Par la force des choses, j’ai dû reporter mon projet africain à l’année prochaine, ou à l’année où ça aura un sens, l’ambassade d’Irak n’a même pas répondu à ma demande de laissé-passer avec ma caravane, et j’ai trouvé la bonne route beaucoup trop tard. Puis il y a eu cet affaissement, ça aurait impliqué des visas avec plusieurs ambassades, une assurance véhicule spéciale pour l’Arabie Saoudite, sans compter les vaccins, et tout ça dans l'espoir d'une route vers la mort. Bon, je n’étais plus dans les temps et il faut que j'aborde une solution pérène à cette affaire africaine, sinon ce sera un voyage en queue de poisson.
Mais lors de cette seconde hospitalisation, je suis tombé dans la chambre avec un jeune contremaître qui a fait tout le cursus pratique => maçon, chef d’équipe, contremaître. Je l’ai observé plusieurs jours, il avait plusieurs projets en tête, l’un en Islande, l’autre au Sahara en moto, et il a surtout entièrement fait un appartement de luxe qu’il arrive à louer 2’400 francs par mois. Comme il me semble qu’il arrive à garder le même self-control que moi (ne pas se faire remarquer en public), eh bien je me suis dis que j’allais l’inviter au Brésil. J’ai des boulots que les maçons brésiliens ont mal fait, comme le couvert par exemple qu’il faudra refaire sans frais (tout le matériel est là), alors on a convenu d’un accord genre : «Tu peux venir, si tu ne veux pas bosser c’est 20 francs par jour pour la nourriture/logement/blanchiment/moto, et si tu bosses c’est gratuit".
Donc on verra bien ce que ça donne mais on a pris nos billets pour le 7 décembre. Alors à un certain moment, il faut se poser la question de ce que signifie encore le roi de bohème… ? Eh bien c’est juste le type qui a une maison au bout du monde, qui en a une en Suisse qu’il ne peut pas habiter, et donc en Suisse il a une roulotte où il navigue entre la roulotte, la maison de ses parents, et l’hôpital… sa roulotte est destinée à rejoindre les grands parcs africains, mais il faut qu’il s’organise un peu pour ça, et le roi de bohème est un peu bordélique dans son organisation, donc on verra ça avec mon fiston Fabrice l’année prochaine quand il aura des papiers qui lui permettront de voyager.
En attendant, je déménage Malévoz à NS do Ouro ! Non, pas Malévoz, même pas un pavillon, mais tout de même deux suisses un peu perchés au bout du monde… L’année passée je suis parti gonflé à bloc par ma foi en Dieu sans médicaments, et cette fois-ci j’y retourne sans ma foi en Dieu mais avec des médicaments, on verra si ça se passe mieux. Ceci dit, ils ont enfin accepté de me prescrire le médicament qui m’a permis de mener une vie de famille correcte durant 25 ans, un des premiers ou LE premier anti-dépresseur inventé dans les années 60. ça faisait 3 ans que j’en avais plus et ça faisait 2 ans que je le réclamais, mais un médicament trop vieux, pas rentable, trop puissant, bref, il a fallut batailler méchamment pour y avoir à nouveau droit. Je pense qu’avec cette molécule et l’humeur qui est plutôt bonne compte tenu de la situation matrimoniale et familiale, eh bien c’est le truc qui va me permettre d’écrire le deuxième Tome du Grand Chaos.
Alors si mon copain bosse dehors, que Vera s’occupe de tout comme d’habitude, et que mon humeur est en mesure d’écrire une nouvelle grande saga, je n’aurai plus d’excuse et je vais l’écrire.
Alors voilà, le roi de bohème c’est un peu le type qui ne sait pas vraiment où il habite, il essaye de se créer un chez soit au bout du monde, mais en réalité sa vie n’a pas d’ancrage, c’est plutôt un flux qui va et qui vient…
Ma femme avait su m’ancrer, avec beaucoup d’amour pendant 20 ans, et ensuite j’ai mis 10 ans a essayer de retrouver cet amour en elle mais il semblait caché, ou voilé, … absent. Entre la mi février 2023 et la mi février 2024, j’étais sous lithium qui a agit comme un désinhibiteur avec moi, ce qui faisait que j’osais faire et dire des choses que je n’aurai pas osé sans le médicament, comme on ose faire et dire des choses quand on a 3-4 verres dans le nez qu’on aurait pas osé à jeun. Mais s’il faut rattraper une soirée de maladresse le lendemain parce qu’on avait picolé la veille, eh bien ça va, mais rattraper une année entière, c’est impossible. Lorsque je me suis rendu compte de ça, j’ai fais la liste des endroits où je ne remettrait plus jamais les pieds parce que j’avais fait ou dit des conneries. Lorsque j’ai annoncé ma séparation à mon cousin, en rigolant et goguenard, je me souviens parfaitement, on était sur le balcon, il y avait la lune droit sur sa tête, il me regarde et me dit : «Mais, ce n’est pas toi, David, tu n’es pas là !?», et je lui répond : «Je sais !». C’est très étonnant, mais sous lithium, on a pas envie de s’emmerder, alors en juillet quand ma femme dit au docteur : «C’est soit l’hôpital soit les valises devant la porte». Elle le dit avec raison parce que depuis 3-4 mois, elle ne reconnaît plus vraiment l’homme avec qui elle vit. D’un autre côté, du mien, je recroise Corine à l’hôpital et sa première question a été : «Alors David, t’as reconquis ta femme ?» Je lui répond que non et je me dis : «Purée, ça doit faire au moins 6 ou 7 ans que je n’ai plus vu Corine à l’hôpital, ça fait trop longtemps que je rame, ça suffit» : J’ai passé 30 ans à aimer une femme, est-ce qu’il faudra accepter de se supporter 30 ans de plus s’il n’y a plus d’amour ? Non ! Next ! Et donc je sors sur la terrasse et j’annonce à tous : «Purée, ça fait 30 ans que je suis marié, ma femme ne veut plus de moi, je n’ai jamais dragué personne de ma vie, est-ce que quelqu’un peut m’apprendre ?»
Voilà comment ça marche quand on est sous lithium : ça ne fonctionne pas ? On passe à autre chose qui pourrait fonctionner et on voit en avançant si c’est chouette ou chiant.
Juste pour dire, le lithium me stabilisait tellement haut que le toubib m’a donné de l’Haldol (alors qu’il est strictement contre-indiqué dans mon dossier), c’est le médic qu’ils donnent aux types qui sont dans la stratosphère en phase maniaque. Donc même le chef de clinique a confondu l’effet principal du lithium avec une phase maniaque délirante alors que tout allait très bien. L’effet secondaire du lithium c’est qu’il me couvrait de psoriasis et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai arrêté le 15 février 2024, et les jours suivants j’ai compris et j’ai calculé les dégâts.
Je ne regrette pas d’avoir foutu un coup de pied dans cette fourmilière de l’Amour qui était de toutes façons déjà très très mal embouché dès 2022, donc avant le lithium. Le lithium, c’est le truc qui m’a permis de prendre la décision et de dire : Maintenant ça suffit !
Seulement qu’une fois revenu à moi (si on peut dire ça comme ça), eh bien j’ai eu la foi et l’espérance que cette séparation était un bien pour mieux nous retrouver. Laisser passer un peu de temps, prier, faire le point, se pardonner mutuellement tout ce qu’on a à se pardonner, faire table rase du passé et vieillir ensemble comme prévu.
J’arrive même à m’imaginer que Dieu a mis le lithium sur ma route exprès pour que je prenne cette décision, histoire de lui laisser le temps de réparer ce qui a besoin d’être réparé.
Ce qui n’était pas prévu, c’était qu’à partir du moment où j’ai mis le pied hors de la maison, Madame allait cesser totalement, complètement, toute communication avec moi. On a été marié durant 30 ans, on a 4 enfants en commun, et du jour au lendemain c’est comme si on ne se connaissait pas et qu’on n’avait jamais rien partagé dans notre vie. Quand il faut passer par avocat des factures d’eau d’arrosage, c’est vraiment qu’on est tombé au plus néant de la communication.
Inexplicable, je n’ai pas d’autres exemples, même chez des couples difficiles…
Parce quand on en arrive là, en général c’est qu’il y a mort d’homme ou de femme, entre le veuvage et ce que je vis, on va dire que le veuvage permet de faire son deuil et passer à autre chose, tandis que ce que je vis c’est comme un deuil non seulement d’une femme mais aussi d’une famille, et dans mon cas on pourrait presque dire du pays (j’ai quand-même été banni de ma propre maison par une juge), et là on va dire que c’est comme si on arrive au rideau de fin : La femme parfaite qui a porté un malade mental alcoolique et drogué pendant 30 ans, qui reste sur le pont au service de ses enfants, de leur épanouissement et leur bonheur, qui reste pieuse et craintive de Dieu, c’est un sans faute sur toute la ligne.
Voilà, ça c’est la scène finale, une mère courage qui contre vents et marées a su maintenir le cap, les enfants s’établissent ou réussissent dans leurs études grâce à elle. J’ai même demandé à l’une de mes connaissances vaticaniste à Rome si on pouvait ouvrir un procès en canonisation de ma femme, pour la faire Sainte, oui oui, de son vivant, ce sera une première dans l’Église Catholique, mais c’est aussi la première fois que l’Église compte en son sein une femme aussi pieuse, dévouée et parfaite (si on excepte la sainte vierge).
Et donc je dois admettre que le malade mental alcoolique et drogué ne cadre pas du tout dans la scène bucolique finale avec la maman portée sur les autels, même si le malade fourni le gros des munitions pour qu’une telle scène tienne debout.
C’est d’ailleurs un truc que j’ai appris depuis ma séparation, je pensais que la famille n’avait pas de prix, j’avais même listé mes 4 piliers il y a quelques années : L’amour, la famille, la foi, le beau, aucun des 4 ne s’achète, tous les 4 se construisent. Aujourd’hui on en est au stade ou les 4 piliers sont détruits. Parce que pour un type qui croit que c’est Dieu qui lui a désigné sa femme, eh bien la situation actuelle est soit un épreuve, soit une preuve que le Dieu auquel je croyais n’existe finalement pas.
En attendant, eh bien que le Dieu auquel je croyais existe ou pas, eh bien il faut quand-même continuer à vivre ou survivre, et dans tout ce bordel on peut tenter de construire un peu de beau, et c’est ce que j’ai commencé à faire et continuerai à faire là-bas, au bout du monde, là où j’ai les moyens de le faire. Dans cette situation il y a une tentation, c’est d’assurer soi-même son destin, son avenir, sa subsistance future, et pour cela, j’ai re-besoin d’une famille.
Ça impliquerai de trouver quelqu’un qui souhaite faire sa vie avec moi qui souhaiterai, le cas échéant, la re-faire. Oui, parce que ce n’est pas parce que j’ai 53 ans que je vais me coltiner une vieille. Non, une jolie jeune brésilienne qui se retrouverai dans l’assurance d’être avec une type fiable sexuellement, de savoir que quoiqu’il arrive, tous ses enfants auront un passeport Suisse, et de mener une vie confortable au Brésil. Parce qu’avec 1’400 francs garanti par enfant, eh bien un enfant représente une rente suisse équivalent à 6 salaires brésiliens à lui tout seul. Et donc je me dirai : Je donne 2 salaire à la femme elle en fait ce qu’elle en veut, je capte 2 salaires pour l’adaptation du train de vie, et j’ouvre un compte pour le gamin où je verse 2 salaires par mois jusqu’à sa majorité.
Et à sa majorité, qu’il souhaite étudier ou qu’il souhaite monter un business sur place, je n’ai pas calculé mais si on met 2 salaire de côté par mois pendant 20 ans, … je me dis qu’ils en seraient reconnaissant envers le vieux et qu’ils s’occuperont un peu de moi. Pareil pour la femme, soit elle s’occupe de moi et jackpot pour elle à plusieurs niveaux, soit elle fait chier et elle perd tout. Ceci dit, je sais déjà que je n’aimerai plus jamais comme j’ai aimé car j’introduis déjà une sorte de calcul à la base, et donc ça devient un «amour» intéressé.
Enfin voilà, ça c’est la tentation : maîtriser moi-même mon avenir par une sorte de tour comme ça. Parce que pour en revenir à mes 4 choses inachetables, eh bien je vois que la famille a quand-même un prix, et je sais exactement qu’est-ce qu’il m’en coûte, et ce sans un merci ou quelque gratitude que ce soit pour ce que j’ai fait pour eux. Et donc si la famille a un prix qu’on doit payer sans aucun mot en contrepartie, je me dis qu’avec mon système de comptes par enfants, je pourrais cette fois-ci réussir mon coup : Au lieu de payer des gens qui ne m’adressent plus la parole, … payer des fils pour qu’ils continuent à m’adresser la parole. Laisser secret ces 2 salaires de côté et leur donner de temps en temps s’ils ont de bonnes idées ou des besoins…
En manœuvrant bien, oui, je pense que je pourrai trouver une jeune femme bien au Brésil, mais ce n’est qu’une tentation, parce que la vérité, c’est que de toute ma vie, je n’ai aimé qu’une seule femme et je ne me vois pas vieillir sans elle. C’est la personne qui me connaît le mieux au monde et je suis sans doute la personne qui la connaît le mieux au monde. Dans quelques années, lorsque les enfants ne viendront plus que dire bonjour le dimanche, elle saura qu’il lui manque une moitié, et on vieillira ensemble parce que c’est écrit comme ça !
Voilà, quand j’aime, je peux autoriser des gens à ne plus m’aimer, mais je ne supporte pas que des gens cessent de m’aimer sans que je ne leur en donne l’autorisation. Mais avec la marque de Caïn sur mon front et l’amour dans mon cœur, je sais que le Dieu auquel j’ai confié ne me déconfiera pas et qu’on vieillira ensemble parce que l’amour triomphe toujours à la fin, même quand en face les types sont divinisés et s’appellent César.
Alors au bout du compte, voilà ce qu’est un roi de bohème : juste un type qui se raccroche à sa nostalgie, qui meuble en tentant de re-créer un peu de beau là où la nostalgie l'a mené, sur la route de Riacho Fundo, qui, à part sa roulotte n’a quasiment plus rien à lui (au Brésil je n’existe pas), et qui n’ose même plus tant espérer après l’amour, il soupire en… attendant… ?
Et donc en attendant je ne vais pas poster tous les jours mes états d’âmes, je vais plutôt m’atteler à l’écriture du deuxième tome de mon bouquin, et pour le site… eh bien ça aura été une expérience, l’adresse cessera sans doute d’émettre le 7 décembre, jour du départ au Brésil, j’avais activé le nom de domaine le 8 décembre 2024, et il faudrait payer genre 100 balles pour le conserver une année de plus. Donc l’adresse du site deviendra impossible à trouver, ce sera une très longue adresse avec le nom de l’hébergeur apondu. Je n’ai pas vraiment encore bien réfléchi à la chose, mais je pense que pour mériter ce nom de roi de bohème, il faudra non seulement terminer ce que j’ai commencé au Brésil, écrire le tome II de mon bouquin, mais aussi trimballer ma roulotte depuis la Suisse jusqu’au cœur de l’Afrique. J’ai l’adresse où je peux laisser stationner en toute sécurité, si Fabrice a ses papiers pour voyager l’année prochaine, je tente le coup avec lui et dans ce cas je laisse l’adresse en l’état parce que j’imagine que oui, je peux finalement le devenir, ce roi de bohème, mais pas sans la voiture et caravane en Afrique.
Grimisuat, le 18 novembre de l’an de grâce 2025 qui suit la naissance de NSJC.
Catastrophe !!!
J'ai été hier dîner avec Thibaud et sa maman qui nous avait invité chez elle, et j'ai compris que je ne pouvais pas le prendre avec moi. Sa mère (donc qui le connaît mieux que moi) ne lui fait pas confiance, je sais quel traitement il prend, j'ai pris la même chose entre le 15 février 2023 et le 15 février 2024 : Du Lithium…, c'est la molécule qui fait que : "Il n'y a pas de problème, et s'il y en a un, je serai toujours assez malin ou alors je trouverais une entourloupe pour retomber sur mes pattes"
Avec cette molécule, le lithium, il n'y a jamais de problèmes, aucun. Sauf que le 15 février 2023 j'avais une femme, des enfants, une maison, une collection de montres d'une valeur de plus de 200'000 francs, et le 15 février 2024 je n'avais plus ni femme, mon fils aîné à complètement arrêté de me parler, la maison m'a été confisquée, je n'ai plus de montres et je suis au bord de la banqueroute, mais à part ça, c'est vrai que c'était une année très calme et personnellement, je n’ai vu aucun problème entre la mi-février 2023 et 2024 !
Alors quand j'ai vu hier que sa mère a soulevé tout un tas de problèmes, que sa tante s'occupe de son argent parce sinon il dépense tout et va se mettre en banqueroute aussi, et qu’il répond qu'il n'y a aucun problème à tout, ni de maladie, ni d’addiction, ni d’argent ni de rien, j'ai compris qu'il était sous la même molécule et c’était ainsi.
Lorsque j’étais sous lithium, après ces problèmes neurologiques, un mois après avoir commencé, j’ai multiplié les crises d’épilepsie sur plusieurs jours et personne n’a su d’où ça venait, le neurologue accusait les neuroleptiques, je savais que ce n’était pas ça et ça ne l’était pas. Personne de censé ne remettra en cause le lithium en psychiatrie, c’est comme l’aspirine en médecine somatique, celui qui doute du bienfait de la molécule n’a plus sa raison. Et c’est ce qu’a dit mon fils aîné au docteur : «Mon père a perdu sa capacité de discernement», il avait raison, mais même moi je me rendais compte qu’il y avait un problème que je ne voulais absolument pas voir et que mon cousin a percé en octobre 2023 lorsque j’ai été lui annoncer ma séparation et qui me dis : Mais David, tu n’es pas là, … et si je lui réponds que je sais, ça veut dire que je sais que ce n’est pas normal, que je ne suis pas vraiment là, mais je ne sais pas où je suis, donc je n’ai pas le choix. Je savais que quelque chose ne tournait pas rond, mais ça allait si bien et il n’y avait enfin plus aucun problème dans ma vie que je n’ai pas tellement creusé pour chercher et trouver des réponses.
Ce n’est que le 15 février 2024 que j’arrête le Lithium à cause de poussées terribles de psoriasis, et là je me rends enfin compte de tous les problèmes que j’avais contourné pour les laisser pourrir en arrière au lieu de les affronter et les régler les uns après les autres.
A peine quelques jours après avoir arrêté, j’ai été à Nendaz avec une grand-maman que j’avais rencontré à l’hôpital, j’en avais un peu gros sur la patate et je cherchais un peu d’écoute de sa part en partageant un sujet sérieux et problématique dans ma vie. Mais elle ne réagit pas du tout de façon appropriée, elle rigole en pensant à un autre truc, et là ça me fait «tilt» et je lui dis : «Elisabeth, tu prends du lithium ?» Elle me répond oui, et je lui dis que ça se voit et qu’elle devrait arrêter, mais elle me rétorque qu’elle en a trop besoin pour arrêter. Alors pourquoi Elisabeth n’a tenu aucun compte de cette discussion un peu plus sérieuse que j’ai lancé ? Eh bien parce que lorsqu’on est sous lithium et qu’on contourne nos propres problèmes pour ne pas les voir, c’est quand-même pas pour qu’un autre couillon vienne nous raconter les siens !
Et donc depuis ce jour-là j’ai fait ce qu’ont fait la plupart des gens avec moi durant cette année de lithium, après l’incompréhension du début, le rejet, j’ai déposé Elisabeth à Sierrre, et je ne l’ai plus jamais revu ni entendu.
Alors ici il s’agit d’emmener à NS do Ouro une personne qui a des consommations problématiques, et même s’il semble s’en sortir de ça, sa propre mère ne lui fait pas une once de confiance sur ces sujets. Deuxièmement, durant la journée de hier il me dit qu’il n’a aucune moralité (il me le dis et le montre même sur son smartphone), et troisièmement, il faut aussi que je pense à Vera. Parce qu’à elle seule, elle porte déjà Lia qui est aveugle et qui a 100 ans, son fils Beny qui est autiste, et la dernière fois que j’y suis allé, eh bien elle m’a aussi porté moi, durant tout le séjour, et surtout sur la fin où j’ai complètement décompensé en allant même jusqu’à organiser mon suicide. Alors je ne peux pas prendre le risque de lui coller encore Thibaud sur les épaules si je ne suis pas capable de le porter.
Mon seul ami, Bernard, ami avant, pendant et après le lithium, il faut le souligner, m’a dit : «Si c’était ici tu t’en fous, tu peux bien lui donner une seconde chance, mais pas là-bas ! Là-bas tu as beaucoup trop à perdre s’il déconne.»
Et donc hier matin je pensais encore que cette fois-ci on pourrait faire le séjour à 2, mais j’ai bien observé Thibaud et il ne m’a jamais posé de question sur mon problème, ni sur ma famille ou sur mon couple ou sur ma vie, à peine a-t-on parlé de la fin de notre activité et la procédure qui nous a mis au bénéfice d’une rente d’invalidité, parce qu’à 26, 27 ou 30 ans, ça reste une sacrée perte de ne plus pouvoir travailler, ce n’est pas que pour le travail, mais aussi pour la considération sociale, tous mes anciens collègues ont fini directeur de quelque chose à l’État.
Alors je constate que cette maladie m’a prit mon travail, et ensuite ma famille sans même que je ne voie où est le problème… !
Sacrée maladie, et maintenant je me rends compte que si je repars 6 mois là-bas, je ne suis même pas sûr de pouvoir tenir moi-même sur la distance avec entrain et bonne humeur, alors si en plus de moi-même, je dois encore gérer les problèmes d'un type sous lithium qui ne les voit pas ou ne veut pas en entendre parler, non, je ne vais pas y arriver et c’est Vera qui va tout devoir ramasser à la fin. Et si elle peut se mettre au service de son grand-frère, je pense que je dois faire attention, je n’ai pas envie qu’elle plie ou casse à cause de moi.
Alors voilà, un peu déçu, pas dormi de la nuit, retourné tous les scénarios, mais à chaque fois la conclusion finale : "Si tu prends un type sous lithium, tu vas te retrouver à gérer tous les problèmes qu’il ne voit pas, et ça, c’est impossible !"
Parce que les toubibs sont contents du lithium, les patients qui avaient plein de problèmes et qui en ont toujours autant mais ils s'en foutent ou ne les voient plus. Donc les toubibs sont contents, les patients sont contents aussi de ne plus avoir de problèmes, et l'entourage n'a pas compétences médicale pour gérer la vie d'une personne irresponsable... puisque c'est justement les personnes compétentes en matière médicale qui ont créé la situation.
Bref, donc perspective de retour solitaire à NS do Ouro, on verra bien ce que ça donne cette fois-ci.
Grimisuat, le 23 novembre de l’an de grâce 2025 qui suit la naissance de NSJC.