il me reste encore une appréhension, celle de devenir mon plus implacable ennemi. Et ce genre de trucs peut arriver durant le voyage, le moral dans les chaussettes, replié et renfrogné sur moi-même, comment je vais pouvoir gérer les gens qui poseront à peut près tous le même genre de questions tout au long du trajet, donc 2 ou 3 mois à répéter…

Et si ça passe, si ce voyage abouti, je serai réellement arrivé au bout de la route. Je pensais que c’était Riacho Fundo, mais puisque ça n’a pas suffit, ce sera les lions.

Je me suis quand-même un peu intéressé à cette histoire de vie avec les lions. Il me semble que lorsque j’étais gamin ou ado j’étais tombé sur un bouquin d’un vieux, barbu, longs cheveux, qui vivait avec les lions. Mais je n’ai pas retrouvé la référence sur internet. L’IA dit que ce n’est pas possible, et google dit que c’est Kevin Richardson, l’homme qui murmure à l’oreille des lions. Mais il connaît la lionne depuis 20 ans, et le lion le tolère à peine, faut pas qu’il essaie de venir le toucher, et il ne «vit» pas vraiment sur leur territoire. Bref, d’après l’IA c’est impossible de vivre avec les lions parce que trop c’est trop dangereux.

D’un autre côté, en février 2024, j’avais dit au prêtre qui nous avait marié que le seul job sérieux qui me restait c’était de respirer, parce qu’à chaque mois que je respire, eh bien le 1er du mois, une nouvelle rente est due pour moi et ma famille.

Je me suis baladé partout depuis ce temps, et je vois qu’en fin de compte, ça reste ma seule obligation et activité, un peu comme Julien... J’en ai marre des gens en général, j’en ai marre du monde, et si j’ai été bosser au mouroir à 19 ans, ça veut aussi dire que le phénomène macabre m’intéresse depuis longtemps, parce que comme dirait Hesse : On sait que notre Patrie s’y trouve de l’autre côté.

Ce midi, j’ai dit à Natalia : "J’ai quelque chose de sérieux à te dire en privé". On est revenu de la cafétéria, on est sorti sur la terrasse, elle s’est assise, j’ai mis genou à terre et j’ai dis : «Natalia, veut tu m’épouser ?» C’était pour déconner et détendre l’atmosphère, elle a rigolé. Alors elle est la première qui m’avais dit pour mon projet : Vas-y, fais-le !, le jeune Enzo pressentait un bon voyage ensemble, je lui expose le problème de la veille, une humeur à la ramasse et des curieux par paquet de 12, ça va être difficile. Elle a toutes ses affaires dans un box, n’a plus nulle part où aller, a un permis de merde, même pas le B, et va retourner bosser. Je lui dis que si elle m’accompagne comme amie jusqu’en février, après, je veux bien la marier si ça peut arranger ses histoires de permis.

Eh bien même pas ! Elle prévoit l’Indonésie pour novembre mais ne peux pas imaginer un truc pareil. Y compris contre arrangement administratif, et pourtant, on n’a même pas 10 ans d’écart et on ne peut pas dire qu’elle peut jouer de sa beauté. …mais bon, la marque de Caïn !

C’est là que je comprends que j’ai glissé dans un autre monde dont les docteurs n’ont pas les moyens d’appréhender. Parce que la vérité c’est…, qu’hors Dieu, il n’y a pas vraiment de vérité. J’essaie d’expliquer honnêtement en écrivant, je vois Julien plate sur le lit devant moi, je vois mon propre désintérêt pour à peu prêt tout, je sens que j’ai été fait pour rêver grand, j’ai même les moyens de réaliser ces grands rêves, il faudra juste que la psyché tienne le choc du trajet. Je sais d’expérience que toutes les rencontres du trajet auront des charges émotionnelles diverses, il ne faudra pas que j’endosse ce que je ne peux pas porter. Et les amitiés d’un jour font qu’en vérité, il faudra compter sur 2 mois d’échanges avec les indigènes mais 2 mois de solitude sur mes propres états d’âmes. Personne pour me plaindre dans des conditions extrêmement difficiles. Dieu me gardera de ses créatures.

Mais j’en ai vraiment marre de tout le monde, même de moi-même à la longue. La vie n’est pas difficile, elle est… une longue suite d’années pendant lesquelles ont voit le monde, on observe, on essaye d'y donner un sens, mais il faut tirer une vie en avant comme un boulet jour après jour, alors franchement, si j’arrive à passer les 10’000 kilomètres de routes, les 3000 d’enfer vert et que j’arrive jusque dans un royaume animal, je trouverai une astuce susceptible d’amuser ces lions, et si ça les amuse pas, eh bien qu’ils me bouffent ! J’aurai déjà pu mourir tant de fois et il me semble que tant de fois, Dieu m’a sauvé la mise, soit contre des événements extérieurs, soit même contre moi-même. Donc à la fin du compte, tout ce qui importe dans toute cette affaire, voyage et lions, c’est que si les lions me trouvent assez aimable pour m’accepter en leur compagnie, eh bien c’est ma femme qui aura tord :-)

C’est une raison trop bancale pour entreprendre un voyage pareil, mais franchement, avec les lions il y a un truc. C’est le seul qui n’a peur de rien en ses terres et pourtant, il semble se méfier de l’homme en tant qu’espèce, on doit pouvoir en faire quelque chose.

De toutes façons, un voyage pareil sera en lui-même une immersion dans le règne animal en essayant de m’échapper des humains. Et c’est ici que je disjoncte et que je vois poindre la folie qu’aucun infirmier ni docteur ne voit poindre. C’est que si ça marche mon histoire, 50 arrêts, 2 mois de solitude au milieu des africains, et ensuite la vraie solitude dans un royaume animal. Admettons que le lion me tolère en ses terres, ce sera magnifique à observer, mais si je ne me fais pas bouffer direct et que je peux installer mon petit campement, mes lumières, qu’ils tolèrent ma présence en échange d’une bassine de lait tous les matins. J’ai la voiture à disposition, disons que le village de ravitaillement le plus proche est à 30 ou 50km, je peux y aller une fois par semaine pour l’essence, le gaz, et tout le nécessaire pour la semaine. 50 litres de lait et je mets 3 litres chaque matin dans une bassine que j’apporte vers le repaire des lions. Je me suis un peu intéressé au sujet, le lion peut aller jusqu’à être étonné qu’on ait pas peur de lui. J’ai vu un petit chien teigneux entre un lion et une lionne, le chien n’arrêtait pas d’aboyer, de sauter et essayait de morde le museau du lion qui a même reculé, un petit machin pas tant plus grand qu’un Yorkshire. Là le lion ne comprend pas ce qui se passe, regarde la lionne, regarde encore une fois le chien, avant de l’envoyer valser d’un coup de patte.

Ça peut être une manière de se faire tolérer, une bassine de lait apportée avec assez d’assurance pour ne pas se faire attaquer, si vous voyez dans les flaques qu’ils doivent boire… Bon, on imagine que le lait ira pour les lionceaux, mais une bassine dans l’herbe, le lion va venir voir, et si le lion aime, il boira tout lui.

Admettons qu’on trouve un modus vivendi pour que je survive encore à ça. Je verrai et je vivrai des choses que les gens ne vivent pas, et la suite du programme c’est quoi ? Disons que j’arrive à vivre en pleine immersion dans la nature à partir de début février, un ravitaillement par semaine au village et c’est tout, silence radio à part 150 minutes par mois. J’arrive à faire février, mars, avril, je suis intégré dans la faune, j’aurai pris toutes les photos que j’aurai voulu prendre, …

A ce stade de l’aventure, j’aurai peut-être les moyens de revenir, mais pour faire quoi ? Déployer de tels efforts pour d’abord rejoindre un monde de plus en plus hostile à l’homme et ensuite peut-être se laisser apprivoiser par une famille de lions ? Bon, moi ça fait deux ans que je suis dans le trip, depuis que j’ai acheté la caravane, donc ça me semble une idée valable, mais cette histoire, vivre avec les lions, ça ressemble quand-même un peu a un délire, non ? C’est pour ça que je ne le dis pas aux toubibs, parce que cette histoire n’a pas vraiment d’issue, même si le plan fonctionne, que la psyché tienne le coup des 50 haltes, le corps tiendra ce qu’il tiendra, pour ça je ne peux m’en remettre qu’à Dieu, et en fin de compte pour la psyché pareil. Pour passer par dessus les humeurs, ça va si on peut s’isoler, et les trajets dans ma voiture seront un isolement, donc ça pourrait tenir, mais en admettant que j’arrive au bout et que j’arrive à co-habiter dans un royaume, 3, 6 mois, un an ? Qu’est-ce que je fais, où je vais ? On dirai que je disjoncte un peu, non ?

J’ai dit aujourd’hui au toubib : «Vous connaissez le parcours, mais vous ne connaissez pas l’intention et je ne vous la dirai pas sinon vous m’enfermerez.»

… aller vivre avec la nature, combien de temps… ?

Malévoz, le 24 septembre 2025

Le point de vue d'un malade mental qui a reçu le prix Nobel de littérature (c'est là qu'on voit que cette maladie c'est quand-même un peu de la foutaise : imaginez un paraplégique gagner les jeux olympiques en saut en hauteur, c'est du même accabit)

Ce matin, debout avant même les aurores, vers 04h30, avec une intuition : C’est ma seule route et je suis obligé de la réussir. Et dans mon rêve je réussissais. Ensuite j’ai cogité jusqu’à 07h30, je prends le pli de Julien, je reste la majeure partie de mon temps sur le lit et je cogite. Mais durant cette cogitation sont ressortis des souvenirs très anciens, la clef de cette histoire, je l’ai lu en Inde quand j’avais 19 ans. On en revient au prix Nobel bipolaire et il a écrit le «Loup des steppes» à la fin des années 20, en plongeant dans sa psyché et racontant tout un parcours d’addictions et de salvations, tout le monde a aimé le livre comme une sorte de récit initiatique, personne n’a vraiment compris que le type parlait au premier degré. Et donc dans les années 1930, il écrit «Narcisse et Goldmund», et c’est le premier livre de Hesse que je lis en Inde à 19 ans, et pour schématiser, Narcisse c’est le grand spiritualiste doté d’un self control et d’une discipline phénoménale pour les choses de Dieu, et Goldmund c’est son élève chéri qui a passé la clôture du pensionnat pour aller vivre une vie d’aventure et d’instincts.

A la fin de l’histoire, Narcisse devient père abbé de son couvent et Goldmund condamné à la pendaison le lendemain aux aurores pour avoir couché avec la femme du Seigneur local. Narcisse n’est pas n’importe qui, mais il doit prendre un risque inconsidéré pour sauver Goldmund et il lui sauve la mise.

Alors pour les gens, c’est un beau roman d’aventure, mais quand j’ai refermé le livre, à la fin de l’histoire, j’ai compris que Narcisse et Golmund n’étaient qu’une seule et même personne, quelqu’un comme moi, comme son auteur dont je ne connaissais pas la pathologie à l’époque et qui dit ceci :

Ces hommes ont tous en eux deux âmes, deux essences; le divin et le diabolique, le sang maternel et le sang paternel, le don du bonheur et le génie de la souffrance coexistent et inter-existent en eux aussi haineusement et désordonnément que le loup et l'esprit en moi.

Ces êtres là, dont la vie est des plus inquiète, éprouvent parfois à leurs rares instants de joie une si indicible beauté et intensité, l'écume du moment jaillit si haut et si aveuglante au dessus de la mer de souffrance que ce bonheur éclatant et bref, en rayonnant, effleure et séduit les autres. C'est ainsi que naissent, écume éphémère et précieuse au dessus de l'océan de douleurs, toutes ces œuvres d'art par lesquelles un seul homme qui souffre s'élève si haut, pour une heure, au-dessus de son propre sort; que sa félicité rayonne comme un astre et, à tous ceux qui la voie, apparaît comme une éternité, comme leur propre rêve de bonheur. 

L'homme a la possibilité de s'abandonner absolument à l'esprit, à la tentative de pénétration du divin, à l'idéal de la sainteté. Il a également la possibilité inverse de s'abandonner entièrement à la vie de l'instinct, aux convoitises des sens, et de concentrer tout son désir sur le gain de la jouissance immédiate. La première voie mène à la sainteté, au martyre de l'esprit, à l'absorption en Dieu. La seconde mène à la débauche, au martyre des sens, à l'absorption en la putrescence. Le bourgeois, lui, cherche à garder le milieu modéré entre ces deux extrêmes. Jamais il ne s'absorbera, ne s'abandonnera ni à la luxure ni à l'ascétisme; jamais il ne sera un martyre, jamais il ne consentira à son abolition : son idéal, tout opposé, est la conservation du moi; il n'aspire ni à la sainteté ni à son contraire, il ne supporte pas l'absolu, il veut bien servir Dieu, mais aussi le plaisir ; il tient à être vertueux, mais en même temps à avoir ses aises. Bref, il cherche à s'installer entre les extrêmes, dans la zone agréable et tempérée, sans orages ni tempêtes violentes, et il y réussit, mais au dépens de cette intensité de vie et de sentiment que donne une existence orientée vers l’extrême et l'absolu.

Voilà la réponse à pas mal de questions, et c’est un malade psychique qui donne la clef. Une existence orientée vers l’extrême et l’absolu. Si j’en juge d’après ce qui est écrit plus haut, je tends à l’absorption en Dieu parce que je pense que ce sera la seule manière de supporter ce trouble. J’ai construit une maison et un promontoire de contemplation et de méditation au Brésil pour nourrir Narcisse, et Goldmund criait famine, alors cette nuit j’ai compris que le trajet terrestre pour arriver à destination faisait partie du voyage qui me permettra de changer de niveau spirituel. Au Brésil il semble que tout est possible, ici il semble que tout est si bien organisé qu’on a même plus besoin de Dieu. Et plus je suis perdu plus j’ai besoin de la présence de Dieu, et ici en Suisse je ne suis pas perdu. Arrivé à destination, la vie de l’instinct du Goldmund qui sommeille en moi sera satisfaite et je peux vous garantir de sacrées photos si j’y arrive. Ce sera l’œuvre du Goldmund, mais au bout d’un moment, je me demande si Narcisse ne va pas se réveiller et réclamer lui-aussi sa nourriture.

En définitive, il ne semble pas y avoir de réelles issues, et s’il y en a, j’ai compris que moi seul la trouvera, ni un médicament, ni un médecin. Hesse disait que : Tous ces hommes, quels que soient les noms que portent leurs actes et leurs œuvres, n'ont pas, au fond, de vie proprement dite; leur vie n'est pas une existence: elle n'a pas de forme, ils ne sont pas héros, artistes ou penseurs de la même façon dont d'autres sont juges, médecins, professeurs, maçons ou cordonniers; leur vie est un mouvement, un flux éternel et poignant, elle est misérablement, douloureusement déchirée et apparaît insensée et sinistre si l'on ne consent pas à trouver son sens dans les rares émotions, actions, pensées et œuvres qui resplendissent au-dessus de ce chaos.

Je pourrai revendre ma voiture, faire acheminer ma caravane à Mombassa par cargo container, acheter une voiture sur place, et j’y suis aussi. Mais je pense que le voyage sera nécessaire pour me purger de mes dernières envies.

Une psychologue avait pointé les 3 plus gros problèmes d’un bipolaire avec 3 questions :

1) Comment vous gérer votre argent (on n’a pas vraiment la notion, c’est pour ça que je transformais tout en or ou objets de valeur)

2) Comment vous gérer votre sexualité

3) Comment vous gérer les délires ?

Alors avec une femme et entouré d’une famille, on fait un peu plus gaffe, mais seul et en roue libre, l’argent tombe chaque mois, la sexualité est gérée avec la main droite, comme Diogènes, et même si la douceur de la peau d’une femme me manque, je crois que je suis entrain de me faire une raison, la pureté sera nécessaire pour l’absorption en Dieu. Parce que sur la vie de couple, il faudrait vraiment vouloir chercher des emmerdes pour recommencer, mais la douceur de la peau d’une femme…, eh bien on oublie et on se contente d’internet, et quand il n’y aura plus d’internet, en Afrique, eh bien en même temps que je commencerai ma route, je commencerai à prier sérieusement, parce que je prie toujours le chapelet quand je conduis. Ce sera un voyage en kilomètres et un voyage de pureté, et peut-être qu’arrivé à destination, je serai prêt pour le voyage le plus long d’une vie, comme me l’a dit un jeune prêtre que je connais depuis qu’il était séminariste, et qui m’a dit : Le plus long voyage d’une vie est celui qui va de là (il montre sa tête), à là (il montre son cœur). Il m’a aussi dit qu’un signe n’était pas un signe, mais que deux signes étaient un signe.

J’écris toutes ces conneries sur mon site parce que je sais qu’il n’est lu que par une poignée de proches, il s’agit de cogitations d’hôpital, mais il va falloir assimiler tout un tas de maximes pour tenir le coup durant les 2 mois de voyage. Déjà tout le manuel d’Épictète, mais qui peut se résumer en une phrase : «Si le problème ne dépend pas de toi, pourquoi tu t’inquiètes ? ; mais si le problème dépend de toi, arrêtes de t’inquiéter et résouds-le.»

Mais il faudra aller plus loin qu’Épictète, parce que depuis Jésus, on sait que Dieu peut agir directement dans sa création à notre avantage, quitte à violer les lois de la nature qu’il a lui-même créé.

Et si on croit en un Dieu pareil, qu’on croit qu’il est plus proche que le souffle qu’on respire, qu’il est tout puissant, qu’il est notre berger, eh bien Épictète, … on s’en fout !

Franchement, j’ai pas une gueule tout de travers, et si j’avais trouvé quelqu’un durant ces deux ans, eh bien oui, je me serai laissé avoir, ou en tout cas, les choses auraient pris une autre direction, mais avec la marque de Caïn sur le front, j’ai l’impression que je suis condamné à errer en solitaire comme le vieux lion chassé, de me contenter d’alimentation au lieu de nourriture. J’erre ainsi avec le seul ami capable de me suivre : mon Seigneur et mon Dieu.

Je n’ai pas oublié ce que j’ai écris au Brésil, que ce voyage serait illusoire et impossible dans l’état où je me trouvais et que le Nobel résume bien ainsi : Les jours de ténèbres, je ne puis communiquer, tout m'apparaît si lointain. Je suis seul dans les espaces glacés de mon âme et plus aucun sentiment ne m'appartient. Alors, je guette l'étincelle. Je sais qu'une lumière va percer mes ténèbres et venir me toucher, mais je ne sais pas où la chercher.

Moi je sais où la chercher, dans la création, c’est la clef qui me donnera accès à mon cœur et donc à mon Créateur.

Ce soir j’ai raconté mon projet à Julien, parce que lui, à mon âge, il était encore au taquet de toutes les choses régionales, tandis que moi je suis déjà bien loin de ça et si je ne fais pas quelque chose j’en prends la même direction, le lit, le doute, les quelques écritures ici, et rien d’autre, désintérêt total pour tout. Je lui ai dit : Si tu pensais que t’avais encore le jus pour le faire, tu le ferais ? Mais il n’arrivait même pas à concevoir la chose. 

Et à vrai dire, je pense que personne ne peux concevoir la chose à part un type qui voulait partir comme ermite en Amazonie à 20 ans et qui s'était acheté une mule et une tente pour le faire. Là on va dire que je suis un peu mieux organisé qu'à 20 ans, moins en forme mais mieux organisé. Le problème c'est que d'une certaine manière, si je réussi ce sera la perdition aussi, ... en Dieu.

Bon, ben j’hésitais à poster, mais comme il n’y a que les 35 followers habituels qui suivent, ça reste des cogitations hospitalière, m’étonnerai qu’un toubib tombe dessus.

Malevoz, le 25 septembre 2025

La vérité

La vérité, c’est que comme je l’avais dit à Vera en pleurant : «Je ne sais pas vivre !». Parce que je vois bien les gens comment ils vivent, ils sont contents d’aller au marché le samedi matin parce qu’il vont rencontrer plein de gens, ils sont contents de sortir manger au restaurant, ils sont contents d’aller voir un match de foot ou d’autre chose ou bien il sont contents d’aller à la piscine ou aux bains thermaux. Mon frangin, qui est seul, est content de sortir le soir, il ne va en retirer aucune satisfaction personnelle puisqu’à chaque sortie, la femme occupe la majeure partie de ses pensées, et il n’a toujours pas de femme, inutile de faire un dessin.

Alors la vérité, et qui ne date pas de cette hospitalisation, vous pouvez la lire tout au long de ces actualités, c’est que psychiquement, j’en suis exactement au même stade que Julien, mais avec un peu d’avance, parce que quand il avait mon âge, il s’intéressait encore à tout. Alors je n’arrive pas encore à rester 14 heures par jour plate sur le lit sans dormir (il dort quand-même la nuit), mais disons qu’une dizaine d’heures sont déjà à ma portée (si on enlève les heures de sommeil). Au Brésil, je m’étais mis à regarder le JT Suisse, pas tellement pour me tenir au courant des nouvelles, mais plutôt pour retomber dans une ambiance sécurisante : Arthur Revaz toujours d’attaque, 3 heures de bouchons au Gothard, tout va bien, ça rassure quand on se sent perdu au bout du monde.

Mais sinon, il faut bien le dire, plus rien ne m’intéresse assez pour que le matin, je décide de prendre en photo un bouquetin par exemple. Même si j’aime bien la photo, je sais ce que ce cliché signifie : saisir mon appareillage photo et mes jumelles, levé aux aurores, monter avec la voiture au plus haut qu’on peut monter, laisser la voiture et continuer à pied avec 4 kilos de matériel photo + 1kg de jumelles + de quoi se nourrir. Et quand on trouve un couloir susceptible de voir passer des bouquetins, eh bien il y a «la planque», jusqu’au soir s’il le faut. Et une fois sur 2, t’auras fait tout ça pour rien parce qu’il n’y aura pas eu de bouquetins, et la fois où tu l’as, admettons que tu tires un beau portrait d’un bouquetin, ça va intéresser qui ? Franchement ?

Et ainsi je n’ai plus ni la force ni la motivation pour ce genre de trucs, la psyhé qui ressemble dramatiquement à celle de Julien, à la différence de lui c’est comme je lui avait dit l’année passée : «Tu dois t’alimenter, si tu restes aussi faible que ça, Dieu ne pourra pas t’aider.» Physiquement il est au plus mal, tandis que moi, même si je n’ai plus vraiment de goût pour la nourriture, j’ai toujours fait attention à m’alimenter suffisamment, j’ai un poids et un physique qui tient vraiment bien le coup du fait de l’absence totale de sport, et il me reste un peu de jus. Même si j’ai des douleurs, je n’en suis pas au même stade que lui qui a perdu 25 kilos, doit faire attention en marchant pour ne pas tomber et ce genre de choses. Alors quand je vois ça, finir comme ça, ou alors comme on a discuté tout à l’heure dans le patio avec des patientes dont l’une s’était inscrite à Exit. Alors bien sûr, vu que celle qui est inscrite a à peine 30 ans, du coup ça a intéressé l’autre que je vois pleurer depuis 15 ans ici, dans une vraie prison mentale où il n’y a plus que des problèmes et aucune solution. Alors finir plate comme Julien qui n’aura même plus la force d’argumenter pour s’inscrire à Exit et les autres qui s’imaginent mettre un terme à leurs problèmes ainsi, eh bien moi j’ai trouvé la solution, je le leur ai dit : «Je ne me vois pas payer un couillon pour qu’il vienne m’apporter du poison, je préfère les lions !»

C’est ainsi que pour dire la vérité, si je ne veux pas me parjurer avec Vera à qui j’ai promis de ne pas me laisser tomber (decha caïr), eh bien en guise de solution il y a à rester en Suisse dans un appartement à attendre que quelque chose se passe, et là je suis bien parti pour grapiller les 4-5 heures qu’il me manque par rapport à Julien. L’autre solution c’est le Brésil, mais c’est pareil que la Suisse. Une fois que je suis là-bas, j’ai toute une installation d’observation, je n’ai pas besoin de me préoccuper des repas, et là-aussi, je vais arriver aux 14 heures de lit sans dormir ni ne m’intéresser à plus rien, comme Julien.

Et donc la seule véritable solution, c’est de me mettre dans un environnement challengeant quasiment sans issue de secours : La route… Continuer la route quoiqu’il arrive, parce que la seule issue de secours c’est s’écrouler, et je sais une chose, c’est que passé le Sud Maroc, s’écrouler signifiera de sacrés emmerdements, ce sera une autre chose qu’un coup de fil à Malévoz pour savoir si on peut entrer le lendemain. Ceci dit, je connais les deux molécules qui peuvent m’aider au moins durant la traversée, l’une pour le moral, et l’autre au cas où je vois trop de choses, que je vis trop de choses, que le cerveau se met à les digérer durant la nuit au lieu de le faire en direct ou léger différé, donc on ne dort plus et on fini par péter les plombs. Et là aussi, je connais la molécule propice à calmer toutes ces idées, et peut-être ensuite, adapter mon rythme. Reste plus qu’à se les faire prescrire par un toubib qui me fasse confiance, parce que les 4 boites de bonne humeur que j’ai dans la caravane et le neuroleptique pour calmer un peu les images ont comme date d’expiration 2024. J’imagine qu’ils font encore effet, mais si je pouvais en avoir des récents, ce serait aussi réconfortant.

Mais vu la situation, mon désintérêt pour tout allant croissant, le règne animal étant le dernier à susciter encore mon intérêt, je vais tenter de l’atteindre avant qu’il ne soit trop tard.

La solitude contrainte

J’ai pris très au sérieux la remarque du Professeur Rubilla à Casablanca lorsque je lui ai montré ma carte de l’Afrique et mon parcours. Il m’a répondu : «Vous pouvez le faire, mais pas seul !». La vérité c’est que j’ai cherché partout une compagne avec peu de motivation. J’ai eu des contacts avec une agence matrimoniale Russe mais une Russe qui marie un Suisse n’a pas forcément envie d’aller en Afrique, j’ai aussi essayé des sites de rencontres, avant de me rendre compte qu’au lieu de Natalie (Vétroz), Véronique (Montreux), et toutes les autres des alentours, eh bien c’était tous des nigérians. Je m’en suis rendu compte lorsque le Nigeria a perdu la coupe des Nations d’Afrique contre la Côte d’Ivoire, elles étaient toutes déprimées…

Donc voilà, l’aventure «site de rencontre» a tourné court parce que payer 1 franc le pack de 5 messages pour communiquer avec un jeune nigérian qui s’appelle Françine, qui habite à Sierre, et qui cause allemand (comme toutes les autres), ils ont dû décidé qu’en Suisse ça parlait allemand alors qu’elle soit de Vétroz ou de Montreux, elles parlent toutes allemand.

Au Brésil j’ai aussi cherché quelqu’un susceptible de pouvoir m’accompagner, comme vous pouvez le lire dans les actualités, et ça a continué jusqu’à fin juin où je me suis dit : «Si tu cherches vraiment une compagne, un visage familier et rassurant pour une aventure de ce genre, va passer octobre-novembre à Calcutta, plus précisément à Sudder Street, parce que là arrivent les routards les plus aventureux de l’Inde», … ainsi que toute une faune de volontaires, bénévoles et pédophiles occidentaux. La jeune patiente d’ici inscrite à Exit a été en Inde et dans un endroit proche de Calcutta. Lorsque je lui ai demandé si elle avait été à Calcutta, elle m’a répondu : «Mais qu’est-ce qu’il peut bien y avoir à voir à Calcutta ?». Donc non, il n’y a rien à voir à part la misère, mais je me disais que le contact social entre routards avait toujours été très aisé, et que si je cherche une compagne pour ce voyage, ce serai bien là le seul endroit où je pourrais en trouver une assez intrépide pour tenter l’affaire. Mais j'ai dit que je cherchais avec peu de motivation, et pour aller me clouer 2 mois à Sudder Street, il en faut de la motivation, sans garantie de succès...

Mais maintenant que je vois que même ici, dans un hôpital psychiatrique, qu’une femme, à la rue, sans papiers sécurisants, préfère aller en Indonésie (où elle n’a jamais mis les pieds) en novembre, plutôt que de s’aventurer dans un truc pareil, eh bien je me dis que je peux même m’éviter Sudder Street et Calcutta, ça ne mènera pas tant plus loin, le signe de Caïn…

Vous y croyez moyennement à cette marque de Caïn, je l’appelle comme ça parce qu’après le meurtre d’Abel, comme Caïn qui a été condamné à parcourir la terre en errance, il avait cette marque de Dieu sur lui qui le rendait intouchable, il ne risquait absolument plus rien, et je pense que c’est pareil pour moi par rapport aux bonnes femmes. La seule assez audacieuse et inconsciente pour avoir osé m’embrasser par surprise était une cocaïnomane assez disjonctée, elle n’avait pas vu la marque ! Et ainsi, je sais et je suis sûr que Dieu n’a pas voulu de moi dans les ordres religieux, j’ai fais une retraite de 15 jours en Argentine pour le savoir et il a répondu assez clairement. Ensuite il y a eu cette histoire de deal avec Dieu en Inde qui a abouti au baisé d’une autre inconsciente qui n’avait pas remarqué la marque. Bon, et donc maintenant, si en 2 ans j’ai pas fait la moindre touche en allant jusqu’au bout du monde et que je me prends même des râteaux dans un hôpital psy, il faut bien se rendre à l’évidence : La marque de Caïn est devenue impossible à ignorer à quiconque se retrouve en face de moi (une sorte de protection divine contre les femmes), parce que quand on connaît l'Histoire, de Troie par exemple, on voit bien que toutes les armées et murailles du monde ne tiennent pas, donc il faut un bouclier anti-femme divin).

Ainsi, à partir de maintenant, il faut que j’imagine tout le périple vraiment livré à moi-même. Je sais déjà que je vais péter les plombs, mais comme mentionné plus haut, j'ai les médics qu'il faut, et si on ne me les prescrit pas, je ne m'en inquiète pas trop, en Afrique, on peut acheter les médicaments au bord de la route... mais je pense que je vais les commander à Amsterdam déjà avant de partir, plus facile et moins compliqué.

Alors voilà, la Providence Divine, et tant que ça roule, eh bien je roule. Arrivé à certains moments, comme par exemple déjà 800 km après Tanger, eh bien on pénètre dans un territoire vide d’humains, tout le Sahara. A partir de Bangui ce sera à peu prêt la même chose, mais avec un environnement différent.

Donc beaucoup de solitude, et il me faudra la proximité de Dieu pour qu’il puisse œuvrer, car c’est dans ma faiblesse que sa force se déploie.

Et une fois sur place, inch’allah, on verra bien la suite du programme, Dieu ne dévoile jamais le Plan, il nous accompagne sur le chemin et on ne découvre le Plan qu’à posteriori.

La vérité c’est aussi que je vois autour de moi plein de gens qui ont la même maladie que moi et qui traînent jour après jour une vie misérable. Ils vivront peut-être même vieux, mais une vie d’angoisse, de pleurs, de déprime, … le lion dans la savane a une espérance de vie d’une douzaine d’années, en cage dans un zoo : 30 ans ! Mais allez lui demander au lion ce qu’il en pense ? Régner sur un royaume durant 8 ou 10 ans et finir comme ça doit se finir, ou bien amuser les touristes pendant 30 ans…, des touristes qui te jettent des cacahuètes parce qu’ils ne sont même pas au courant que tu n'es que carnivore ?

Bon, eh bien j’avais lu un jour que l’espérance de vie d’un bipolaire comme moi c’était 38 ans, j’ai déjà eu droit à du gras grâce à ma guérison à Lourdes à 36 ans, sans ça, je serai sans doute mort à 37 ans, voire tirer jusqu'aux 38 de l'espérance de vie promise. Maintenant j’ai le choix de sombrer dans une sorte de léthargie parce que plus rien n’est à même de captiver ou motiver mon attention, ou bien me mettre dans un environnement challengeant, et si j’arrive au bout de la route, eh bien je vais pouvoir m’adonner à la léthargie, ...le lion dort 20 heures par jour, je vais me calquer sur le rythme.

Malévoz, le 27 septembre 2025

Vivre ou survivre ?

En avril 2024, après plus de 3 mois de séparation, j’avais bien compris mon rôle, ma fonction, le sens de ma vie, je l’avais d’ailleurs dit au curé qui nous a marié : «La respiration !, le seul travail qu’on attend encore de moi est que je continue à respirer car le seul fait de m’oxygéner génère des rentes chaque 1er du mois. Rien d’autre que respirer, et c’est pour ça que les fins de mois sont un peu plus faciles que les débuts de mois, parce qu’en fin de mois, je sais qu’il ne me reste que quelques jours à respirer pour faire advenir la rente suivante, tandis que si on est en début de mois, je sais qu’il va falloir respirer très longtemps avant de rendre exigible la rente suivante.»

Voilà, ça c’est la base en dessous de laquelle on ne peut pas aller, le plus petit dénominateur commun de la vie biologique. Il faut rajouter là-dessus l’alimentation mais en se forçant, ça entre.

Et ici se trouve toute la différence entre la vie et la survie (une espérance de vie d’une dizaine d’années dans la savane qui peut être multipliée par 3 si on réduit la vie à de la survie dans une cage).

J’en suis toujours exactement au même point : Si je respire, les rentes que je génère peuvent faire vivre toute ma famille sans que ça ne vaille un remerciement (ceci dit, c’est rare de recevoir des remerciements pour avoir respiré), les gens qui vivent au lieu de survivre ne sont plus conscient que respirer compte déjà comme un effort pour un type dans mon genre.

Ce matin, j’ai voulu m’extraire de cette condition léthargique en allant à la messe dominicale, alors après mon petit-déjeuné, j’ai été me raser, prendre un bain, m’habiller, et quand j’étais prêt, je me suis rendu compte que je n’avais ni la force ni la motivation nécessaire pour faire 500 mètres à pieds pour aller jusqu’à l’Église. Alors j’ai enlevé mes habits et me suis recouché en me disant que respirer sera suffisant pour aujourd’hui. On est le 28 du mois, dans 3 jours la rente d’octobre sera due, et ensuite on verra bien comment.

La vérité, c’est que ça fait plus de 2 ans que je survis et que je vois bien que personne, ni la famille, ni les amis, ni les infirmières, ni les docteurs ne peuvent apprendre à vivre à des types comme nous.

Ainsi, la solution au problème ne dépendra que de moi. Parachuté à Tanger avec mon matériel, je sais que cette fois je préférerais mourir que me faire rapatrier (les procédures administratives et d’assurances suite à mon rapatriement de début juillet 2024 ne sont encore pas réglées). Alors, lâché au milieu de l’Afrique, je vais réellement me retrouver dans la situation de Cortez qui brûle ses 17 navires pour que ses hommes ne soient plus tentés de faire marche arrière, ou Jules qui franchi le Rubicon avec toutes ses légions, et dans ce genre d’aventure, comme je l’ai écrit au Brésil, il n’y a que deux issues : La victoire ou la mort, et il faudra accepter le prix qui va avec (la quiétude en cas de mort ; les honneurs, distinctions et salamalecs d’hypocrites en cas de victoire).

1) Si j’arrive au bout de mon chemin et que j’arrive à m’installer dans le royaume des lions, ce sera ma victoire, peut-être inconnue du monde, mais ma victoire quand-même. Ce voyage transformera ma survie en vie, mais pour combien de temps ? 3 mois, 6 mois, une année ? Et après il faudra trouver une autre idée ou alors vivre si proche de Dieu que je n’aurai plus besoin de rien, que j’aurai peut-être réalisé le plus grand voyage de ma vie, le voyage ma la tête à mon cœur.

2) Si je me fais tuer, à la bonne heure ! Tous les soucis, … enfin, je n’ai pas tellement de soucis, j’ai juste perdu ma famille, ma maison, mon héritage, ma collection de montres de haute horlogerie, mon appétit, mon sommeil, mon envie de vivre, je suis poursuivi par un tribunal civil et un tribunal pénal, donc pas vraiment des soucis, mais une lassitude totale de tout ce merdier.

Comme je vois bien que personne ne va pouvoir me proposer une autre solution que la survie, que ce soit les médecins, mes parents, mes enfants, car tous ceux qui m’aiment voudraient me voir survivre le plus longtemps possible. Pour faire quoi ? D’après mon paternel :

- Aller servir les repas aux pauvres à l’hôtel Dieu. Mais je pense que les pauvres qui vont manger à l’hôtel Dieu sont plus riches que moi, alors je vais m’abstenir de faire semblant de m’apitoyer sur leurs histoires.

Il faudra donc que je passe outre les conseils de tous ceux qui me veulent du bien pour m’immerger dans un environnement où il n’y aura plus le choix, mais il s’agira là de la vie, la vraie, pas de la survie, et dans ce genre de vie là, la seule règle qui importera sera exactement la même que celle de la savane : chasse ou crève de faim (roule ou crève, idem).

C’est déjà un peu plus grisant que cette affaire de respiration, mais entre la respiration dont plus personne ne prend garde parce qu’ils ont plein d’occupations plus intéressantes que ça (sans compter les smartphones qui viennent à leur rescousse dans les moments creux), je vais devoir me hisser à un niveau vital nettement plus palpitant que le commun des mortels parce que je n’arrive tout simplement pas à vivre comme eux : dans la zone tempérée et confortable qui ne m’intéresse plus et qui me plonge invariablement dans la respiration. Ainsi, soit je me situe à un stade de léthargie absolument anormale, soit je dois élever le challenge jusqu’au point où il devient suffisamment intéressant pour développer une énergie nouvelle, et me remettre à vivre, peut-être 2 mois de plus, peut-être 6, peut-être même plus, on ne sais jamais.

Et puis, … Jésus a vécu 33 ans et on en parle encore aujourd’hui, Mozart a fait 35 ans et on en parle encore aujourd’hui, Cortez a brûlé ses navires quand il avait 34 ans et Jules a passé le Rubicon à 48 ans. C’est en général quand on est jeunes qu’on fait des trucs intéressants. Qui se souvient d’un truc intéressant fait par vieux ? A part Diogènes qui en a tellement plein le cul des hommes qu’il décide de se suicider à 90 ans en arrêtant de respirer, tout simplement, même pas besoin d’Exit. Mais à part lui et un mode de suicide original, les vieux ne font plus rien de tellement intéressant, ils se contentent de raconter de vieilles histoires à des jeunes assez sympas et polis pour écouter, … mais c’est des histoires qui se sont passées lorsqu’ils étaient encore en vie, parce qu’en général, quand ils les racontent, ils sont déjà morts, … ou plutôt, ils se contentent de la survie en rappelant quelques souvenirs à la rescousse pour s’imaginer encore vivants.

Achile non plus n’a pas fait vieux, et il avait le choix, il aurait pu trouver une gentille femme qui lui aurait fait des enfants, qui auraient eux-même fait des enfants, et lorsque ceux-ci auront à leur tour faits des enfants, eh bien on parlera peut-être encore un peu du vieil Achile, impotent, mais après sa mort, plus personne ne se serait souvenu de son nom. Il a choisit une vie brève et intense, et 3000 ans après sa mort il est encore si connu que son nom a donné naissance à une expression populaire. Il a juste mené la vie pour laquelle il a été fait, ça a été bref, intense, et glorieux. Sa courte vie a dû lui apparaître intéressante, et après sa mort, eh bien, que les gens en disent ce qu’ils veulent c’est bien égal, mais un nom qui traverse les âges est un nom qui a été porté par un vivant et pas un survivant.

Ainsi, la seule question qu'il me reste à résoudre c'est vivre ou survivre ? La survie ne m'intéressant pas tellement, je vais essayer de vivre encore un peu, ce sera peut-être bref, mais au moins j'aurai vécu.

Ceci dit, au jour d’aujourd’hui, 28 septembre, je continue à survivre, car ça je sais faire : respirer, m’alimenter, mais à vrai dire, j’ai l’impression d’être descendu un cran au-dessous du niveau de survie, car si je peux bien me dire que je marche à la droite de l’Éternel, mon Berger, eh bien la faucheuse marche à ma droite, je la sens présente depuis l’aube, et quand elle est là, il n’y a que la mort qui puisse m’apporter une lueur d’espoir, une étincelle d’espérance. Alors quand il en est ainsi, saisi d’un désir morbide qui m’entoure de tous côtés avec pour seule certitude que la mort est la seule capable de m’apporter la délivrance que je recherche partout sur la surface de cette putain de terre, eh bien on ne pense plus qu’à elle.

Cet après-midi, j’ai pris exemple sur Julien pour m’exercer un peu. Et je vois bien que ça n’y est pas encore, je suis pas cap. Je peux tenir 3 heures dans mon lit les yeux ouverts, mais je n’arrive pas à le faire dans une immobilité totale, comme lui. Bon, lui il a beaucoup plus d’expérience et d’exercice que moi en la matière, il doit être au moins ceinture noire 8ème damne en morbidité, parce qu’il tient les 3 heures même sans tourner une seule fois la tête de l’autre côté, histoire de soulager les vertèbres cervicales (il dort face contre matelas, les bras le long du corps, sans coussin, donc la tête soit d’un côté, soit d’un autre, et une fois qu’il a décidé du côté, eh bien il les tient facile les 3 heures yeux ouverts). Entre cette vie et un cadavre, il n’y a que le souffle qui les sépare. Je vais encore essayer de m’entraîner à rester ainsi plate, mais ce n’est pas si facile qu’on le croit.

Non, sans déconner, j’y arrive pas ! Ou alors il faut des drogues pour tenir, sinon ça ne me semble pas réaliste.

En fin de compte, il ne faut pas se mentir, cette histoire d’Afrique ça reste quand-même un voyage vers la mort, et rien à cirer si plus personne ne se souviens plus de moi dans 10 ans. La route sera pénible parce que les humains ont tendance à préférer les trucs compliqués à la simplicité, donc il y aura des complications mais je pense que personne ne va me tuer. Une fois arrivé dans le royaume animal, ce sera la simplicité sans aucune complication, et la destination finale.

Je ne peux pas m’auto-éliminer parce que j’ai été programmé différemment et que je sens que ça ne serait pas tellement bonne idée pour mon avenir céleste, alors je vais laisser les autres s’en charger. Si c’est un humain qui le fait, il aura des emmerdes avec les autorités, tandis que si c’est un lion il n’en aura aucun, le royaume animal est si simple et loyal.

En fin de compte, pour arriver à destination, je sais exactement quels médicaments me permettront de résister à un voyage pareil, mais comme les médecins vont rechigner à prescrire, je ne vais même pas m'emmerder à demander dans le vide comme l'année passée, je vais directement commander à ma pharmacie à Amsterdam, c'est là que je commandais les gélules de Tramadol par lot de 200 (10 paquets à la fois maximum, attention c'est sérieux ;-)) Bref, ils m’enverront toute la pharmacopée nécessaire pour envisager plus sereinement le voyage, et ensuite, … vaille que vaille, Monjoie, Saint Denis, que je trépasse si je faiblis !

Malévoz, le 28 septembre 2025

Dieu sait-il ce qu'il fait ???

Allez, il est 02h00 du matin et les médicaments que j'ai attendu toute la journée parce qu'ils étaient sensés me permettre d'atteindre l'évasion dans les rêves n'ont pas fait effet.

Et donc j'ai un nouveau sujet à proposer parce que ça me fait chier de rester au lit sans dormir comme Julien. 

Si on prend les 3 caractéristiques de Dieu, il est omniscient (il sait tout), omnipotent (il peut tout), et bénévolent (il ne veut que le bien), il y a un truc qui cloche, parce que pour faire un univers pareil, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, il est quasi obligé d'être omniscient et omnipotent et même de vivre en dehors du temps, mais la troisième caractéristique pèche un peu, parce qu'il n'est pas autant de bonne volonté qu'on le dit.

DIEU est-il réellement un être de bonne volonté ? C'est une question valable parce qu'avec moi, il s'est tiré une balle dans le pied tout seul, comme un grand, je vais expliquer un peu la situation...

On a tous une dette envers Dieu : La vie ! Nos parents nous ont donné la chair et les os, Dieu a transformé tout ça en éternité, et ainsi on lui doit la vie.

Mais ici déjà la dette diffère d’une personne à l’autre. Celui qui naît dans la ouate avec une cuiller en or dans la bouche a une plus grande dette que le misérable qui naît dans un bidonville de Dakha. Et plus on a une vie de merde, plus la dette sera petite.

Les chrétiens prétendent qu’on a encore une plus grande dette que ça parce qu’ils veulent nous coller sur le dos la mort du Fils que le Père a accepté d’offrir en holocauste pour nous sauver du péché qui découle du péché originel.

Mais tout bien réfléchi,... à mon avis on ne lui doit que notre vie, guère plus, parce que le péché originel, la pomme d’Adam, … faut être un peu sérieux quand-même : Dieu donne le jardin d’Éden à Adam et lui interdit de bouffer le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ??? C’est à cause de ça qu’Il va devoir sacrifier Son Fils pour nous sauver la mise, et faudrait encore qu’on s’apitoie sur son sort ?! Franchement, s’il voulait s’éviter toute cette merde, il n’avait qu’à pas le planter au milieu du jardin, son arbre de la connaissance du bien et du mal, et laisser Adam bouffer tout ce qu’il aurait voulu et il n'y aurait jamais eu de problème. Ou alors il aurait planté l’arbre du fruit de la connaissance du bien qui proposait de beaux fruits appétissants, et un deuxième arbre de la connaissance du mal avec des fruits rouge sang rabougris, entourés de pointes, genre de truc qu’on laisse manger aux serpents.

Alors puisqu’il en est ainsi, les chrétiens ont tord, on n’a pas une si grande dette qu’ils voudraient nous faire croire : la mort de Dieu sur la conscience ! Carrément ! Faut pas déconner, c’est de la faute du jardinier, du serpent, de l’arbre, de la femme aussi, mais pas d’Adam qui n’a fait que suivre le mouvement, innocemment, et si ça se trouve, juste pour faire plaisir à la femme, rien de plus.

Donc à vous tous, il vous reste la dette de votre vie envers Dieu, parce qu’en ce qui me concerne, c’est le contraire, c’est Dieu qui a une dette envers moi. Je lui ai laissé la main pour choisir la femme qu’il avait prévu pour ma vie et il m’a déconfié. Et je peux vous dire que pour laisser la main à Dieu sur une affaire pareille, on doit vraiment être sûr qu’il saura mieux choisir que soi-même, sinon on ne le fait pas. Donc en fin de compte, il m’a laissé bosser pour lui en Inde et au Brésil, et ensuite, alors que je m’apprêtais à lui offrir ma vie en partant avec ma mule faire l’ermite en Amazonie, eh bien en guise de remerciement, il m’a encore niqué mes 30 meilleures années en me fourguant une bonne femme intelligente mais pas fiable, hystérique, hypocondriaque, mythomane, hypocrite, manipulatrice de haut vol (c'est d'ailleurs à ça que doit servir son intelligence), menteuse dès l'origine, avec toujours un filet de venin au coin de la bouche (soit pour médire, soit pour calomnier), et malgré son parfait équilibre mental (si on peut dire), elle va voir un psy ?!?? Franchement, si à l’époque j’avais ouvert le bottin téléphonique au hasard pour marier la première qui décroche, j’aurai fait mieux que Dieu ! Bon, j’imagine qu’il ne savait pas trop à qui donner une peste pareille et il s’est dit : «On va la refourguer à David et on verra ce qui se passe... ça finira bien par capoter mais au moins, il y aura cru durant tout ce temps, cet empoté de puceau rêveur !»

Enfin, je dis ça mais j’en sais rien, peut-être que c’était juste pour se marrer, ou pour me faire chier, peut-être tout simplement que je lui tapais sur le système et qu’il m’a glissé une peau de banane, on s’en fout de ses raisons, le résultat parle de lui-même : Dieu s’est planté comme un bleu, une stagiaire d’agence matrimoniale aurait fait mieux à tous les coups (à moins d’être aveugle, analphabète, et atteinte d’Alzheimer.)

Alors je peux bien prier le chapelet à la Sainte Vierge, ça ne coûte rien et ça ne mange pas de pain, et la sainte vierge est une figure empathique qui semble de bonne volonté, gentille et douce. Mais la vérité c'est que j'ai même perdu le goût à prier mon chapelet, et à part ça, je continue un peu de prier, mais avec modération ou par des voies détournées. Par exemple la nuit passée, j’ai prié le docteur Rivera, mon premier médecin colombien qui est mort, afin qu’il éclaire un peu les médecins de par ici, parce qu’ils m’ont quand-même l’air passablement dépourvus. Mais pour être sincère, la prière avec Dieu est devenu une valse à deux temps. Parfois j’ai encore envie de lui faire confiance, contre toute espérance, parce que si l’espérance est un élastique, le mien est si tendu que je ne comprends pas pourquoi il n’a pas encore cassé.

Ceci dit, la plupart du temps je délègue ce genre de prières à mon ange gardien. Par exemple, le soir je lui dis : «Ange gardien, fais ma prière et fais-moi la grâce d’une bonne nuit, salut merci», et je baste là. Si je dis que je commence à me méfier de Dieu comme de la peste ce serait exagéré, mais disons que toute suggestion divine devient suspecte. La suggestion diabolique est claire et nette, il avance quasi à visage découvert, les intentions sont clarifiées ; tandis que Dieu avance masqué, avec un Plan secret, on ne sait rien et on est gentillement prié de faire comme Saint Joseph : Confiance à la divine providence et c’est tout. C’est d’ailleurs ce que j’ai cru durant longtemps après ma séparation : Dieu nous sépare un temps pour tout réparer et restaurer plus beau qu’avant. J’y ais cru, et peut-être continue-je de le croire encore malgré le fait qu’au Brésil, je n’ai pas prié pour réconcilier un couple, mais je pense que j’ai assez prié pour réconcilier une bonne quinzaine de couples… mais ça n’a pas fonctionné sur le mien. Donc l’espérance s’effrite ou va finir par se casser. Au Brésil, et même avant, je croyais que je pouvais tout faire. Avant même de sortir de cet hôpital, le 3 septembre 2024, j’ai fait une prière pour guérir Julien et l’ai fait embrasser mon chapelet magique, résultat :

Img 0019(J’ose mettre cette photo de l’année passée parce qu’on ne voit pas son visage et que le prénom est un prénom d’emprunt, mais disons que depuis cette photo ça n’a pas changé, il est toujours exactement dans la même position).

A peine plus tard, j’arrive au Brésil avec la ferme intention de guérir Lia qui est aveugle depuis 12 ans, histoire qu’elle puisse me voir, et donc je lui impose les mains et fait aussi une prière de guérison.

253Et rien du tout !

254Alors quand Jésus dit qu’on reconnaîtra ceux qui croient en lui parce qu’ils chasseront les démons, guériront les malades, feront les mêmes miracles que lui et même de plus grands, etc., eh bien la seule conclusion que je puisse en tirer c’est que je ne crois pas en Dieu. Je pensais que j’y croyais à fond, je ne pensais même pas, je le savais, j’y croyais dur comme fer, alors quand on y a cru autant que ça et qu'on s'est fait entourloupé, eh bien pour revenir à ce niveau de foi qui n'était rien (même pas la taille d’une graine de moutarde si on doit juger au résultat), je sais que je n’arriverai jamais à y croire plus que ça, et donc une foi factice qui n’ouvre la porte d'aucun miracle, une foi inutile qui n’en est pas une.

Mais pour en revenir à mon dilemme avec Dieu, je ne peux plus lui faire une confiance aveugle, parce que s’il s’est planté sur une histoire aussi importante qu’un mariage sacramentel, genre d’affaire qui aurait nécessité un minimum de réflexion de sa part puisqu’il y est directement associé et impliqué, eh bien bonjour si on veut lui demander un truc banal, du genre : Asie, Afrique ou Australie ? Bon, à mon avis il se fout complètement de la destination, ce qui l’intéresse, c’est la manière dont tu vas vivre, donc il ne donnera aucune réponse à une demande pareille.

Il m’a joué un si mauvais tour avec cette affaire conjugale qu’il va maintenant falloir qu’il rattrape ce coup, qu’il paye son ardoise envers moi s’il veut que je lui refasse un peu confiance. Il m’a bouffé les 30 meilleures années de vie juste parce que ça le faisait marrer de me voir ramer les 10 dernières années pour tenter de récupérer un amour qui n’a sans doute jamais existé !? Maintenant que je sais que j’ai été choisi au lieu d’aimé, eh bien j’attends de lui qu’il m’offre les 30 suivantes selon mon bon désir et mon bon plaisir. Et si mon désir est d’aller habiter avec les lions il en sera ainsi et qu’il se démerde un peu pour maîtriser ses créatures ! Ou du moins leur faire comprendre qu’un type qui erre sur la surface de la terre avec la marque de Caïn pour être à l’abri des femmes, eh bien le signe devrait être encore bien plus efficace sur les lions, parce qu’ils sont tout de même moins dangereux que les femmes (si vous voulez une guerre mondiale perpétuelle sans utilisation d’armes nucléaire, mettez une femme à la tête de chaque état et ce sera le cas).

C’est ainsi qu’on peut arriver à ne devoir rendre plus aucun compte à Dieu, parce que c’est à son tour de me rendre des comptes pour mettre les choses à plat. Et puis la dette de la vie… ? Quelle vie ? Des brimades, des reproches, des grimaces, de la comédie, un amour aussi factice que ma foi de polichinelle, traumatismes, au secours la police etc., sans compter mes problèmes de santé, donc si dette sur la vie il devait y avoir, la mienne serait vraiment toute petite, pas plus grande qu’une cacahuète = 10 centimes ! Alors il faudrait quand-même que Dieu commence à faire un peu gaffe : J’ai excommunié Franciscole qui se prenait pour un pape, il faudrait pas que Dieu se fasse excommunier à son tour de son Église, ça lui ferait une belle jambe ! Bon, je le laisserai avec toute sa bande d’apostats au Vatican et je m’en irai fonder une secte, avec en guise de Dieu le Saint Esprit et Jésus, en attendant que le Père fasse amende honorable pour que je puisse le rétablir comme patriarche de la Divine famille. C'est dommage parce qu'à la base, tous les deux, il me semble qu'on était parti du bon pied, et c'est pour ça que je dis au début qu'il s'est tiré une balle dans le pied, parce que plus rien ne sera jamais comme avant entre nous.

Alors voilà, si j’avais été élu pape, j’aurai compris la séparation d'avec ma femme, si Dieu m’avait confié n’importe quelle autre mission qui aurait impliqué de laisser ma famille un peu dans l’attente, eh bien je l’aurai fait. Mais là ça ressemble à une vraie séparation : pour toujours ! Je dis «ça ressemble», parce que ce n’est pas tout à fait la même chose qu’une séparation ou un divorce, car dans ces cas, les protagonistes se parlent encore un peu, même froidement. Tandis qu’ici rien, pas un mot depuis plus d’une année et demi, pas un seul mot ! Donc après 30 ans de mariage et 4 enfants elle boude comme une gamine de 8 ans et je ne sais même pas pourquoi, c’est tout sauf normal. Je lui ai envoyé des SMS et des e-mails privés, elle les a donné à son avocat (un abruti de première) pour me traîner et étaler sa correspondance devant les tribunaux des hommes… ?!?? En fin de compte, la sainte vierge que je croyais avoir marié s’est révélée être la dernière des chipies, et comme Dieu ne savait pas quoi en faire, il me l’a balancé sur le chemin en se disant qu'une sotte pareille ne ferai pas attention à la marque de Caïn. Elle n’a pas fait attention et moi j’ai cru, naïvement, et j’ai même cru tous les mensonges, il y en avait tellement qu’à la fin elle devait les bourrer dedans avec un pilon, et tant que ça rentrait, eh bien ça rentrait.

Alors entre Dieu et moi, ce n’est pas la guerre, mais ce n’est plus comme avant non plus. D'un côté je vois bien qu'il veille un peu sur moi, il m'a sauvé la vie plusieurs fois et même miraculeusement une fois, donc il doit quand-même avoir un bon fond. Mais il m’a trop déçu pour que je continue à ânonner comme le troupeau : «Seigneur j’ai confiance en toi», parce qu'à mon avis, ils n'ont pas confiance en lui, ils disent ça juste comme un mantra, pour se convaincre qu'ils ont confiance. S'ils avaient vraiment confiance, ils feraient des miracles, et comme ils n'en font aucun, ça veut dire qu'ils s'encouragent mentalement à vouloir avoir confiance, rien de plus. Moi je n’ai plus confiance en lui, ni aux curés, ni aux toubibs, ni aux patients, ni aux femmes, ni même aux hommes.

Et donc en fin de compte : allez tous vous faire foutre ! ... à part Dieu bien sûr, il faudra bien qu'il paye sa dette avant d'y aller.

Malévoz, le 29.9.25

On se calme...

Oui, j'avoue, j'ai un peu perdu les pédales en inventant une histoire à dormir debout, donc on se calme et on voit de l'avant.

Réflexion du soir

Aujourd’hui est un jour meilleur. J’ai vécu 4 ou 5 jours comme dans la vallée de l’ombre de la mort, le doute s’insinuait, … je ne suis pas assez, ce sera trop…, sans compter les curieux à gérer. Je ne voyais pas comment je pourrais gérer tout ça, la route, les haltes, les curieux, le trajet, avec un moral aussi bas, une humeur massacrante, en colère contre Dieu lui-même.

Le problème avec Dieu c’est qu’on peut bien récriminer, il ne vas pas entrer dans le jeu pour argumenter quoique ce soit. Lui il a le Plan, il se contente de donner des impulsions, et si on lui fait confiance, il nous permet de réaliser à peu prêt n’importe quoi.

Mais comme vous avez pu le lire plus haut, la confiance n’a pas été au beau fixe ces derniers jours, et je vois bien que tout ça dépend de mon humeur, de ce décimètre cube de matière grise qui ne veut pas se laisser domestiquer. Bon, alors de ce côté, je sais quoi prendre pour être de bonne humeur tout au long du voyage, c’est un médicament que j’ai pris durant 25 ans, un des premiers antidépresseur qu’ils ont conçus dans les années 60. Mon vieux médecin colombien bossait un peu avec les labos, parce que les 6 premiers mois, il m’a fait essayer les tous dernier médicaments, et même plus, c’est lui qui me donnait les plaquettes parce que ça n’existait pas encore en pharmacie, et il savait dessiner le diagramme moléculaire de chaque médicament qu’il prescrivait, il trouvait ça fascinant. Mais il posait les bonnes questions et me rendait attentif aux choses à observer. On a fait 6 mois d’essais avec ces nouvelles molécules, mais à la fin il m’a dit : «Bon, on ne va pas y arriver comme ça, je vais vous prescrire un vieil antidépresseur à large spectre, calmant, un tricyclique de première génération et tout devrait s’améliorer.»

En Suisse ça s’appelle le Surmontil, et j’en ai 4 boites de réserve dans ma caravane, mais qui sont périmées depuis 2024, … mais bon, ça devrait encore faire effet. J’ai proposé aujourd’hui au docteur de lui échanger mes 4 boites de bonne humeur périmée contre une ordonnance et c’est réglé, je suis d’attaque, en tout cas au niveau de l’humeur, pour faire mon trajet durant 2 à 3 mois, et après j’arrête. Je n’en prends plus depuis 2022, parce qu’après avoir arrêté le régulateur de l’humeur qui m’avait fait prendre 40 kilos en 10 ans et si bien amélioré ma santé qu’il m’a fallut 22 hospitalisations, le nouveau docteur a refusé de continuer à prescrire le Surmontil, eh puis j’avais été rendu attentif que ce médicament provoquait ce qui s’appelle la «dyskinésie tardive», à partir de 50 ans. Et comme j’ai tendance à choper tous les effets secondaires de ces médicaments psys, j’ai arrêté à 49 ans. D’un côté je sais qu’en prenant ce machin durant la traversée, ça va bien m’aider, et d’un autre côté, cette histoire de maladie à dormir debout (l’effet secondaire tardif) résistera bien à une prise durant 3 mois, c’est pas la mer à boire. Je l’ai dit aujourd’hui au docteur : «Il y a deux dangers qui me guettent durant cette traversée, c’est d’aller jusqu’à la limite du pétage de plomb comme en Inde ou on a vécu trop de choses trop rapidement durant notre tour de l’Inde que le cerveau digérait les images pendant la nuit et j’en ai perdu le sommeil, et dans ce cas je sais quel est le médicament qui va ralentir toutes les images et me permettre de me reposer, c’est la Quetiapin. Ça va renforcer mon Akatisie mais avant de péter les plombs, ça vaut la peine d’en avoir une boite de réserve. L’autre danger c’est que je termine comme en Argentine à traverser la ville de Parana en fermant les yeux à chaque carrefour en espérant qu’un camion m’écrase, et contre ce danger, il me faut du Surmontil, que ce soit par ordonnance ou dans ma pharmacie à Amsterdam, je ne partirai pas faire une traversée pareille sans ce machin !»

Alors la Quetiapin ça ne devrait pas poser de problèmes, mais le Surmontil, ce sera toute une affaire, elle va en référer au chef de clinique et je connais déjà la réponse => Amsterdam !

Quand les protocoles disent non, plus un toubib ne tousse.

Enfin, il n’y a qu’à voir le résultat :

- 14 ans avec le Dr Jaime Riveira et seulement 2 hospitalisations.

- 10 ans avec le nouveau docteur et 22 hospitalisations (+40 kilos, je vous laisse imaginer l’état physique)

- 1 année avec un autre nouveau docteur et 3 hospitalisations

Depuis le 8 avril 2024, je m’en souviens parce que c’était notre anniversaire de mariage, j’ai viré le dernier docteur par SMS, et 2 hospitalisations en une année et demi…

Donc on garde un certain rythme de besoin hospitalier, et c’est un peu ennuyeux. Ça fait 5 ou 6 ans que je n’ai plus croisé un patient très fameux d’ici. Il avait un bon poste, mais n’a pas réussi à tenir, et il partait dans de sacrés délires, mais il était très intelligent et comme ça fait des années que je ne l’ai plus vu, j’ai demandé à une infirmière qui le connaît bien s’il avait trouvé une astuce pour sortir de ses cycles de l’humeur, mais elle m’a répondu qu’il s’était trouvé une secte à Paris et qu’il le planquaient un peu quand il déconnait, et s’il déconnait trop, ils le renvoyaient ici, à Malévoz. Mais il ne vient qu’une dizaine ou quinzaine de jours par année, plus comme avant, un peu comme moi.

Quoique, cette fois-ci c’est un peu différent, ça va bientôt faire un mois d’hospitalisation (donc la plus longue de ma vie), parce que d’un côté j’essaie de trouver le moyen d’accéder à une humeur stable pour un grand challenge tout en sachant que ça ne suffira pas. Il y a des données physiques, des contraintes organiques que je n’avais pas à 20 ou 30 ans.

Il faudra aussi que je fasse confiance en ma bonne fortune, LA FORTUNA, comme dirait Jules César lorsqu’il a renvoyé toute sa garde personnelle alors que toutes les augures, présages, songes et complots étaient connus par lui. Rien à cirer, LA FORTUNA faisait qu’il pouvait se balader dans tout Rome sans aucune escorte, dans sa pourpre et avec sa couronne de lauriers qu’il avait expressément demandé au sénat de pouvoir porter perpétuellement pour cacher sa calvitie… Il était un peu perché sur la fin, c’était le king absolu, le type savait que si quelqu’un le tuait, ça allait être la guerre civile, il connaissait les comploteurs, a décidé de les pardonner, tout le peuple voulait le faire roi mais comme en France aujourd’hui, eh bien dans la république romaine, c’était impensable. La république romaine nommait parfois un dictateur à qui étaient confiés tous les pouvoirs sur une période de 6 mois pour régler un problème particulier. Et Jules a reçu du sénat la «dictature perpétuelle» (du jamais vu), le 14 mars de l’an 44 avant J.-C. pour régler un problème particulier de taille : lui-même ! Il était devenu tellement populaire que la république ne savait plus comment fonctionner sans lui. Le lendemain c’était les Ides de mars où toutes les augures indiquaient qu’il allait mourir, il a même la liste des 23 conjurés qui veulent le tuer dans la main lorsqu’il entre au sénat, mais il s’en fout, il les laisse faire, 23 coups de poignard, un seul mortel (c’était plutôt des poinçons), et donc ça a été la guerre civile pendant 15 ans, avant qu’Auguste n’établisse la PAX ROMANA…

LA FORTUNA ! La bonne fortune, c’est quand tu fais ce que tu as à faire, et quand t’es arrivé au bout du bout de toutes les possibilités d’expansion, eh bien c’est la mort. Il disait souhaiter une mort surprenante, particulière, en plein sénat, il a été servi. Bon, il s’est fait diviniser déjà en juillet -44 par son héritier Octave, qui deviendra Auguste l’auguste, indépassable ! Mais Jules a vraiment déconné méchamment sur tous les points, il tué des millions de gens, fait coulé à flot l’argent du monde entier sur Rome, et les romains l’ont adorés et ont construits des temples à sa Divinité. Les 23 gredins de républicains se sont tous suicidés ou fait tué dans les 2 ans qui ont suivi, … pas facile de survivre à la mort d’un dieu.

Mais voilà un enseignement historique pour mon propre périple, penser à l’Histoire. Parce que ces types ont vécu avec la mort pour compagne durant toute leur vie et ils ont réussi à faire ce que personne n’est arrivé à faire. Octave qui a 15 ans et qui fait naufrage contre les récifs derrière les lignes hispaniques et qui, avec ses quelques copains, arrivent à rejoindre le camp de Jules pour voir une énième veni vidi vici, et là, Jules est scié et adopte son neveu qui deviendra l’auguste. Et auguste a souffert durant toute sa vie de maladie qu’encore aujourd’hui, ceux qui en sont atteintes, comparent leur accouchement difficile comme léger comparé à ces crises.

Et en 55 ans de règne, Auguste à dû faire exiler tellement de comploteurs que le type est immunisé, sauf contre sa femme Livia. Il a des goûteurs pour tout, sauf pour les figues qui poussent sur l’arbre devant la maison. Et donc Livia empoisonne toutes les figues de l’arbre et le Dieu Auguste succombe à 75 ans après avoir tordu le destin de toute l’humanité pour les millénaires suivants. Il est classé 5ème par ordre d’individus qui ont le plus tordu le destin de l’humanité 1) Mahomet 2) Jésus 3) Bouddha 4) Paul de Tarse 5) Auguste !

Tous des religieux sauf lui, quoique, il cumulait tous les titres y compris Pontifex Maximus, ça veut dire que si un couillon d’évêque de Neptune ne sait pas répondre à une question, Auguste, lui, il sait !

Sans lui, Jésus serait né à Nazareth bien au chaud dans la maison de Joseph au lieu de Bethléem dans l’étable et tous les prophètes se seraient trompés, … le recensement de toute la terre, seul lui pouvait le faire !

Alors voilà, je veux moi-aussi ma bonne fortune ! LA FORTUNA, qui était symbolisée jadis par la première pièce d’or que j’avais acheté avec ma paye d’apprenti, et que j’ai légué l’année passée à mon fils lors de son mariage.

Je n’ai plus besoin de la FORTUNA pécuniaire, j’ai besoin de la FORTUNA pour une vie plus simple, dans la savane ! Avec les animaux.

Mais avant ça, … 2 mois et 15’000 kilomètres de route, et durant ce temps, le contact mais la solitude et la purification, et ensuite, si je peux m’intégrer sur un territoire, je stationnerais quelques mois.

Il y a des dangers sur la route que Dieu va gérer pour moi, mais moi il faut que je me gère, avec l’aide de Dieu aussi.

Et si vraiment il y a des moments impossibles, eh bien que je repense à ces gens d’autrefois qui s’aventuraient dans l’inconnu avec la mort pour compagne, je peux penser à ces romains, aux templiers, à Christophe (Colomb) qui a dû inventer un sacré bobard pour éviter une mutinerie sur ses 3 caravelles perdues au-delà des mondes, il a quasi passé par dessus bord mais à obtenu un délai, tandis que les marins étaient perdus et quasi en chute dans le vide une fois arrivée au bord de la terre. Des histoires incroyables.

J’en connais une flopée, j’ai lu les carnets de bord des capitaine et les récits, c’est incroyable à quel point le corps humain peut être résistant sur une longue durée. Les pochars de Souhshampton signaient pour 3 ans de mer, ils s’aventuraient dans l’inconnu au milieu de tous les dangers, moi je connais la route et je ne parle que de 2 ou 3 mois de traversée.

Et pour ça, je vais donner un coup de pouce à la FORTUNA ! Vous l’aurez compris, la Fortuna, c’est quand plus rien ne peut nous arriver, on surplombe totalement la situation. Et tout ça dépend du moral, le surmontil va d’abord me remonter les bretelles, ça va me faire oser des choses qu’il faudra oser, mais ne pas en abuser, sinon on risque de se prendre pour le roi du pétrole en itinérance au milieu de la misère…

Donc je comprends bien la crainte des médecins, mais il faudra donner ce coup de pouce à ma bonne fortune pour faire ce voyage.

Malévoz, le 30 de septembre de l’an de grâce 2025 après la naissance de NSJC

Et médicalement ?

Si je devrais décrire la situation pour les médecins, dimanche, l’humeur était si basse que j’ai hésité à téléphoner à mes parents pour leur dire de ne pas venir me voir, lundi mon humeur s’était transformée en une sainte incompréhension envers Dieu en personne, et depuis hier, les choses me semblent stables.

Situation au matin du mardi 01.10.2025

Alors les infirmiers ont eu la lumineuse idée de changer Julien de chambre, il a eu droit à la chambre du pape, la meilleure (voire dans les actualités N7). Chambre seule de 18 mètres carrés alors qu’il n’en occupe que 2 !

J’ai dit aux infirmiers qu’il n’y avait pas de raison, tout allait très bien avec Julien, il ne dérangeait pas, mais en réalité, ils ont un peu compris que j’étais gentillement entré dans une compétition ingagnable de léthargie contre Julien, et ils ont estimé que ce n’était pas bon pour mon moral. Bon, le moral a changé hier, donc avant même le départ de Julien, mais je vois bien que d’avoir un jeune qui entre et qui sort de la chambre, je culpabilise plus de rester plate que si c’était Julien à côté…

Ainsi, je suis entrain de passer commande d’un grand autocollant à coller sur le fronton de la caravane, une carte de l’Afrique-Europe-Brésil, et au-dessus, un autre autocollant avec la calligraphie : «La caravane de l’espoir».

Il me manque encore la carte SIM pour le boitier Irridium qui va me donner un léger wi-fi par satellite sur le parcours, l’abonnement coûte 208 francs par mois avec le service de secours et 159 francs par mois sans le service de secours. Ce que j’ai surtout besoin, c’est d’être géo-localisable, et donc si le service de secours inclus cette prestation, il faudra commander la carte SIM qui va avec.

Situation de l’après-midi du 01.10.2025

Bon eh bien, il semble que j’ai désormais trop d’énergie pour rester dans cet hôpital, j’ai téléphoné au TCS pour étendre mon livret ETI europe à un Monde, et ça va me coûter 50 francs pour toute l’année. Tandis qu’avec le système de la carte SIM à 208 francs, d’après ce que m’a dit le type d’Irridium, c’est que tu appuies sur le bouton et immédiatement, ils ont un service mondial et ils vont mettre en branle le plus efficace et le plus proche pour me secourir s’il y a besoin. Ils facturent la prestation 50 francs par mois, et ETI le fait pour 50 par année, alors le gars a dit que ce serait une double assurance inutile puisque le TCS ont le partenaire le plus réputé dans chaque pays du monde. Dans ce cas, sans ce service d’urgence, ce serait la même chose mais il faudra que je téléphone à ETI, et Irridium leur envoie ma géolocalisation précise pour les secours. Le problème du système, c’est que ce n’est pas un truc pour surfer sur internet, à 3kilobits par seconde, il vendent une boite e-mail qui miniaturise tout, je peux communiquer de manière illimitée par SMS ou e-mails avec l’adresse Irridium, mais je ne peux pas avoir ma propre géolocalisation sur une carte !

Ça aurait été un minimum, au moins savoir où on est ! Le problème en quelque sorte, c’est que les 66 satellites d’iridium tournent en orbite géo-croiseur et pas géo-stationnaire, et donc il faut que j’envoie un message à quelqu’un et que je déclenche ma géolocalisation. Et à ce moment là, Irridium aura assez de puissance pour envoyer sur un ordinateur normal ma géolocalisation précise sur une carte. Ensuite, la personne qui reçoit le point et la carte peut m’envoyer une capture d’écran via la messagerie Irridium.

Ça implique quasiment un acolyte en Suisse.

Mais 159 francs par mois pour rester connecté tout de même, ça vaut la peine. Pour ce qui est du système de secours, ce sera juste un numéro à faire au lieu d’un bouton à appuyer, mais suivant les endroits, ils ne vont pas arriver dans le quart d’heure, donc bouton ou numéro, ça ne change à rien et ça me fait économiser 45 francs par mois, parce que même si je prends ce service, eh bien je ne peux pas m’auto-géolocaliser sur une carte non plus, il faudra là aussi un acolyte de confiance qui puisse m’envoyer la carte via messagerie.

Donc ce n’est pas si bien foutu que ce que je pensais, il a regardé où en était Starlink, il paraît qu’ils ont sortis des récepteurs avec de plus petites antennes, mais il m’a dit : «Merde, sur l’Afrique, c’est mort, il n’y a rien !» A part ces 66 satellites irridium...

Alors voilà, le fait d’être dans la chambre de quelqu’un de plus actif, fait qu’après la remontée de mon humeur, je vois bien que je ne peux pas rester comme avant, où tout me faisait chier, alors je me raccroche à mon projet.

Finalement, il y a un Ferry Gènes Tanger tous les samedis à 16h00, je vais activer cet abonnement Irridium au 1er novembre, et je pense que je m’embarquerais le samedi 8 novembre.

L’autre problème, c’est que le boitier Irridium ne peut pas se connecter à un ordinateur, il faudra soit un smartphone soit une tablette, mais j’avais déjà dans l’idée d’acheter une tablette à laisser sur le siège passager. J’ai de trop gros doigts pour écrire sur un smartphone, et ce n’est ni agréable à lire, ni à regarder.

J’ai deux affaires pendantes devant les tribunaux, mais il va vraiment faire trop froid, donc le 8 novembre, j’aviserai de mon départ et inch’allah. En arrivant à Tanger le 10 à minuit mais frais et dispo, je me propose d’avaler les 800 km d’autoroute, en faisant une sieste sur une aire avant le lever du soleil. Donc je passe Tanger, Rabbat, Casablanca, Agadir, tout sur l’autouroute, et je crois qu’au bout de cette autoroute, 200 kilomètres plus bas qu’Agadir, il y a la plus belle plage du Maroc avec d’immenses arcs en grès. Ça ferait de sacrés beaux clichés de coucher de soleil dans l’Atlantique, et je pense que là oui, je peux décrocher la caravane, mettre l’auvent, et prendre encore 4 jours de repos avant la grande traversée.

Depuis cette plage, si je décroche la voiture, je peux aussi aller faire le con dans les dunes, on est en bordure du Sahara.

A la place des statues, il faudra 5 stagnions de 20 litres d’essence dans le coffre, avec les 60 litres possibles dans la voiture, ça m’assure une autonomie de plus de 1000 kilomètres, et en 1000 kilomètres, on trouve à se ravitailler. Pour l’eau, j’ai un réservoir de 45 litres de la caravane dans lequel je remplirais à l’arrosoir pour se laver les mains, laver les affaires, prendre la douche, mais pour boire, j’ai un réservoir portable de 20 litres. Il en faudrait 2 ou 3 de plus. Je peux transformer cette eau en eau gazeuse avec mon système soda, mais il va falloir que je fasse réparer le frigo qui n’a pas fonctionné durant tout l’été en autonomie. Il doit avoir un problème, et je ne sais pas comment le régler, aller voir quelqu’un qui sait…

Les vaccins, ce sera vite fait aussi.

Passer une après-midi avec Samuel à coller les autocolants sur la caravane pour la rendre la plus sympa possible, et j’ai mis le paquet !

Commander le médicament de la bonne humeur à Amsterdam. Il y a ici une patiente à peine plus agée que moi, on va l’appeler Sara. Ça fait 15 ans que je la connais, et ça fait 15 ans que je la vois pleurer, dans une prison mentale où il n’y a que des problèmes et aucune solution. Elle veut se suicider depuis qu’elle est née mais n’a pas le courage, et à elle, ils ont vraiment tout essayé, jusqu’à des séances d’électrochocs par paquets de 12, et quand on voit le résultat aujourd’hui, c’est toujours aussi catastrophique. Et s’il y a bien quelqu’un qui a dû tout essayer en terme d’antidépresseurs, c’est Sara. Hier je lui dis : T’as déjà essayé le Surmontil ? – Jamais entendu parler !

Donc le surmontil était un peu une trouvaille du docteur Riveira, et au jour d’aujourd’hui, plus aucun toubib ne veut en prescrire, même à des gens comme ça à qui ça permettrait peut être pas de voir, mais au moins d’envisager une solution.

S’il y a bien une leçon à retenir de tout ça, c’est que soit on a assez de vigueur, de tonus, de force mentale, et on peut souffrir de troubles en faisant de grandes choses. Les deux rois que Dieu a choisit en personne étaient les rois David et Saül.

Un Professeur en psychiatrie français avait écrit un livre sur «Ces fous qui nous gouvernent», son bouquin s’ouvrait sur le type qu’il estimait le plus équilibré de l’histoire de l’humanité, le roi Salomon, et se clôt avec un personnage aussi absolument équilibré, le Général de Gaule.

Mais entre ces deux là, il y en a des gratinés, et pour ce qui est du roi Saül et David, c’est écrit dans la bible (et les hébreux maîtrisaient parfaitement l’art de l’écrit à cette époque), Alors il déplore quand-même que la seule source soit la bible, mais Saül c’est évident déjà parce qu’on dit que seul David pouvait calmer ses humeurs en jouant de la harpe, mais ensuite il rajoute que David est la caricature d’un bipolaire et qu’il mettrait ses diplômes en jeu s’il ne l’étaient pas. Et c’est vrai que quand on lit l’histoire, c’est évident, c’est celui qui veut faire ce que personne ne veut, affronter Goliath, et faire tellement de trucs dingues. Le gars disait à l’Eternel : «En haut il y a les amalécites, ils sont 10 fois plus nombreux que nous, si on y va, on peut les éclater ou ils nous massacrent ?» Et l’Eternel dit : «Allez-y, vous allez les éclater !» Et ils y vont. Bon, l’Hisoire est pour ainsi dite écrite par David lui-même et accrédité par tous les prophètes successifs, Samuel, Nathan. Une vie de dingue, et familiale très compliquée (il avait 4 femmes). Mais pour calmer ses humeurs il avait 700 concubines, genre 12 pavillons comme ici à Malévoz avec 50 bonnes femmes dans chaque pavillon. Oui, ça devait aider à calmer les humeurs.

Il a régné de – 1000 à -970, et à 70 ans, la coure voit bien que David, le vieux roi est séché, usé, ils parcourent le royaume à la recherche de la plus jolie fille, on a même son nom, une jeune et pimpante, ils la couchent sur le vieux roi nu, et rien, aucune réaction. Séché, comme Julien…

Mais bien sûr, on va trouver des bipolaires qui ont vécu vieux. Mel Gibson est créatif et encore productif, c’est bon signe, mais Jack Nicholson n’est plus que l’ombre de lui-même. 80 et quelques annés, grassouillet, chauve, et il le dit lui-même dans une vidéo : «Qu’est-ce que vous voyez là ? Un pauvre petit vieux qui n’a pas grand avenir.» Ensuite il saisit ses Ray-Ban, les mets, fait son sourire carnassier avec le sourcil haussé, et il dit : «Et maintenant, qu’est-ce que vous voyez ?» Le jounaliste : «Jack Nicholson !»

Bravo…, bon, donc le Jack s’éteint gentillement à un âge honorable mais ne produit rien. Churchil a fait 90 ans. Mais il y a quasi quelque chose de mystique avec Churchil et sa relation à son père qui est mort dans son enfance. Une ambition enfantine déjà : Un jour, je siégerai à la chambre des Lords comme mon père ! (un jour, j’adopte un lion). Bon, à 20 ans il se fait chier et au lieu de chercher du boulot il cherche dans le journal une guerre intéressante et il en trouve une en Afrique du sud. Ça le mène jusqu’au héro de la seconde guerre mondiale, mais dès la conférence de Yalta, on le voit à côté de Roosevelt et Staline et ça ne va plus tant fort déjà. La bouteille de wisky en béquille, et il a dépassé grâce à son rêve de gosse tout ce qu’il aurait voulu prouver à son père.

Ensuite il s’est transformé en marionnette avec son chapeau et cigare à travers toute l’Europe, parce qu’un monde sans guerre n’a plus besoin d’un Churchill, et sa fin de vie est assez solitaire, triste. Il tombe dans le coma, les journalistes demandent au docteur s’il va revenir à lui, le docteur répond qu’il ne sait pas, tout ce qu’il sait c’est qu’il mourra à telle date à telle heure. C’était une quinzaine de jours plus tard, donc tout le monde était étonné, mais c’était l’heure et la date de la mort de son père et il est mort exactement à cette heure là.

Alors je me dis que je sais pas, Dieu semble avoir à la bonne les bipolaires audacieux. Il choisis lui-même Saül, de la plus petite tribu de Juda, et David, par l’onction du prophète Samuel avant l’histoire de Goliath, parce qu’un type de 2,65 mètres armés jusqu’aux dents, personne n’osait bouger. Gonflé à bloc, David demande à Samuel (genre prophète avec la barbe qu’on ne contredit pas trop) : «Dieu est avec nous ? On est d’accord ?», et Samuel : «Oui oui c’est ça, Dieu est avec nous, allez vas-y, t’inquiètes pas... !»

Et il décapite le géant avec la propre épée du géant, une humiliation, les Philistins en fuite, la gloire et les gonzesses pour David le héro !

Il faut donc partir du principe que Dieu aime bien les bipolaires audacieux, et que si je me lance dans cette aventure, il va m’assister, comme il a assisté les autres.

Il faut se lancer, se reposer 4-5 jours sur cette plage, et ensuite, avaler de la route…

Voilà un peu où j’en suis. A partir de cette plage, ce sera un sacré grand voyage, il s’agira de 10’000 kilomètres de routes goudronnées à une température clémente. Et ensuite, plongée dans la jungle…

C’est audacieux, et ne dit-on pas que la fortune souris aux audacieux ?

Pour rejoindre cette plage, via Michelin indique 9h30 d’autoroute par Marrakech, dans les montagnes… Il y a aussi une autoroute qui longe l’Altantique, mais de toutes façons, je vais dormir quelques heures sur une aire pour faire ça d’une traite. Là je me pose sur cette plage, je me ravitaille, et quand je suis au point, j’attaque une traversée de 2000 kilomètres de sable jusqu’à Saint Louis au Sénégal. Et ensuite 4’500 kilomètres de Sahel avant d’aller plein sud 1600 km sur Bangui. J’avais espéré sur une route goudronnée pour traverser la Centrafrique, mais c’est la route N3, elle semble en très bon état, mais en terre battue.

C’est après que ça deviendra vraiment le bout de la civilisation. Fabrice m’a dit de faire gaffe de ne pas me faire bouffer par les pygmées dans la forêt vierge… Parce que chercher une autre solution par le Sud Soudan ne sera pas meilleure, il faudra traverser tout le Tchad, avec des routes indiquée là où visiblement par satellite, on ne voit pas de route. Donc la seule alternative, c’est traverser la Centrafrique en passant par le Cameroun, et ensuite, soit traverser le Congo sur 2’300km, ou longer plus ou moins l’Atlantique jusqu’en Namibie. Traverser complètement d’ouest en est l’Afrique pour rejoindre le Kenya semble impossible, il n’y a que la jungle, que ce soit côté Atlantique ou haut Congo, et ensuite, Kigali et la Tanzanie. Depuis là les routes seront meilleures, si je veux rejoindre les chutes Victoria par les grands lacs, ça fera 3000 kilomètres depuis Kigali. Mais si je suis trop épuisé, je fais les 2000 km restant pour mettre me voiture et caravane au Zimbabwe ou au Mozambique chez une cousine et je rentre me reposer au Brésil.

Malévoz, le 01 doctobre de l’an de grâce 2025 après la naissance de NSJC.

En avant !

Je suis arrivé ici le 5 septembre, un peu perdu au milieu d’un carrefour et 4 directions envisageables, avec un avantage pour un nouvel hiver au Brésil.

Il a fallut faire un petit travail de débroussaillage pour supprimer chaque route qui m’auraient mené dans une impasse psychique, et il restait l’Afrique, la route dont TOUS mes proches ne veulent pas entendre parler.

Je dois dire que j’ai été grandement encouragé par Natalia la polonaise, lors d’un repas à la cafétéria où j’ai résumé à gros traits mon projet, et qui m’a répondu simplement : «C’est ton rêve de gosse, tu as tout le matériel, tu as le temps et les moyens, vas-y !»

Il y avait aussi Julien qui me montrait quasiment par l’exemple quelle était l’alternative à l’Afrique, et ça m’a aidé dans ma décision.

Jusqu’à la fin juin, je croyais qu’une compagnie, un visage familier dans les moments les plus difficiles aurait été une bonne idée. J’ai demandé à la polonaise si elle voulait tenter l’aventure avec moi en toute amitié, mais les gens normaux n’arrivent pas à imaginer un truc pareil et elle a répondu non.

A partir de ce moment, à partir du moment où même dans un asile de fous, on ne trouve personne d’assez fou pour tenter l’aventure, même gratuitement, eh bien je me suis dis que je pouvais oublier Calcutta et Sudder Street. Les routards sont en général plus limités que les fous, et donc ça aurait été du temps et de l’argent perdu pour rien, et je n’oublie pas la marque de Caïn qui commence à ressembler à une batterie anti-missile Patriot sur ma casquette, et il semble que ces munitions sont directement dirigées contre les femmes. Pas seulement celles qui m’intéressent, mais même celles à qui une amitié avec moi fait craindre…

Mon humeur a été massacrée et je ne savais pas pourquoi, le cadre n’avait pas changé, rien d’extérieur n’avait changé, aucune nouvelle particulière, et l’humeur qui plonge d’un coup, incompréhensible sans le Docteur Riveira que j’ai dû rappeler à mon bon souvenir pour savoir ce qui se passait. Je me suis souvenu que lorsque ça arrivait (un changement d’humeur brusque), il voulait toujours savoir pourquoi, et si je lui répondais : «c’est la maladie», il me répondait : «Non, la maladie ne fait qu’amplifier les émotions ou les contrariétés, elle ne les créé pas ! Alors qu’est-ce qui vous a perturbé depuis la dernière fois qu’on s’est vu ?»

Je devais faire des efforts pour rechercher une contrariété ou une perturbation, j’en trouvais une, et je lui disais en rajoutant : «Mais ça ne peut pas être ça, un petit truc pareil, je suis un dur à cuire, j’ai fait le mouroir de mère Teresa et vécu plein de trucs de durs !»

Et il me disait : «Non, c’est ça !» avec un sourire en coin…

Il avait sûrement raison, je peux vivre de grandes choses en trouvant tout ça quasiment normal, et mon trouble va exagérer ou faire prendre des proportions gigantesques à un petit événement, un mot, un truc qui m’a contrarié.

Je suis venu à l’hôpital à cause d’un mot aussi, de mon père : «Il faudra bien que tu acceptes ce que tu es !»

ça a suffit pour me plonger dans les abîmes. Et là, le moral qui se crash autant sans aucun motif extérieur, je me suis dit : «Qu’est-ce que je pourrais répondre au Dr Riveira s’il était encore vivant» ?

J’ai creusé, j’ai cherché, et la seule contrariété a été que Natalia, une fille qui semble pourtant aventureuse et volontaire, avec permis de conduire et Masters en psychologie en poche, … autant dire : la compagnie parfaite pour un tel voyage, eh bien qu’elle me dise «non», ça a suffit pour faire s’écrouler tous les espoirs de pouvoir partager ce voyage au lieu de le faire seul. Parce que comme dit plus haut, si personne n’est assez fou dans un asile de fous pour accepter de participer, même gratuitement, à un voyage pareil, eh bien je peux bien aller 2 mois à Sudder Street ou n’importe où, ce ne sera qu’une perte de temps inutile.

Alors c’est elle qui m’a encouragé au début, qui m’a donné de l’élan, et c’est elle qui a provoqué la dégringolade de l’humeur avec un seul mot.

Étonnant non ?

Je pense qu’il m’a fallut ces 4-5 jours de déprime pour digérer et accepter complètement un voyage solitaire, mais il me les a aussi fallut pour me rendre compte que si, au milieu de l’Afrique, je me retrouvais dans un état pareil, ça allait devenir très très compliqué, sinon impossible.

Alors voilà une clef pour comprendre mes humeurs : revenir aux questions chiantes du Docteur Riveira, reconnaître la source, accepter la situation telle qu’elle est et pas telle qu’on voudrait qu’elle soit, et passer par-dessus la contrariété en la prenant pour ce qu’elle est : Juste une contrariété…

Mais pour mes 2 médicaments fondamentaux en psychiatrie, les seuls qui peuvent vraiment m’éviter de sérieux problèmes, que ce soit dans le sens de la toute puissance ou de l’effondrement absolu, la Quetiapin et le Surmontil, c’est niet pour les deux ! Mais bon, c’est des médicaments anciens que j’ai pris durant 25 ans, donc c’est risqué de m’en prescrire, il doit leur manquer un peu de recul pour le faire… Bref, je vais commander tout le nécessaire à Amsterdam, parce que des toubibs dont le seul pouvoir sur la maladie psychique est la prescription de pilules mais qui refusent de prescrire, on va vraiment finir par se demander à quoi ils servent ?

Ceci dit, le moral me semble à nouveau stable, et avec un voisin de chambrée actif, je prépare et je commande les dernières choses que j’ai besoin : l’abonnement Irridium qui débutera le 1er novembre, l’assurance ETI, une tablette parce que le bidule du satellite ne peux pas se connecter à un ordinateur, juste à un smartphone ou une tablette, et 2-3 petites choses.

Il va aussi falloir faire réparer mon frigo de caravane, contrôler si tout est fonctionnel, transférer de la caravane à la maison tout ce qui me sera inutile pour voyager léger, et acheter les derniers petits trucs qui pourraient être utiles au voyage, et le samedi 8 novembre à 16h00, j’embarque à Gène pour débarquer le 10 novembre à minuit à Tanger, et après, … Inch’Allah !

Malévoz, le 2 d'octobre de l'an de grâce 2025 qui suit la naissance de NSJC

Une existence orientée vers l’extrême et l’absolu...

J’ai fait une sortie de 24 heures de l’hôpital entre vendredi et samedi, raclette avec tous mes frangins le vendredi soir, même si pour le deuxième … tant que papa sera en vie il ne faut pas aller en Afrique, … et quand il sera mort je n’en serai plus capable, peut-être ne le suis-je même plus actuellement, mais j’en serai encore moins capable si papa meurt dans 20 ans. Pour les autres, ça avait l’air d’être une idée intéressante.

Le samedi midi, avec mon petit benjamin et ma petite fille, après un premier rejet : «Mais t’as bien vu l’année passée au Maroc comment ça s’est passé ?», mais je l’ai même écrit sur ce site, il y a 2 manières de préparer un voyage, la première est d’envisager toutes les possibilités, tout étudier et tout faire juste du premier coup, et la deuxième manière c’est d’y aller pas du tout préparé, voir ce qui nous manque, ce qu’on a fait faux, et réussir la seconde fois. J'avais écris sur ce site que j'avais opté pour la deuxième option, plus chère et dangereuse, mais plus intéressante que la première... Ensuite, en leur expliquant la route, difficile mais pas interminable, 2 mois, et ensuite plus de sécurité, alors ils ont acquiescé aussi.

Me reste à réserver les billets pour le ferry du 8 novembre, et je ne crois pas que ce sera un voyage vers la mort, je crois au contraire que ce sera un voyage vers la vie. Une fois à destination, en Zambie, je vais pouvoir m’offrir 3 mois de safari pour préparer le terrain si les enfants veulent venir un faire un durant les prochaines vacances scolaires en juin ou juillet, et ensuite je pense que je garerais mon matériel, voiture et caravane chez ma connaissance au Zimbabwe, et ensuite soit je rejoindrais le Brésil pour quelques temps, soit j’aurai besoin de soins et je rentrerai en Suisse, on verra bien.

Malevoz, le 4 d'octobre de l'an de grâce 2025 qui suit la naissance de NSJC

Il est 5 heures, le monde s'éveille...

Il est 5 heures, le monde s’éveille tandis que je veille depuis hier soir… J’aime beaucoup la nuit car la nuit est plus calme, sereine. Lorsque les gens dorment, c’est le moment où ils laissent Dieu s’approcher au plus près, jusque dans notre cœur et notre inconscient, toutes barrières psychiques, nos schémas stratégiques et autre simagrées sociales disparaissant avec le sommeil. Ainsi, Dieu peut visiter chacun sans craindre le rejet ou l’indifférence.

C’est d’ailleurs peut-être pour cela que j’aime la nuit, parce que d’une manière dont il est impossible d’expliquer, je sens que Dieu rôde et visite chacun des dormeurs. J’ai moi-même passé du temps à regarder dormir des gens et c’est très intéressant. La personne a beau avoir plein de soucis, elle s’est peut-être couchée après une engueulade avec son mari, mais voyez à quel point elle est paisible à peine une heure plus tard : Tous les soucis de sa vie se sont envolés, et la dispute avec son mari, … elle ne s’en souvient plus.

Durant la journée, Dieu n’est pas distant, il est toujours là avec chacun, mais nous sommes tous happés par mille préoccupations plus importantes que Dieu, alors il ne peut œuvrer efficacement. La nuit, les défenses s’étant abaissées, la sérénité retrouvée, le calme revenu, l’agitation retombée, eh bien Dieu peut réellement se mettre à bosser avec plus d’efficacité que durant le jour.

Et donc nuit blanche en ce qui me concerne, mais je ne m’en plains pas car ce n’est pas grave, personne ne meurt d’insomnie à part une lignée dans le monde (une famille), et je ne fais pas partie de cette lignée. Alors à part le fait de ne pouvoir dormir quand on devrai le faire, tout va bien, tout est calme. Ceux qui se disent qu’ils doivent dormir mordicus se font du mal, parce que plus ils essaient de s’encourager à dormir, moins ils trouveront le sommeil, et à 05h00, ils seront grincheux au lieu d’avoir apprécié la quiétude bienfaisante de la nuit.

Pour ce qui est de l’humeur, je vois qu’elle tient depuis Quant à moi, je vois que l’humeur tient depuis le mardi 30 septembre, j’ai dit au docteur qu’il me semblait que je n’avais plus rien à faire dans cet hôpital mais elle veut me garder encore quelques jours sous observation : à la bonne heure !, je vais en profiter pour m’atteler à demander plein de visas (4). Je pensais qu’avec un passeport Suisse on pouvait régler ces formalités directement aux frontières (le consulat de la Russie m’avait répondu lorsque j’étais au Brésil : «Présentez-vous au poste frontière où vous serez avec vos véhicules et ils régleront ça sur place»), ce qui est le cas dans la moitié des pays africains que je vais traverser, mais pas dans tous. Je vais donc devoir rester suspendu à la décision des consulats avant d’établir ma route, parce que si un pays n’a pas confiance en ses propres capacités sécuritaires et qu’il me refuse le visa de peur qu’un Suisse se fasse tuer sur son sol, faudra que je modifie le tracé, on verra bien.

C’est un peu le programme de cette semaine : Lister, préparer, acheter, passer commande de tout le petit matériel facilement trouvable ici ou avec une adresse de livraison, car à partir du départ, fini les supermarchés et les adresses de livraison pour faire acheminer quoique ce soit.

Malévoz, le 06 d'octobre de l'an de grâce 2025 après la naissance de NSJC

Dernières cogitations hospitalières...

J’ai refais une sortie de 24 heures, je n’ai pas tant envie d’expliquer comment cela s’est passé, je peux juste dire que je ne peux pas faire ce que je projette de faire à travers l’Afrique. Parce qu’on ne parle même pas de 2 mois de traversée, on parle de 8 mois à camper ici et là au sud de l’Afrique en attendant les prochaines vacances scolaire.

Il y a ici un point essentiel : ce sera une solitude totale durant 8 mois. 2 mois de traversée, ça peut se concevoir, il y aura un mix entre la bulle de la voiture et un socialisation minimale le soir. Si, à chaque fois que je m’arrête j’attirerai les curieux, ce qui risque bien d’être le cas, eh bien ce ne sera pas comme sur une aire d’autoroute où on passe du volant de la voiture au lit de la caravane et on fait la sieste tranquille, une autoroute rend les gens captifs, mais il y a ces bons côtés, l’anonymat. Tandis que là il va falloir s’attendre à être sans cesse dérangé durant la journée et le soir, il faudra s’adapter à chaque fois. Alors oui, je verrai du monde jusqu’à Bangui et ensuite je troquerais la solitude au milieu des hommes contre la solitude au milieu des bêtes.

Alors d’ici juillet prochain, il n’y a pas seulement les 2 mois de traversée, mais aussi 6 mois dans la savane, et que ce soit pour le trajet ou pour la solitude au milieu des animaux, il va falloir que je me rapproche de Dieu, parce que sans son secours et son soutient, ce sera mission impossible, même s’il me semble que j’ai été un peu entraîné à ça...

Mais même si je suis je suis un solitaire, j’apprécie tout de même de pouvoir dire quelques mots chaque jour à une personne connue. Ici ça va être très différent, et si je réussi les 2 mois de traversée, ça reste jouable, en 6 mois dans la savane, eh bien c’est sûr à 100 % que je vais m’inventer et partir dans un délire…, je le sais parce que je me connais.

Mais si je ne le fais pas, maintenant que j’ai tout le matériel pour le faire, eh bien il ne restera de la caravane qu’un goût amer et des regrets, et donc pour éviter les regrets, je suis obligé de tenter une seconde fois cette traversée et si ça foire, je ne tenterais pas une troisième fois, parce que si ça foire, ça veut dire que je me suis fait faucher voiture et caravane, je n’ai de toutes façons rien d’autres à perdre.

Monthey, le 8 d’octobre de l’an de grâce 2025 qui suit la naissance de NSJC

Un moment plus tard qu’avant…

Ma doctoresse n’arrivant que demain, on avait fixé à jeudi pour faire le point et un plan d’urgence, mais le chef de clinique avait besoin de la place et l’hôpital était plein, j’avais l’air d’être le moins mal foutu, donc il m’a demandé gentiment de quitter les lieux, tout en précisant que la porte était toujours ouverte.

Me voilà ainsi chez mes parents (ils sont à Majorque jusqu’à demain), et demain je retournerai dans ma caravane, tant que je suis ici, je continuerai ces ballottements...

Ce que m’a apporté cette hospitalisation, c’est un cap, mais un cap qui m’apparaît au-delà de mes forces.

Encore un peu plus tard, le point sur l’hospitalisation…

Comme les choses sont étonnantes, ce matin j’étais à l’hôpital sans délai de sortie mais avec au moins l’assurance d’y être jusqu’à demain, et cet après-midi, je suis dehors de l’hôpital.

Demain, la Docteure qui me suivait se rendra compte que le type qui se préparait à aller en Afrique est sorti. J’y suis resté un peu plus d’un mois, entré le 5 septembre et sorti le 8 octobre, c’est ma plus longue hospitalisation. J’ai peut-être vu 5 fois la Docteure, mais à part tourner autour des molécules que j’ai déjà essayé par le passé, ils n’y peuvent plus grand-chose. J’ai quand-même remarqué que les infirmiers étaient plus à l’écoute. Ceci dit, j’ai surtout remarqué que tu peux bien causer à un patient, un infirmier, un docteur, un professeur en psychiatrie ou même à un philosophe, personne ne résoudra à ta place les décisions que tu as à prendre sur ta vie. Sauf à rendre les armes comme Julien et tout laisser à l’abandon, m’enfermer dans une prison mentale comme Sara qui n’a que des problèmes et aucune solution, eh bien je me rends compte que personne ne va ni décider, ni vivre à ma place, la seule chose que l’hôpital ou des structures de ce genre peuvent apporter, c’est de la survie, pas une vraie vie. Mais pour avoir droit à la vraie vie, il faut passer par dessus ses propres peurs et sa confiance en soi qui a été bien massacrée, il a fallut que je me désabonne de la LAMAL plus de 6 mois, il a fallut tout ça, ce bannissement de ma propre maison (à 100 mètres…), l’impression d’avoir tout perdu, pour se dire : Aller, vaille que vaille, je vais jusqu’à la savane et basta. Au Kenya, je serai encore loin d’être à destination, mais ce sera déjà une sacrée victoire pour moi, le royaume animal.

Il y a des patients psy qui se laissent aller comme ça, moitié hôpital, moitié foyer, et qui doivent se contenter d’une petite vie sans grande saveur. Moi j’ai été fait pour rêver grand, je rêve grand, mais je sais aussi, au fond de moi-même, que pour réaliser ces grandes choses, il faudrait une intimité avec le Seigneur qu’une relation amoureuse pourrait mettre à mal. Et donc, que ce soit ici ou ailleurs, me voilà d’une certaine manière condamné à la solitude apparente.

Sauf à refaire ma vie au Brésil, recommencer depuis le début, parce que je sens qu’arrivé à une certaine échéance, il n’y aura de choix qu’entre l’hôpital et l’alternative que j’aurai créé à la place si j’ai suffisamment de suite dans les idées pour me fabriquer un futur confortable ?

A la place de l’hôpital, il pourrait y avoir une famille qui me soutienne, ça vaut l’hôpital et les relations médicales, surtout si son voisin est le pharmacien de la ville, ordonnances ou pas ! Mais c’est maintenant qu’il me reste un peu de jus (trop pour rester à l’hôpital), et à mesure que l’hiver approche, que j’essaie de vendre la voiture pour me mettre en ordre avec les impôts et acheter une Mercedes plus ancienne, que j’ai tout le matériel pour, et que je pourrais m’élancer dans une traversée de l’Afrique.

Alors l’hôpital a été utile pour me poser, regarder Julien et le considérer comme une voie possible, qu’ils me changent de chambre aussi sur la fin pour que je m’active, et par ordre d’élimination il reste la savane, je pense que c’est le plus passionnant, même en Inde dans cette réserve où on a failli se faire bouffer par un tigre, on cherchait les animaux, et là il y en aura plein, et pas des petits, ce sera grandiose.

Les deux autres alternatives : Rester un hiver dans un studio en Suisse ou un hiver au chaud au Brésil à attendre parce que je n’aurai pas à cœur de vendre mes véhicules pour avoir un projet viable sur place,… eh puis c’est trop tôt pour penser à me caser, je peux patienter un hiver de plus, aller me balader par l’Afrique avec ma caravane, comme il en était prévu dès l’origine, dès l’achat de cette caravane.

Et puis l’hôpital est aussi utile dans le sens que je raconte une idée aux patients, ils n’y participeraient pas mais ne trouvent pas ça délirant, les infirmiers non plus et qui se veulent même encourageants, les docteurs qui ont prit note.

Et donc départ le 10 novembre 2025 => Amen !

Grimisuat, le 8 d’octobre de l’an de grâce 2025 après la naissance de NSJC

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