Eh oui, il faut parfois s'arrêter pour repartir dans la bonne direction ;-)

Le 13/09/2025 0
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Eh oui, il faut parfois s'arrêter pour repartir dans la bonne direction ;-)

Eh oui…, je pensais ne plus jamais remettre les pieds dans cet hôpital puisque le programme était censé m’emmener jusque sur le trône de Pierre à Rome,...et quand on est pape, on n’a plus vraiment de problèmes psychiques, et même si on en a, on s’en fout on ne viendra jamais à Malévoz, c’est le Professeur en psychiatrie de Gemelli qui viendra dans les appartements pontificaux nous remonter le moral. Et s’il faut un peu de repos, il y a Castel Gandolfo avec tout un tas de bonnes sœurs qui s’occupent de tout.
Alors voilà, on pourrait croire que j’ai stagné, en tout cas ça peut en donner l’impression, mais en réalité les choses avancent quand-même. Malgré le fait que je sois inapte et qu’il me semble qu’il ne se passe rien, il se passe des choses très concrètes : Je reçois des photos de ma maison au Brésil qui n’arrête pas de s’embellir en mon absence, avec un jardin entre le réservoir de 5000 litres et la maison qui compte déjà 2 pieds de bananiers et 3 de papaye, le portail est enfin peint en blanc, tandis qu’un camion a déversé un tas de terre devant pour y être nivelée afin de pouvoir entrer en voiture. Et Osorio, le maçon qui a construit l’église de Riacho Fundo avec moi va poser une chape tout autour de la maison avec de légères déclinaisons pour que l’eau de pluie s’écoule dans les bonnes directions, au lieu d’inonder le voisin du dessous.
Et puis ce temps de repos et de réflexion semble très profitable pour me remettre les idées au clair. Je n’arrivais pas à faire la demande pour un visa de résident au Brésil, encore trop attaché à la Suisse et surtout à ma famille, donc j’ai trouvé une autre alternative.
En plus de ça, Natalie, une patiente que je connais de longue date veut me présenter la semaine prochaine ma future femme. Je ne l’ai encore jamais vue, mais en photo elle est à ma convenance. D’après Natalie, elle cherche un compagnon mais ne tombe que sur des cons. Donc on verra bien ce que ça donne, parce que si ça avait été l’année passée, ça n’aurait jamais joué, j’étais encore beaucoup trop attaché à ma femme. Là, il me semble que les choses passent, mais j’en sais rien, il se peut que j’en sois encore trop attaché actuellement pour faire capoter complètement cette affaire. Mais là je ne pourrais m’en vouloir qu’à moi-même parce que si je dis que sur photos elle est à ma convenance, ça veut dire qu’elle est vachement canon, car comme les César, j'ai un certain sens de l’esthétique…
Et cet intermède hospitalier me permet aussi de prendre un peu de temps pour expliquer à ceux qui suivent les quelques délires brésiliens :
Avec un peu de recul sur cette affaire, je pense que les cardinaux ont bien fait de voter pour Prevost, parce que s’ils avaient suivi mon plan, à mon avis il n’en serait même pas resté une poignée en vie après ma première semaine de Pontificat. Primo, j’aurai déjà annulé Franciscole et tous les cardinaux qu’il a créé, donc le collège cardinalice aurait été réduit direct de 140 gaillards à une trentaine, et après le «test de la foi» que j’avais prévu, les trois quart restants seraient morts sous les yeux du monde entier. Oui, parce que je ne voulais pas de cardinaux apostats ou mécréants, et Dieu m’avait donné la solution pour détecter ceux qui croient de ceux qui ne croient pas : «Voici les miracles qui accompagneront ceux qui croiront en mon nom : ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.»
J’avais éliminé toutes les possibilités brinquebalantes comme par exemple «chasser les démons»…, faut déjà trouver des possédés..., et même si on en trouvait assez, le public n’aurait pas accroché, n’aurait pas cru. N’importe quel acteur peut jouer au possédé, trop facile à truquer. Pareil pour la guérison des malades, on peut bien faire venir de Gemelli 20 malades incurables, il y aura toujours des types pour douter de la maladie, tandis que pour les breuvages mortels, j’avais aussi écarté cette solution car même si j’avais proposé 30 gobelets de cyanure à boire, le public aurait pu croire que c’était du sirop au gingembre. Restait plus que l’histoire de savoir causer une langue qu’on ne connaît pas, mais les cardinaux étant généralement polyglottes, ce n’était ni assez sûr, ni assez spectaculaire. Par contre, le truc des serpents était plutôt génial, facile, simple à exécuter : Un coup de fil au vivarium local, et il nous emmène ce qu’il faut sur la place saint Pierre lors de la messe d’inauguration. Et pour la peine, j’avais même étudié les serpents les plus venimeux du monde. Au Brésil on en a un intéressant avec un des venins neurotoxique les plus puissants : le serpent Corail, mais la bestiole semble craintive et paresseuse, mord mal (petites dents), et n’injecte pas toujours le venin lors des morsures, dépend de son bon vouloir, donc foireux. Le Crotal de Mojave était un candidat intéressant, avec le venin le plus puissant du monde, mais les symptômes sont trop tardifs et la mort n’intervient que 7 heures après la morsure, donc après la fin de la messe, ce qui aurait nuit au spectacle. Mon choix s’était ainsi porté sur le Taipan du désert, avec un venin 50 fois plus puissant que celui du Cobra Royal, il était un excellent candidat à mon test de la foi. Le Taipan est un nerveux, agressif, et il injecte assez de venin pour tuer 150 hommes adultes par morsure, tandis que les symptômes arrivent en quelques minutes, très bon pour maintenir en allène le public. Alors soit le cardinal a la foi et il continue la messe, soit il n’a pas la foi et en une demi-heure c’est réglé, il est cané. A ce jour, un seul homme a survécu à la morsure d’un Taipan du désert, sûrement un gars qui avait la foi...

Alors voilà, c’était mon programme pour la première messe affublé des quelques cardinaux créé par Jean-Paul II ou Benoît XVI, une messe sympa suivie en mondiovision, avec du suspense, et qui m’aurait permis de détecter ceux qui croient au Christ et ceux qui n’y croient pas. Bien sûr, comme c’est moi qui propose l’exercice, j’aurai dû montrer l’exemple en premier, … et survivre, parce que j’ai la foi et que je me nargue du Taipan du désert !
Avouez que ça aurait été un peu plus spectaculaire que «dominus vobiscum etc.», il y aurait eu du show, le public, la télé, un grand moment de test de la foi, et le couillon qui doute ou qui remet en question mes serpents aurait pu vérifier en mettant la main dans l’aquarium, parce que contre une morsure de cette bestiole, c’est difficile de rester stoïque.
Voilà, avec moi, la religion catholique aurait subit une cure d’amaigrissement drastique, parce que bien sûr, j’aurai donné l’autorisation à tous les fidèles doutant de la foi de leur évêque ou curé de leur demander de passer le test de la foi, et ainsi privilégier la qualité à la quantité. C’est normal, quand on enseigne la foi, la moindre des choses est de l’avoir soi-même, sinon il ne s’agit que de paroles creuses.
Une fois ce problème spirituel réglé, ma deuxième mesure aurait été matérielle : rétablir les finances de l’état, et pour ça aussi j’avais la solution, j’aurai dissout par bulle pontificale, décrêt et motu proprio l’ordre des jésuites. Parce que j’abhorre les jésuites : une sacrée brochette d’hypocrites. C’est l’ordre religieux le plus riche du monde et tous ses membres jouent aux pauvres,...à gerber, et si ce n’était que ça on pourrait encore tolérer, mais l’ordre est complètement vermoulu au niveau de la foi, leurs deux plus éminents représentants ont assez affligé le monde par leur apostasie : Franciscole, et le général des jésuites Arturo Sosa Abascal qui n’a pas hésité à remettre en doute les Evangiles car a-t-il dit : "au temps de Jésus, on avait pas d’enregistreur !" Non mais quel con, et aujourd’hui, avec l’IA, si Jésus avait dit blanc on pourrait faire sortir noir de sa bouche, abruti ! Alors c’est avec un plaisir non dissimulé que j’aurai coulé cet ordre pour leur faucher leur pognon, leurs propriétés, leurs bêtes de somme, leurs trésors, leurs caisses de retraite, tout ! Les quelques jésuites ayant encore la foi (réussissant le test de la foi) auraient reçu autorisation de se réfugier auprès d’autres ordres religieux, tandis que tous les autres, eh bien zou, chassés des couvents sans solde ni retraite ! Ils jouaient aux pauvres ? Eh bien, je leur aurait donné loisir d’expérimenter réellement la pauvreté avec les clodos, que voilà une belle œuvre d’évangélisation auprès des clochards des 4 coins du monde ! Et du même coup, j'évitais la faillite de l'état avec du gras en plus pour m'acheter quelques menus gadgets : un avion blanc et jaune, un hélico blanc et jaune et une Ferrari blanche et jaune VA1 ;-)
Mais bon, Dieu en a décidé autrement, donc on reste avec plein de clercs boiteux qui ânonnent des inepties, peu de spectacle, plus de miracles, et des cérémonies nettement moins colorées qu’un curé qui prêche son sermon avec un serpent à la main...
Alors comme je ne suis pas devenu pape, je suis rentré en Suisse dans un tel état que je me disais qu’il me faudrait un séjour à l’hôpital pour m’en remettre. Mais arrivé en Suisse, j’ai été émerveillé et ça m’a maintenu dans un meilleur état moral, donc on verra plus tard pour l’hôpital. Ensuite, on est parti en caravane en Italie avec mon fils, le voyage a été si contraignant que je me disais : «Je tiens le coup jusqu’au retour, et je me reposerai à l’hôpital au retour". Au retour, j’ai encore visité un ami qui connaît très bien l’hôpital et qui m’a dissuadé d’y aller, donc j’ai annulé l’idée. En août, ça a été difficile parce que j’avais réglé tous les problèmes juridiques qui me couraient après, et tant que j’avais des problèmes à régler, ça allait encore, mais quand il n’y a plus rien à régler, eh bien on s’emmerde. Et le lundi 1er septembre, je suis tombé à la suite d’une remarque de mon père qui n’est en général pas très prolixe, donc lorsqu’il a quelque chose à dire, j’ai tendance à l’écouter, et là il me dit : «Il faudra bien que tu accepte ce que tu es !», et je suis quoi ? Un homme ? Un papa ? Un mari ? Un Chrétien ?, … et bien non : «Un malade psychique !»
Je fais pas mal d’efforts pour tenter d’échapper à cette condition, mais de voir que mon père qui me connaît bien ne me réduit qu’à ça, eh bien ça réduit à néant tous mes efforts, et si je ne suis plus rien d’autre qu’un malade psychique, ça veut dire que j’ai besoin d’un hôpital psychiatrique ! Ça n’allait de toutes façons pas tellement fort, alors le mardi j’ai demandé à mon médecin traitant de m’organiser un séjour à l’hôpital et j’y suis rentré vendredi 5 septembre, une année jour pour jour après en être sorti… ça fait une semaine que j’y suis, et je commence depuis hier à pouvoir lire et écrire, raison pour laquelle vous pouvez me lire aujourd’hui.
Par contre, j’espérais que Marjorie soit restée discrète sur l’adresse de ce site, parce que je n’avais envoyé le lien qu’à elle. Je me disais que si le personnel avait lu, il m’accueillerai en me lançant des pierres, mais tout s’est bien passé. J’ai vu le directeur directement en arrivant, et à la manière qu’il a eu de me saluer avec un sourire en coin, je me suis demandé s’il avait eu connaissance du site...? Le suspense a duré jusqu’au mardi soir lorsque Nicoletta m’a dit : «Eh bien, on ne pensait plus vous revoir après votre blog...». Je la cuisine un peu pour savoir qui a lu, et je me rends compte que l’adresse a dû bien circuler parmi le personnel et que le Roi de Bohême est devenu bien plus concret qu’en 1998.
Et finalement tant mieux, parce qu’aujourd’hui, les infirmiers laissent leur porte ouverte et on peut avoir accès au personnel bien plus facilement qu’avant, ils ont aussi instauré une réunion toutes les semaines avec les patients et le personnel pour qu’on puisse dire ce qu’on aimerait voir s’améliorer dans le pavillon. Pour dire la vérité, eh bien depuis une semaine que je suis là, je vois bien que les choses ont changé depuis l’année passée. Ce n’est peut-être pas à cause du site, parce que j’ai mis mon site en ligne le 8 décembre, et le 9 décembre est sorti sur le Nouvelliste (journal local), un article ravageur sur l’hôpital de Malévoz, donc si le site a été lu, il n’a été utile que pour appuyer l’article du journal par un point de vue intérieur de patient.
Malévoz, le 13 de septembre de l'an de grâce 2025 après la naissance de NSJC
Le mécanisme de la psychose a fonctionné à plein au Brésil avec ce délire papal, et ici je vais donner une clef de compréhension aux gens normaux de la signification de la psychose qui était bien définie dans mon trouble bipolaire qui a l’époque s’appelait : «Psychose maniaco-dépressive».
La psychose signifie «aliénation / être étranger», et c’est ce que notre psyché est capable de fabriquer lorsque la vie devient trop fade, trop routinière, trop morne ou habituelle. Depuis petit, il me semble que j’ai été créé pour faire de grandes choses (ou en tout cas, disons que les choses normales ne m’ont jamais tellement intéressé), je me souviens des courses à ski avec le ski club, j’avais toujours un concurrent de taille, Boris Zengafinen qui faisait de la compétition avec l’équipe Suisse et qui était le seul gulu à cette époque à skier avec un casque. Moi, la seule chose que je savais, c’était que pour finir sur la première marche du podium face à ce type, il fallait prendre tous les risques, et donc j’étais soit sur la première marche au-dessus de Boris, soit totalement absent du podium parce que j’étais tombé et c’est Boris qui empochait la mise. A l’époque, être sur la première marche du podium me semblait être une grande chose, je recevais la médaille d’or, les autres devaient se contenter de métaux plus ternes.
Et ce système a continué durant toute ma vie : rêver grand, voire grand, faire grand, plus beau, plus haut, plus clinquant. Alors, ...construire une maison au fin fond du Brésil n’est pas tant une grande chose, c’est juste quelque chose qu’on fait pour s’occuper un peu. Et comme les choses communes et banales ne sont pas dans mes cordes, que la construction avançait lentement, ce n’était pas si folichon, il y avait la routine des travaux, et surtout, jour après jour, rien de spécial ne se passait dans ce bled perdu. A certains moments, j’essayais de me rassurer en me disant que je tenais le bon bout car c’est ainsi qu’Hermann Hesse a fini sa vie. Le type était suicidaire déjà à l’âge de 14 ans, Carl Gustave Jung a tenté de le soigner mais ça n’a pas été très concluant si on en juge par ce qu’il a écrit après ses séances de psychothérapie, mais il a écrit, a reçu tous les prix qu’il pouvait imaginer recevoir en tant qu’écrivain jusqu’au Nobel, s’est marié 3 fois avant de conclure que le mariage n’est pas fait pour les gens comme nous, et voilà qu’il s’en va construire un ermitage au Tessin, sur un promontoire au dessus du lac de Lugano pour terminer là sa vie, sans même se suicider...
Alors moi sur mon promontoire rocheux au Brésil, ma terrasse panoramique, c’était un peu du même genre : Je m’installe là, j’écris ce que je veux écrire, je n’ai ni à m’occuper des repas, ni du linge, ni même du ménage… J’ai l’impression que je ne peux plus rentrer en Suisse et qu’il va falloir m’accommoder de ça, mais il s’agit là d’une vie de très très très basse intensité, faite de calme (trop calme), de silence, de méditation, de crapotage contemplatif, d’observation du ciel nocturne, et d’une coupure radicale d’avec la civilisation, de toutes les œuvres qu’elle a pu engendrer, ainsi qu’une solitude quasiment choisie qui me coupe de toutes les personnes que j’aime.
C’est un exercice intéressant sur un ou deux mois, mais pas sur 6 mois et encore moins sur les 30 ans d’espérance de vie qu’il me reste. Alors quand la vie tombe à une si basse intensité, eh bien il y a un mécanisme psychique qui s’enclenche et qui va m'en donner non pas pour mon argent, mais pour mes souffrances. Parce que la souffrance était toujours présente, la déchirure : une famille qui meurt dans un accident d’avion, eh bien elle n’existe plus et on peut faire son deuil et passer à autre chose, mais une famille qui ne meurt pas et qui se retrouve inatteignable c’est quasi pire parce qu’il n’y a même pas de deuil à faire, ou plutôt on ne sait pas s’il faut faire le deuil ou pas, alors on continue à prier pour eux, ...mais notre psyché nous a déjà embarqué dans quelque chose de plus grand, de plus haut, de plus éclatant et spectaculaire, et les choses s’étant passées comme elles se sont passées, eh bien j’arrive à élaborer un monde intérieur qui m’en offre suffisamment pour mes souffrances : - J’excommunie François le 1er janvier et je me dis que privé du secours de l’Église et des sacrements, il ne tiendra pas des lustres, et donc depuis cette date, je suis en stand-by, dans l’attente, mais une attente qui va me propulser vers un objectif plus universel que mon petit promontoire brésilien. Et la suite fonctionne parfaitement bien : François tousse, fait une bronchopneumonie pluri-bactérienne, les carottes sont cuites, et à ce moment je peux commencer à informer tout le monde que celui qui se prend pour le pontife de Rome va bientôt mourir et que je vais le remplacer. Mais je le dis avec un tel aplomb, calme et assurance, que personne n’ose tellement contredire, même les 3 bonnes femmes que Vera avait invité pour moi. Au lieu d’objecter, elles commencent à me faire part de leurs doléances sur ce que devrait être l’église… Donc la psychose est même capable de contaminer d’autres esprits qui peuvent croire que je reçois des lumières divines parce que je vais chaque jour prier à Riacho Fundo.
Et même lorsque François ressort de l’hôpital et que les gens me disent qu’il n’est finalement pas mort je ne me démonte pas : «Un répit accordé par l’Éternel en souvenir de la Pâque de son Fils, faire un dernier coucou au public, Urbi et Orbi, et c’est fini, il est mort je vous dis, même s’il ne le sait pas encore et que les gens le voient à la télé, ce n’est plus qu’un reflet, le vieil homme ne fait qu’un dernier tour de piste pour les salutations avant de tirer le rideau !», et le lendemain matin :
- « Le bureau de presse du Saint Siège a la profonde douleur de faire part de la mort du souverain pontife François ce matin à 07h00, sans les derniers sacrements ni rien, comme le dernier des mécréants, on ne savait pas quoi en faire, alors on l’a jeté dans le Tibre...».
Je déconne, Franciscole est toujours plus beau, plus grand, plus majestueux et magnifique, "Glorieux" ne serait pas un vocable galvaudé, ...même le Christ qui s'est contenté de ressuciter grandeur nature ne fait plus le poids, voilà comment Bergolglio s'est présenté hier soir sur la basilique Saint Pierre :

(3000 drônes de Kimbal Musk (le frère d'Elon) genre d'ami des pauvres et des laissés pour compte... Bon, je crois qu'il est inutile de le canoniser, on pourrait le diviniser directement, ça simplifierai les choses.)
Ceci dit, avec mes prédictions qui tombaient juste pour une fois, accompagnées de mon assurance tranquille, eh bien je pense que plusieurs ont dû regarder à la télé pour voir si le Camerlingue allait annoncer David Pierre Vuignier depuis la Logia (eh oui, la psychose contamine la réalité et peu aussi faire vaciller ou douter des esprits parfaitement équilibrés). Je ne croyais pas que j’allais devenir pape, je n’en était même pas sûr, je le savais !
Bon, quand la réalité reprend le pas sur la psychose parce qu’il n’y a plus moyen de croire le contraire, les autres font «OUFFF», mais moi je m’écroule, parce que mine de rien, cette grande affaire de Pontifex Maximus m’a quand-même tenu debout de la saint Sylvestre jusqu’en mai.
J’avais écris à l’époque : «Je créé une réalité nouvelle chaque jour», et c’était vrai, je créais une histoire qui, si elle s’était accomplie, aurait été jugée digne de figurer dans les anales des 10 plus grandes surprises de l’histoire de l’humanité… Mais si ça ne se réalise pas, pour le type qui a inventé ou élaboré tout ça, eh bien il ne reste que le désert et les cactus, et le fin fond du monde, ...c’est autre chose que la Logia des bénédictions au Vatican avec la grosse cloche qui sonne à côté et tout le peuple en pamoison.
Mon premier médecin m’aimait bien et s’amusait à écouter mes histoires, ...un jour il a rigolé et m’a dit : «Ce qu’il y a d’extraordinaire avec vous, c’est que vous êtes vraiment un cas d’école : tout ce qu’on apprend à l’école de médecine en théorie, vous le vivez dans la réalité !»
Et il a dit vrai : Je le vis !
… et même si je ne suis pas devenu pape, eh bien j’ai vécu comme tel.
Voilà, c’est ça la psychose, c’est la capacité de ma psyché à fabriquer un monde intérieur bien plus intéressant que le monde qui m’entoure, et je crois que je suis assez doué dans ce genre d'exercice, que mes délires sont assez bien construits pour que le directeur de Malévoz de l’époque, le Dr Raphaël Carron, convoque une douzaine de médecins assistants pour écouter notre échange : lui qui pose les questions et moi qui leur explique le roi de bohème en long, en large, et en travers.
Alors même si la chute est rude, j’ai comme développé une capacité à inventer des réalités qui n’existent pas, qui se superposent à la réalité que tout le monde voit et vit, et ainsi échapper à ma condition, en arrivant même à faire naître le doute chez certaines personnes équilibrées.
Mais la réalité extérieure continue à m’interpeller, car je continue d'élaborer des histoires avec des personnes réelles, du genre mon délire secondaire avec ma dentiste, une sorte de délire plus raisonnable que le délire principal. Parce qu’un pape ne ramène pas une bonne femme au Vatican, cette histoire avec ma dentiste était de toutes façons mal embouchée mais je l’avais créé peut-être comme une roue de secours…, d’ailleurs, quand mon affaire papale a capoté, c’est sur elle que je me suis rabattu : «Alors Julia, tu me maries ou tu ne me maries pas ?»
Mais elle ne me marie pas, donc le délire principal s’écroule et le délire de secours vole lui aussi en éclats, il ne reste que la réalité normale, banale, chiante comme un jour de pluie sans pluie.
En fin de compte, je me dis qu’Hermann Hesse avait peut-être raison, le mariage n’est pas fait pour des gens comme nous. Une patiente d’ici, Natalie, qui connaît bien mon histoire, veut me présenter à l’une de ses amies, j’en ai parlé un peu plus haut, et je sens bien que c’est piégeux comme histoire, parce que ça c’est de la réalité extérieure, de la vraie réalité, et la vraie réalité est dangereuse. Une vraie jeune femme aussi jolie que ça serait capable de me mener sur des chemins où je ne voudrais pas aller et me maintenir dans des endroits que je voudrais quitter. Je ne pense plus être en mesure d’aimer un être humain autant que j’ai aimé ma femme, mais je peux me laisser émoustiller, l’aimer un peu plus si elle me fait quelques gamins, mais plus jamais aimer comme j’ai aimé, car il me semble que seul Dieu mérite ce genre d’amour.
Ayant vu le résultat déplorable d’un si grand amour dans mon mariage, je n’ai pas trop envie d’imaginer le résultat d’un plus petit. Certes, il y aurait des moments agréables, mais en fin de compte il faudrait recommencer à écouter des trucs de bonnes femmes, des soucis, des envies, et les femmes sont passées maîtresses pour faire de nous ce qu’elles veulent. Je n’oublie pas Diogène qui s’écrie en voyant Dioxippos lorgner une courtisane : «Regardez-moi comment ce bélier d'Arès est mis sous le joug par la première fillette venue ! »
Il y a quelque chose d’effrayant dans la réalité, c’est que contrairement à la psychose qui peut être remodelée à l’infini, la réalité nous enchaîne à du concret qui ne dépend plus de nous.
Et là se trouve la tentation de la femme. Yahvé Sabaoth a dit : «Il n’est pas bon que l’homme soit seul», et on voit bien la suite, à partir du moment où Yahvé a donné une femme à notre père Adam, les choses sont parties en cacahuètes et Yahvé a dû mettre sur pied un processus qui va durer des milliers d’années pour rattraper le coup. Son Fils rattrape bel et bien le coup mais il apporte une précision de taille : «Heureux ceux qui se font eunuques pour le Royaume de Dieu».
Ainsi, la tentation de la femme reste toujours présente, ça semble réconfortant, tendre, agréable, mais la réalité c’est que la femme a une volonté propre et va vouloir nous tirer ou nous empêcher. Lia a brisé le rêve de Zéca, ma femme a brisé mon rêve, et elles n’ont même pas besoin d’hausser le ton ou de menacer, il leur suffit de dire : «Non, jamais !», et elles gagnent (Diogènes avait vu juste).
Donc en ce qui me concerne, il me faudrait plutôt une disciple qu’une femme, car une disciple obéit et met sa volonté sous le boisseau, et pourquoi une disciple plutôt qu’un disciple ? Eh bien, une disciple aura des atours plus agréables qu’un disciple.
En définitive, il me faut trouver une solution pour me sentir complet, accompli, sans chercher l’approbation de personne, détaché de tout et de tous comme Diogènes, car lui avait compris qu’au fond, on est tous seuls. L’avantage que je peux avoir sur lui, c’est que depuis la venue du Christ, je sais qu’au fond personne n’est jamais seul, Dieu est toujours avec tous, mais bien peu le savent ou alors ils le savent mais s’en foutent. Moi je le sais, et mon plus ardent désir est de ne subsister plus que dans l’Amour de Dieu, et c’est là la seconde tentation : Envoyer chier le monde des hommes, leurs grimaces, leurs préoccupations et leurs commerces, et aller habiter avec mon ami le lion, dans la savane.
On en arrive ici à la troisième tentation, celle que je ne classe ni dans les psychoses ni dans les délires car le rêve date de si vieux qu’il remonte à ma prime jeunesse, et je ne sais pas encore dire aujourd’hui si ce voyage africain est une lubie très très ancienne ou bien si c’est Dieu Lui-même qui a planté ce rêve dans mon cœur ?
C’est pour ça que je ne peux pas rejeter le rêve de l’Afrique comme un délire. Je sais juste que chaque 6 du mois, il y a un ferry qui part de Gène et qui accoste 3 jours plus tard à Tanger, avec cabines de couchage s’il vous plaît ! Si je me sentais complet, autosuffisant, sûr de ma capacité à gérer les africains curieux, j’irai réaliser ce rêve. Cependant, je suis déjà prévenu que si j’embarque à Gène, le rejet sera total de tous les côtés, depuis mon propre père jusqu’à mes enfants ou ma famille de cœur au Brésil. Ainsi, des êtres humains auxquels je suis encore moins liés qu’à ma femme constituent encore une sorte d’obstacle, donc imaginez le pouvoir de persuasion d’une femme ? - Il est total et totalitaire !
Pourquoi cette tentation est-elle si forte ? – Parce que tout le monde a peur de mourir et donc personne ne fait des voyages pareils tandis que je suis contraire, j’ai une ambition très modeste en ce qui concerne mon espérance de vie, mais comme j’ai été créé pour faire de grandes choses, eh bien un grand baroud d’honneur me va, et si j’arrive jusque aux lions, eh bien je stationne ma caravane avec eux en m’assurant simplement un approvisionnement auprès d’une peuplade locale, et salut la compagnie !
Il est peut-être temps que j’explique pourquoi il y a toujours un lion sur mes casquettes : Parce que le lion est comme Adam avant la chute, il est le roi de tout le monde, plus sage que les humains eux-mêmes. Le lion a un royaume (un territoire), c’est un contemplatif qui ne fait rien d’autre que contempler ses terres et ses habitants. Le lion ne chasse pas, il a 3 ou 4 lionnes à qui il confère autorisation de chasser en ses terres, et elles lui apportent sa pitance chaque jour. Il a une descendance assurée du même coup, se met à l’ombre d’un arbre lorsqu’il fait trop chaud, la seule manière d’énerver un lion est de violer les frontières de son royaume. Si une menace pénètre sur son territoire, il attaque, démembre, règle le problème et retourne à sa contemplation. Les humains n’arrivent pas à la cheville de la sagesse d’un lion, mais grâce à certains artifices technologiques, ils ont osé le mettre en cage comme un vulgaire animal.
Voilà, alors si d’aventure j’arrivais jusque là-bas, la chose la plus délicate sera de me faire accepter sur le territoire d’un lion, tisser une sorte de lien de confiance, lui dire : «Bonjour frère lion, tu as un beau royaume, est-ce que je peux le contempler avec toi ? En plus, j’ai des jumelles Swarowski, s’il y a intrusion je signale direct ! et j'ai 5 kilos de matériel photo pour imortaliser ton royaume.» S’il comprend cette demande et l’accepte, qu’aurais-je encore à faire des hommes ? Pour aller plus loin que ça dans ma proximité avec le Créateur et sa création il ne restera plus qu’un seul chemin : la mort. Mais avant ça, à mon avis, il n’y aura qu’une seule journée dangereuse, ce sera la première, lorsque j’ouvrirai la porte de la voiture pour y descendre et me présenter au lion. Là, il n’y aura que deux possibilités : soit il acquiesce à ma présence et tout se passera bien, soit il me mange, ce sera un mauvais quart d’heure à passer, et ce sera la fin de David. … mais bon, comme pas un cheveu ne tombe de ma tête sans que le Père l’ait expressément autorisé, là-aussi, il faudra que le lion obtienne une autorisation divine pour me bouffer. Les tigres sont tout aussi forts que les lions mais plus vicieux, et j’ai bien compris en Inde que le tigre nous aurait bien volontiers bouffé, mais mystérieusement et malgré tous ses rugissements, il en a été empêché.
Alors certes, je dis LE lion alors qu’il y en a toujours plusieurs dans un royaume, mais il s’agit de membres de sa famille, pas de lions étrangers, mais LE lion c’est le roi et il sera assez facile à repérer, ce sera celui qui s’affaire le moins de tous. On est tous tiraillés entre le faire et l’être, les femmes sont plutôt dans le «faire» et l’homme est plus apte à «être», quoique, de nos jours, ce n’est plus si évident. Mais en ce qui me concerne, j’ai développé jusqu’à un point d’excellence ma capacité à ne rien faire du tout, juste à être, comme le lion, cela suffit à Dieu, il m’aime comme je suis, peu importe à quel point je m’active.
Et si vous voulez mon avis, si je sympathise avec LE lion, je n’aurai même pas besoin de trouver une tribu ou une peuplade à proximité pour l’approvisionnement. Si le lion m’accepte et partage avec moi ce que les lionnes rapportent de la chasse, eh bien je saurai faire ce que lui ne peut pas : du feu, ...pour griller la viande. Mais bon, le lion n’a pas besoin de feu car il préfère la viande crue et n’a pas besoin de lumière pour voir la nuit, mais un feu maîtrisé dans son royaume, ça pourrait l’amuser. Alors quoi ? J'ai un générateur a essence, une centrale solaire, un véhicule, il me faudra un déplacement toutes les 3 semaines dans la bourgade la plus proche pour reprendre de l'essence et acheter d'autres trucs que de la viande et c'est tout.
Arrivé à ce stade du récit, le lecteur doit se dire que le type qui écrit est bien à sa place dans un asile de fou. Mais je ne vais pas faire la même erreur qu’Hermann Hesse qui a consacré sa vie à expliquer les tréfonds de son âme dans de multiples ouvrages romancés. Les gens ont acheté, ont aimé, ont donné le Nobel, mais n’ont pas compris malgré son phénoménal vocabulaire. Il y a 3-4 ans, je croyais encore que les gens comme nous se devaient d’expliquer aux autres ce que nous vivions, je pensais que si on arrêtait d’au moins essayer de se faire comprendre, eh bien on sombrerai dans le suicide. Mais en définitive, je pense aujourd'hui qu'il est inutile d'expliquer, Hesse s'est donné un mal de chien pour ça, et je sais que si je peux vivre les livres d’Hesse parce que j’ai vécu les choses qu’il explique, les autres ne pourront à peine qu’en saisir le sens, et encore, pour beaucoup, ça restera juste une belle histoire, un récit initiatique qu’ils n’atteindront jamais car ils ne sont pas doté des capacités adéquates pour l’expérimentation. Alors à ceux qui croient que je suis bien à ma place dans un asile de fou parce que des rêves pareils, eh bien seul un esprit dérangé peut les avoir, je leur réponds qu’en plus de les avoir, je les nourris au point d’accepter d’y engager des moyens matériels, financiers et même vitaux. Et sur ce genre de trucs, voilà ce qu’en dit le grand prix Nobel dans le Loup des Steppes (donc après le passage de Jung) :
"On ne peut vivre intensément qu'aux dépens du moi. Le bourgeois, précisément, n'apprécie rien autant que le moi (un moi qui n'existe, il est vrai, qu'à l'état rudimentaire). Ainsi, au détriment de l'intensité, il obtient la conservation et la sécurité, au lieu de la folie en Dieu, il récolte la tranquillité de la conscience; au lieu de la volupté, le confort; au lieu de la liberté, l'aisance; au lieu de l'ardeur mortelle, une température agréable. Le bourgeois, de part sa nature, est un être doué d'une faible vitalité, craintif, effrayé de tout abandon, facile à gouverner. C'est pourquoi à la place de la puissance, il a mit la majorité; à la place de la force, la loi; à la place de la responsabilité, le droit de vote. Le mot d'ordre du bourgeoisisme est le principe inverti des forts : celui qui n'est pas contre moi est pour moi."
"J'avais en moi une image de la vie, une croyance, une exigence, j'étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices. Mais peu à peu, je remarquais que le monde n'exigeait de moi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n'est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l'on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et de regarder le téléviseur. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose : L'héroïque, le beau, le pur, l'adoration de l'art, la piété pour les saints, n'est qu'un imbécile et un don Quichotte."
"D'abord, j'ai désespéré, et, pendant longtemps, j'ai cherché la faute en moi-même. En fin de compte, pensai-je, c'est toujours la vie qui doit avoir raison et, si elle s'était jouée de mes beaux rêves, c'est qu'ils étaient bêtes et avaient tort. Mais cela ne me réconfortait pas vraiment. J'observai alors, avec mes yeux et mes oreilles, la vie -la soit-disant vie- je regardais mes voisins, mes cousins, mes amis, et je vis que mes rêves avaient eu raison, mille fois raison. C'était la vie, la réalité qui avait tort. Comment pourrais-je vieillir bêtement derrière un bureau, sous les ordres d'un patron, ou devenir brasseur d'affaire ou balayeur ?"
Alors voilà, Zéca a abandonné son rêve parce que Lia ne voulait pas déménager à Ibiajara (il voulait faire chauffeur, rien d’extraordinaire), et moi j’ai abandonné mon rêve d’aller habiter à Bora Bora, m’acheter un bateau pour promener les touristes et faire de la pèche au gros. Je l’avais dis avant le mariage et tout était ok avec Madame puisque le terme était lointain. Mais à 30 ans, lorsque j’ai eu les moyens de le réaliser et que la demande s’est faite concrète, il n’en était plus question, et pourtant, rien d’extraordinaire là non plus, plein de gens travaillent dans le tourisme, donc ce n’était pas un rêve fou, mais réaliste, même en famille.
Ceci dit, cette histoire de Bora Bora était un rêve d’adolescent, car mon rêve de gosse c’était bel et bien l’Afrique, et j’avais un bouquin sur l’Afrique qui datait des années 70 avec sur la page de garde un africain vêtu d’une peau de léopard autour des reins, une lance à la main, et avec un os de je ne sais pas quoi dans le nez. C’est d'ailleurs comme ça que je veux voir les africains : Des chasseurs-cueilleurs ! Rien à cirer de leurs grandes villes pouilleuses et malodorantes, c’est les grands espaces et la nature qui m’intéressent.
Lorsque j’ai élaboré mon projet de tour de l’Afrique, en janvier 2024, je me disais qu’à chaque fois que je pénétrerai dans un nouveau pays, il fallait que je fasse mander par coursier un pli au président ou au roi pour l’informer de ma présence, le remercier de me laisser traverser ses terres, et lui dire que je l’enverrai encore un coursier avec une lettre d’adieu depuis l’endroit où je sortirai du pays. L’idée c’était de rouler un ou deux jours, et ensuite une semaine de pause dans un bled pour discuter avec les gens qui auraient pu joindre un mot pour le roi, une bénédiction ou une doléance, et je mettrais le tout dans l’enveloppe que je ferai mander en quittant le pays. Pour ce faire, j’avais acheté un cachet avec mes initiales, de belles enveloppes, et même la plume Montblanc du Cardinal Scipione Borghèse, collection Patron of Arts. Parce qu’à l’heure d’internet, une lettre cachetée à la cire avec les initiales d’un gulu qui vient de Suisse pour faire le tour du continent en caravane, eh bien je me disais qu’il y avait de bonnes chances pour que le chef de l’état la lise. Mais c’est mon côté saint Bernard : Essayer d’apporter quelque chose dans chaque pays que je visite, je l’ai fait en Inde, au Sri Lanka, au Brésil, et si je ne fais rien pour les gens, je culpabilise de passer du bon temps sans rien offrir en retour.
Dans ce cas là, le voyage aurait duré très long, il était prévu sur 2 ans pour faire le tour de l’Afrique comme vous le voyez sur le plan de la page de garde du site. Mais si je me fixe un objectif, eh bien je n’ai plus qu’à me concentrer sur la route et accessoirement sur la bouffe, l’essence, et on avance tant qu’on peut avancer. Entre Tanger et Dakar, la route sera toute droite et goudronnée, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Mais depuis là il m’arrivera forcément des aventures, même sans m’arrêter à chaque fois une semaine pour coller à mon idée originale, donc ça pourrait être sympa, rude, mais sympa.
En fin de compte, dans cet hôpital, je n’ai pas 36 alternatives lors de ma sortie. Soit je décide de retourner au Brésil avec un objectif : Écrire le second tome du Grand Chaos, mais qui risque finalement de se transformer en trilogie :
1) Le Grand Chaos, ou le Triomphe de la Force
2) Octave, ou le Triomphe de l’Esprit
3) L’humble Serviteur, ou le Triomphe de la Foi
Soit j’embarque le 6 novembre sur ce ferry et on verra bien ce qui va se passer. La seule chose dont je suis convaincu, c’est que je ne me ferai plus jamais rapatrier avec tout mon tremblement.
Il y avait aussi cette idée de convertir l’ancienne maison de Vera sur la place centrale en lieu de divertissement avec bowling, cinéma, théâtre, lounge, mais ça, c’est vraiment le genre de truc que n’importe qui peut faire, il n’y a pas besoin de moi pour ça. Tout ce que ça va réussir à faire, c’est de me bouffer le fruit de la vente de ma voiture et caravane, et à la fin, eh bien salut les lions et bonjour la routine…
La solitude…, je me rends compte durant cette hospitalisation que non seulement j’aime la solitude, mais qu’en plus, je la recherche. Inconsciemment lorsque j’étais au Brésil, mais c’était déjà ainsi, 22 heures sur 24. Je pensais que j’avais un problème de sociabilisation, mais en fin de compte, je comprends que je ne supporte plus les conversations creuses, les petites blagues pour meubler, et même la compagnie de gens que j’aime m’inquiète, je ne peux rester que quelques heures et après il faut que je m’isole.
Tant que j’arriverai à me supporter moi-même, ça devrait encore aller, mais au-delà de ça, il va bien falloir prendre une décision, et là, plus moyen d’accuser les autres de casser mon rêve, même si tout le monde est contre, me décourage ou me menace de mesures de rétorsions (oui oui), je n’ai plus de comptes à rendre à personne donc je m’en fous.
En réalité, le seul problème de l’Afrique c’est les africains, parce que si je n’avais pas cette peur de ne pas arriver à faire face à de multiples curieux, je ne me poserai pas 36 questions, je serai déjà en route.
Reste le décimètre cube de matière grise à dompter, domestiquer, réduire au silence, parce que c’est en réalité mon seul problème réel pour un périple pareil : un cerveau pas plus grand qu’une brique de lait à maîtriser totalement, et pour cela, il se peut qu’une saison de plus au Brésil à expérimenter la solitude, la méditation et la prière ajouterai un atout de plus dans mon jeu pour cette grande traversée.
J’ai déjà un atout de taille : celui de ne pas avoir peur de la mort, et même la désirer au plus prestement, mais cet atout a un pendant négatif : c’est que ce désir peut devenir si fort que je deviens le principal danger pour moi-même, et si je peux accepter de me faire tuer ou bouffer, je ne peux pas envisager de me suicider car Dieu serait très déçu de moi, donc il faut que je trouve un mécanisme psychique qui m’empêche de tomber dans ces états si morbides.
Alors oui, à la fin du compte, il me semble que je suis bien parti soit pour vivre ma dernière année de vie, soit pour devenir l’homme qui murmure à l’oreille des lions. ...et attention, si je vois poindre au bout de mes jumelles des touristes, je lâche toute la meute !
Une amie m’a raconté son voyage en Tanzanie… de la merde en paquet ! Il faut s’entasser à 12 sur les bancs d’une jeep en gradins, 8 heures de pistes cahoteuses chaque jour, et s’il y a un lion dans les parages, eh bien c’est comme au Sri Lanka pour les baleines : tous les guides se téléphonent, se transmettent les coordonnées, et quand t’arrives vers le lion ou la baleine, t’as déjà 12 jeeps ou bateaux autour, donc impossible à cadrer un lion sans jeep dégueulant de touristes en arrière plan. Et la nuit il s’entassent tous dans d’immenses tentes… bof bof, je préfère y aller avec ma voiture et ma caravane, je la stationnerai avec les lions, et au lieu de balader des touristes, je baladerais LE lion sur la place passager de la voiture, fenêtre ouverte, crinière au vent ! On sera de bons potes.

Malévoz, le 15 de septembre de l’an de grâce 2025 après la naissance de NSJC
Depuis hier, je suis passé sur Radio Nomade et j'ai annoncé qu'à 53 ans, j'avais décidé de réaliser mon rêve de gosse (le thème de l'émission était sur les rêves), alors si c'est passé à la radio c'est que c'est sérieux.
Mais comme expliqué dans l'article 30, le projet à été complètement modifié, avec un objectif final. Très concrêtement et pour schématiser, il y a 9000 kilomètres à faire pour arriver aux bestioles intéressantes, dans la forêt primaire du bassin du Congo. Tout en route goudronnées, par le Sahel, si je fais 1000 kilomètres par jour, en 9 jours j'y suis, mais je compte plutôt trois semaines quasiment sans décrocher la voiture.
Je me dis que maintenant que j'ai tout le matériel pour le faire, si je ne le fais pas et que je mets mes billes à NS do Ouro, et que je veux quand-même le faire l'année prochaine, eh bien je n'aurai plus ni voiture ni caravane, donc je le fais cette année, décembre sera consacré à rejoindre Bangui, janvier à traverser et photographier jungle humide, et ensuite ce n'est plus que du plaisir.
Malévoz, le 19 de septembre de l'an de grâce 2025 après la naissance de NSJC.